Comme vous avez pu le voir a la lecture des recents communiques de
Shalom Akhshav [La Paix Maintenant], le mouvement tente de susciter la
mise en place d’une commission facilitant l’indemnisation des colons
prets a se reinstaller a l’interieur de la Ligne verte [la Ligne verte
delimite les frontieres anterieures a la guerre des Six Jours]. Cette
initiative fait suite a une enquete, publiee en juillet dernier, sur
l’attitude des colons a l’egard du retrait des Territoires. Nous en
avions alors succintement rendu compte ; en voici aujourd’hui, en
ouverture d’un dossier sur ce sujet, les resultats et conclusions.


ATTITUDE DES COLONS A L’EGARD DU RETRAIT DES TERRITOIRES
Resultats d’une enquete menee par La Paix Maintenant
Juillet 2002

Shalom Akhshav (La Paix Maintenant) a mene une etude portant sur
l’attitude des colons a l’egard du retrait des Territoires. Cette
enquete, sans precedent par son envergure et sa precision ( 3 200 foyers
repartis en 127 implantations) montre que :

 1 Plus des 2/3 des colons (68%) obeiraient a une decision democratique
de retrait et seule une minorite des plus restreintes (6%) s’opposerait
a un tel ordre. 2% seulement resisteraient par tous les moyens.

 2 La majorite absolue des colons (59%) privilegie l’indemnisation pour solution.

 3 La tres grande majorite des colons (77%) a choisi de vivre dans une
implantation pour des raisons de « qualite de vie ».


OBJECTIFS DE L’ENQUETE
1. Determiner l’attitude des colons en cas de retrait.
2. Evaluer l’importance du noyau dur « extremiste » susceptible de
resister au retrait par des moyens violents.
3. Examiner les positions politiques, religieuses et nationales des
colons en correlation avec leur lieu de residence et leur attitude a
l’egard du retrait.


METHODOLOGIE
L’enquete a ete conçue, conduite et analysee par le Dr Micha Hopp (du
Hopp Research Company). Un comite de professeurs de l’universite de
Tel-Aviv (Yitzhak Schnell, Dan Jacobson and Yohanan Peres) a supervise
le travail de recherche et d’analyse a tous les stades.
Echantillonnage
Les donnees ont ete reunies a partir d’un echantillon representatif de
3 200 foyers repartis dans 127 implantations de la Rive occidentale du
Jourdain et de la Bande de Gaza, ainsi que d’un groupe temoin de
800 citoyens israeliens vivant a l’interieur de la Ligne verte. Quelque
4 000 interviews telephoniques ont ete menees, ce qui constitue un
echantillonnage d’une ampleur exceptionnelle. 150 habitants ou plus
(environ 30 foyers) ont ete interroges dans chaque colonie, et des
habitants de presque toutes les implantations de moindre importance
l’ont egalement ete. Meme dans les plus petites d’entre elles, un
echantillon de dix foyers au moins a ete interroge.

Conduite de l’enquete
Afin de neutraliser l’impact des evenements, l’enquete a ete menee en
trois vagues successives d’avril a juin 2002. Les donnees ont ete
recueillies par deux instituts de sondage travaillant separement afin de
garantir leur fiabilite.


SYNTHESE DES RESULTATS
Reaction a une decision de retrait
Plus des deux tiers des colons (68%) reconnaissent la souverainete des
instances democratiques du pays (la Knesseth [le Parlement], le
gouvernement, la majorite juive de la Knesseth et/ou un referendum)
concernant la decision du retrait des colonies et s’y conformeront. Pres
d’un quart d’entre eux (26%) se plieront a une semblable decision de
retrait apres avoir s’y etre opposes par des moyens legaux ; une petite
minorite (6%) se declare prete a lutter contre une telle decision y
compris par des moyens illegaux, fut-ce en se mettant en danger,
eux-memes ou leurs familles. Seul un tiers environ de cette minorite,
soit 2% du total, peut-etre defini comme « extremiste » selon les criteres
de notre etude. Ainsi, seuls 2% des colons sont-ils prets a user de la
force des armes contre le retrait.

Solution de predilection en cas de decision de retrait
Si la decision du retrait est prise, une indemnisation correcte
represente la meilleure solution pour 59% des colons interroges.
10% prefereraient se reinstaller dans une collectivite a l’interieur de
la Ligne verte. 23% prefereraient passer collectivement dans une autre
implantation des Territoires. 9% seulement refuseraient toute solution.

