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(merci a nos amis belges pour cette traduction)

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Haaretz, le 17 juin 2004 – Traduction Kol Shalom


« Encore une victoire historique pareille, et on est foutus », dit un dicton
hebreu fort percutant. C’etait seulement le mois passe que le mouvement des colons avec ses allies de droite et d’extreme droite a obtenu une victoire
historique record. Les membres du Likoud ont soutenu la campagne des colons et ont refuse la proposition de retrait unilateral d’Ariel Sharon lors de
son referendum.

Cette stupefiante defaite, alors que le plan de retrait etait considere
comme acquis quelques semaine auparavant, a redonne l’espoir d’enterrer une fois pour toutes le projet d’evacuation des 21 colonies a Gaza et 4 en
Cisjordanie.

Mais, nous sommes en Israel et comme c’est souvent le cas, plus les choses
semblent pareilles, plus elles ont de chances de changer.

Jour apres jour, les choses ont pris de la vitesse a partir du moment ou les
officiels ont commence a faire miroiter des compensations genereuses pour
ceux qui sont prets a quitter leurs maisons.

Le referendum du Likoud a egalement eu des consequences profondes et
immediates sur le camp de la paix, endormi et epuise depuis l’Intifada, qui
a suscite de nouveaux interets, de nouveau groupes, organise un gigantesque rallye a Tel-Aviv et bien entendu S de nouvelles disputes.

Les debats au sein de la gauche se concentrent sur les memes sujets qui ont profondement divise la droite : le concept de retrait unilateral de Gaza et les perspectives de ralliement d’Avoda (Parti travailliste) a un
gouvernement d’union nationale menee par Ariel Sharon.

Ci-dessous nous proposons une analyse des trois plus prestigieux parmi les
nouveaux groupes israeliens pour la paix.

MATEH HA’ROV (litteralement, la coalition de la majorite)

Pedigree. Ne en reponse au referendum du Likoud ou seulement 1% de la
population israelienne a vote contre le plan de retrait alors que les
sondages indiquent toujours 60 a 70% d’Israeliens pour, dont une majorite
d’electeurs du Likoud.

Mateh Ha’rov est une excroissance de Shalom Akhshav (La Paix Maintenant), fonde en 1978 par des centaines de reservistes de Tsahal, de gauche et duncentre s’unissant afin de soutenir les efforts du president egyptien de l’epoque, Anouar El-Sadate, et de Menahem Begin en vue de conclure le premier traite de paix israelo-arabe.

Le groupe a espere pouvoir reunir une manifestation de masse sans precedent sur la Place Rabin de Tel-Aviv, battant ainsi le record du rassemblement legendaire de 1982 qui demandait que des mesures soient prises contre Ariel Sharon, alors ministre de la Defense, qui n’avait pas pu empecher le massacre des refugies palestiniens des camps de Sabra et Chatila par les milices chretiennes libanaises.

La composition. Shalom Akhshav, Avoda (centre-gauche), Yahad (gauche), la faction « Une Nation » d’Amir Peretz, president de la Histadrut (federation
des syndicats), les mouvements des kibboutz, l’organisation des Accords de
Geneve, les mouvements de jeunesse de gauche, le Forum des Parents
endeuilles et la Voix des Peuples (Ami Ayalon, ancien chef du Shin Beth et
le professeur Sari Nusseibeh)

Le defi. Les forces de gauche, percues par beaucoup en Israel comme
desunies, parfois arrogantes, voire meme ayant la haine de soi ont ete
fortement affaiblies par la mort du processus d’Oslo et d’un sentiment partage de trahison par les allies palestiniens.

Maintenant, plusieurs de ces groupes sont tres divises par rapport aux deux
sujets essentiels. Certains s’opposent ferment a toute tentative de Shimon
Peres de mener son parti dans un gouvernement d’union nationale. Ces
opposants se composent d’au moins quatre dirigeants travaillistes de premier plan : Avraham Burg, Yuli Tamir, Eitan Cabel et Colette Avital.

Une autre dissension existe egalement par rapport au support a apporter au
plan de desengagement. Yossi Beilin et d’autres personnalités du Pacte de Geneve ont toujours exige que les negociations se fassent avec les partenaires palestiniens.

La solution interimaire. Un slogan general pouvant rapprocher les
differentes tendances : « Sortons de Gaza et negocions ». Avec ce slogan,
200.000 Israeliens se sont reunis le 15 mai pour former une des plus grandes manifestations de l’histoire d’Israel.

L’objectif d’un recours a un tel slogan consiste a dire « Oui a une approche
unilaterale, mais en meme temps n’abandonnons pas ceux qui preconisent
l’option de la negociation, principalement les artisans des Accords de
Geneve », insiste la journaliste d’Ha’Aretz Lili Galili.

« Traditionnellement, des mouvements comme Shalom Akhshav ou d’autres
mouvements extra-parlementaires non-radicaux recherchent le consensus et ensuite s’efforcent de rassembler a gauche. Ils ont bien percu que l’opinion publique s’est sentie insultee lorsqu’elle soutient majoritairement le
retrait unilateral et qu’elle est prise en otage par un minorité du Likoud »
explique Lili Galili.

