«Les Israéliens devraient se demander, questionne ici la rédaction du grand quotidien libéral, si les frappes opérées en Syrie valent la perte des soldats tués en représailles, ou la reprise des hostilités avec le Hezbollah et l’Iran.»


L’incident de Har Dov, mercredi, au cours duquel deux soldats ont été tués et sept autres blessés lors du tir d’un missile antichar sur un véhicule de Tsahal, fut la réponse prévisible à l’opération du 18 janvier contre la Syrie, attribuée à Israël, et dans laquelle six agents du Hezbollah périrent – dont le jihadiste Jihad Mughniyeh, fils d’Imad Mughniyeh assassiné en 2008, et un général iranien.

Étant donné les craintes d’escalade et l’ouverture d’un autre front au nord, l’impression grandit que l’opération attribuée à Israël fut une erreur opérationnelle et stratégique; cela interroge également quant au discernement de l’exécutif – le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d’état-major.

Aucun Israélien ne devrait faire l’économie des questions soulevées par cette opération: était-elle nécessaire et a-t-elle contribué à la sécurité de sa population? Valait-elle la perte des soldats tués lors de l’attaque de représailles, le nouveau compte ouvert dans la foulée avec le Hezbollah et l’Iran, et le danger d’escalade dans la région?

Bien sûr, on ne peut déterminer l’existence ou non d’un lien direct entre l’opération de la semaine dernière et la campagne électorale du Premier ministre Benyamin Nétanyahu, en baisse dans les sondages. Mais le général (de réserve) Yoav Galant, candidat à la Knesseth pour le parti Koulanou [“Nous tous”], a révélé qu’il y eut de nombreuses occasions de supprimer le chef militaire du Hamas, Ahmed Jabari – dont l’assassinat en novembre 2012, à neuf semaines des dernières législatives, précipita l’opération “Pilier de Défense” dans la bande de Gaza. Pour une raison quelconque, cela ne s’est pas produit à ces dates [antérieures]. «On peut déduire des incidents passés que le choix du moment n’est pas complètement dénué de lien avec les élections.»

Quand le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, dont le parti est sous le coup d’une enquête en suspicion de corruption, s’empresse de déclarer qu’Israël devrait réagir aux évènements par une démonstration de force disproportionnée, il est difficile de ne pas se demander si ces appels à la guerre proviennent d’un certain intérêt à détourner de son parti l’attention de l’opinion publique.

Il ne faut pas permettre à de tels appels d’affecter les décisions militaires ou politiques et de mener Israël à la catastrophe. Le Premier ministre, même au milieu d’une campagne électorale, doit avant tout assurer la sécurité des civils et soldats israéliens et éviter toute provocation susceptible d’exacerber les tensions.

Les dirigeants du camp présumé offrir une alternative à Nétanyahu, Isaac Herzog et Tzipi Livni, ont eux aussi un rôle important à jouer, ils doivent se faire clairement entendre et œuvrer à prévenir une escalade au nord. C’est la seule façon de prouver qu’ils représentent vraiment une alternative au régime de peur et de guerre de l’actuel Premier ministre.