(La disposition a accepter une indemnisation est plus forte parmi les
colons qui se definissent comme laiques ou traditionalistes. Ceux qui se
definissent comme ultra-orthodoxes y sont moyennement prets. Le refus le
plus net, sur ce point comme sur d’autres, vient de ceux qui se
definissent comme national-religieux. Le groupe le plus extremiste se
trouve dans de petites implantations proches des grandes cites
palestiniennes. Dans les zones conçues comme des « blocs d’implantations »
(selon les plans rendus publics par le passe, comme le plan Beilin-Abu
Mahzen ou le plan Barak), l’intention de partir contre compensation
financiere est forte. Ces colons obeiraient egalement aux decisions des
instances democratiques.)

Raison premiere du choix de vivre dans une implantation
77% des colons ont choisi de vivre dans une implantation en prenant la
« qualite de vie » pour cause premiere ; 20% sont la essentiellement par
choix religieux ; 3% seulement ont choisi de vivre dans une colonie
avant tout parce qu’ils croient que les implantations assurent la
securite de l’Etat.

Positions politiques
86% des colons se definissent eux-memes comme « de droite ». Dans le
groupe temoin de citoyens juifs vivant a l’interieur de la Ligne verte,
63% se definissent comme « de droite ». 40% environ des colons se
caracterisent eux-memes comme national-religieux.

Necessite de parvenir a un accord de paix avec les Palestiniens
La majorite absolue des colons (55%) admet le principe d’un effort a
faire pour parvenir a des accords de paix avec les Palestiniens. A
l’interieur de la Ligne verte, ce taux est de 69% parmi les citoyens juifs.


CONCLUSIONS

Le retrait des colonies est possible, meme aujourd’hui
* La plupart des colons sont prets a se retirer contre compensation.
* Seule la plus infime minorite resistera par la force.

1. L’ecrasante majorite des colons exprime des vues pragmatiques et
realistes concernant le retrait et son indemnisation. En cas de decision
de retrait, une nette majorite de colons est prete a accepter de se
retirer des Territoires en echange d’une compensation financiere
correcte. Les positions enoncees par le Conseil des Colons et par les
partis de droite ne sont pas celles de la majorite des colons, mais bien
leurs positions politiques personnelles (et minoritaires). L’attitude de
la majorite des colons ne constituera pas un obstacle a la conclusion
d’accords incluant le retrait des colonies. Les colons, a l’exception
d’une tres petite minorite d’extremistes, ne seront pas un obstacle a un
accord de paix.

2. Le gouvernement israelien coopere avec les representants ostensibles
des colons ˆ leurs leaders ˆ, et ignore les souhaits et l’opinion de la
majorite d’entre eux. L’echec du gouvernement a acceder au desir de
retrait des colons confine au mepris de la vie humaine. Le gouvernement
a fait de la grande majorite des colons des otages de ses propres choix politiques.

3. Il n’y a aucun fondement, quel qu’il soit, a l’appel au renforcement
des « blocs de colonies », ni au relogement des colons dans ces « blocs » en
cas de retrait. La plupart des colons ne veulent pas reemmenager dans
d’autres implantations, et les colons des zones constituant ces « blocs »
sont, entre tous, les plus desireux d’echanger un retrait contre une indemnisation.


REQUETES

1. La formation d’une structure ministerielle entre les bureaux du
Premier ministre, le ministere des Finances et le ministere du Logement
pour mettre en place les infrastructures du retrait des colons contre
compensation. Cette administration devra egalement repondre aux demandes
des colons qui souhaitent un depart immediat. Cette administration devra
definir la politique de reinstallation des colons au sein de l’Etat
d’Israel pour tout ce qui concerne les terrains, la creation de villages
et l’assistance.

2. Puisqu’il apparait evident a la majorite des citoyens israeliens
qu’un Etat palestinien sera forme dans les Territoires et que la
majorite des colons privilegie la solution des compensations en echange
d’un retrait, le gouvernement israelien doit immediatement arreter ses
enormes investissements financiers dans les implantations. Le
gouvernement devrait utiliser ne serait-ce qu’une partie de ces billions
a couvrir l’indemnisation correcte des colons afin de permettre leur
reinstallation en douceur au sein de l’Etat d’Israel.