article en anglais sur le site d’Haaretz


L’enquete d’Haaretz sur le prix des colonies, qui parait aujourd’hui dans
notre supplement [[
Haaretz publie dans ce supplement une enquete tres fouillee et passionnante sur les colonies et leur cout. Elle fait grand bruit en Israel. Pour la consulter (en anglais), cliquez ici
]], montre que les depenses civiles extraordinaires dans les
colonies se montent au minimum a 2,5 milliards de shekels (environ 500
millions d’euros par an. Le total de ces depenses depuis 1967 represente un
minimum de 45 miiliards de shekels. Les deux postes principaux de ces
depenses sont les routes (10 milliards) et le logement (11 milliards).

Le cout de ces depenses civiles extraordinaires (montant moyen des sommes
supplementaires depensees pour les colons, compare a celles depensees pour
un citoyen israelien ordinaire) represente plus de 10.000 shekels (environ
2.000 euros) par personne, et plus de 40.000 shekels par famille. Les couts
en termes de securite dans les territoires pendant l’intifada ont deja ete
estimes a 4 milliards de shekels, mais il est impossible de determiner
combien un retrait aurait permis d’economiser. L’allongement du trace de la
« cloture » a cause des colonies coutera 3 milliards de shekels.

Aucun organisme gouvernemental n’a jamais publie d’enquete ou d’etude sur le
sujet. Les decisionnaires n’ont meme jamais eu une idee globale du probleme.
Ce flou delibere se fonde sur des termes dans les differents budgets qui
dissimulent le but final des financements, et font apparaitre des
subventions aux colonies comme des subventions aux villes du Neguev ou de
Galilee. Ainsi, il est difficile de determiner avec certitude l’importance
des sommes qui s’en vont au-dela de la Ligne verte, ou qui circulent par des
canaux indirects, comme le World Zionist Organisation et d’autres.

Cette dissimulation contrevient au principe de transparence qui doit etre
celui d’un gouvernement digne de ce nom. Elle empeche une prise de decision
bien informee. Elle denie a l’electeur israelien la possibilte de decider ou
il veut investir son argent en tant que contribuable. Elle est destinee a
s’assurer que l’argent continuera a couler a travers des canaux hors la vue
du public.

Pendant ces trois derniers mois, les journalistes d’Haaretz ont tente de
mettre a jour les informations revelees aujourd’hui. Dans certains cas, ils
se sont heurtes a un refus de donner l’information, dans l’esprit qui regne
dans de larges secteurs du regime, ou l’opinion qui prevaut est que
l’information est sa propriete. Dans d’autres cas, meme des fonctionnaires
des ministeres ont eu du mal a trouver l’information, celle-ci ayant ete
camouflee de maniere particulierement efficace.

Le cout fnancier n’est evidemment qu’un des aspects de ce qu’israel paye
aujourd’hui pour les colonies. L’enquete d’Haaretz fournit au debat public
sur les colonies une base factuelle qui peut donner davantage de sens a ce
debat. Les controverses autour du budget doivent etre alimentees par des
faits et par des chiffres. Ceux qui voudront interpreter differemment les
chiffres presentes par notre journal ne feront que contribuer au debat et
l’enrichir.

L’argument des colons, selon lequel ils doivent etre compares aux habitants
des localites frontalieres, et non aux habitants du centre du pays,
contribue lui aussi au debat. Ceux qui acceptent cet argument sauront a
partir d’aujourd’hui combien cela leur coute – et cela coute vraiment tres
cher. Ceux qui pensent que, contrairement aux investissements dans le Neguev
et en Galilee, les investissements au-dela dela Ligne verte sont, non
seulement de l’argent jete par la fenetre, mais aussi une erreur politique
qui jette de l’huile sur le feu de l’intifada et du terrorisme, et un
investissement direct dans la montee de la recession et du chomage, ceux-la
en sauront plus aujourd’hui, eux aussi.