Les dangers a venir. La decision du procureur general d’abandonner cette
semaine toute poursuites contre le Premier ministre a ecarte le principal
obstacle vers la constitution d’un gouvernement d’unite nationale comprenant le Likoud, les travaillistes et le Shinoui.

Bien qu’un tel gouvernement ne soit pas a l’ordre du jour dans les mois qui
suivent, sa constitution pourrait briser en mille morceaux le consensus
fragile qui regne au sein des colombes.

« Sans le parti travailliste, Mateh Ha’rov cesse d’exister » explique Lili
Galili. « La coalition existe en pratique aussi longtemps que les
travaillistes sont dans l’opposition. Lorsque Avoda rejoint un gouvernement
d’union nationale, Mateh Ha’rov se desintegre ».

YAHAD

Pedigree. Heritier d’un processus historique de dirigeants de gauche qui ont
quittes le parti travailliste et ses antécédents, a savoir Shulamit Aloni,
fondatrice en 1973 du Mouvement des Droits Civils. En 1984, l’ancien
porte-parole du Mapai (Avoda) et depute a la Knesset, Yossi Sarid a quitte
le parti travailliste pour le Mouvement des Droits Civils qui a fusionne en
1992 avec le Shinoui et le parti socialiste Mapam pour former le Meretz.

L’annee passee, les travaillistes Yossi Beilin et Yael Dayan ont quitte le
parti pour former un groupe appele Shahar (Aube) qui s’est alliee au Meretz.
Cette annee, Meretz, Shahar et un groupe dirige par le depute iconoclaste
Roman Bronfman ont fusionne de maniere formelle afin de former un nouveau parti, Yahad, dirige par Beilin qui a ainsi gagne les elections a la
présidence du parti contre Ran Cohen remplacant a l’epoque Yossi Sarid.

La composition. Un nombre important de dirigeants du Meretz, dont Cohen et Bronfman, soutiennent le projet du plan de retrait du Premier Ministre.
Beilin, un des principaux architectes des Accords de Geneve a d’abord
condamne le concept de separation unilaterale en expliquant a Ha’Aretz
qu’Israel n’a plus que devant lui 6 ans d’un point de vue demographique et 5 ans d’un point de vue politique pour arriver a un compromis avec les
Palestiniens sur un retrait. La proposition de Beilin a trouve un echo
aupres de la dirigeante Zehava Gal-On.

Plus recemment, bien que demandant au parti travailliste de retirer le
« filet de securite » parlementaire qui a permis au gouvernement Sharon de ne pas tomber, Beilin a emis des possibilites de soutien au plan de retrait et
Gal-On a egalement adouci ses positions. Pendant ce temps, Bronfman et
Gal-On, une des rares deputees a avoir soutenu officiellement le refus de
servir dans les Territoires, ont dit cette semaine que s’il y avait « une
chance sur cent » que le plan Sharon puisse aboutir, Yahad devrait le
soutenir.

« En tant qu’homme politique et chef de Yahad, Beilin est arrive a la
conclusion qu’une attitude negative par rapport au plan de retrait
unilateral ne peut fonctionner, meme a gauche », remarque Galili. « Il s’est
finalement rallie a la position majoritaire, que la gauche ne peut pas
s’opposer a un retrait israelien, meme s’il est unilateral. Ainsi, ce slogan
a ete cree afin de repondre a deux tendances presentes a gauche ».

Les dangers a venir. Si le parti travailliste rejoint un gouvernement
d’unite nationale et que ce gouvernement prend des mesures pour implanter le plan de retrait, les debats sur le soutien a apporter risquent de
s’envenimer, au point meme de provoquer des scissions au sein de Yahad. En particulier, des frictions apparaitront a partir du moment ou le retrait va
s’accompagner de nouvelles constructions dans les colonies de Cisjordanie et du transfert des colons de Gaza vers ces territoires.

SHOUVI

Litteralement, « Reviens a la maison », un mouvement civil de femmes qui
soutiennent le retrait de la Bande de Gaza.

Pedigree. Né quand la co-fondatrice du groupe, Dalia Megiddo, a recu un coup de fil de son fils, un soldat de Tsahal en poste a Gaza pour une annee.
« Avant que tu ne l’apprennes par les nouvelles, sache que je vais bien », lui
annonca-t-il. Les nouvelles a la tele et a la radio parlaient alors d’un
homme arme qui avait tue trois soldats de Tsahal – dont deux femmes endormies dans leurs lits – en poste dans la colonie de Netzarim dans la Bande de Gaza.

Apres le referendum du Likoud, Meggido et sept autres femmes, parmi
lesquelles des meres de soldats en service ou reservistes, ont commence une campagne sur Internet et dans les lieux publics afin de recueillir 60.000
signatures sur des lettres de soutien au plan de retrait du Premier
ministre.

Cette organisation rappelle les campagnes menees par des femmes,
non-affiliees, dans le but de mettre un terme a la guerre du Liban, a
commencer par les Mères contre le Silence au debut du conflit qui a dure pres de 18 ans, et Quatre-Meres, qui a surveille et probablement servi de catalyseur au retrait unilateral qui mettant fin au conflit en mai 2000.

La composition. « La plupart des nouveau groupes qui ont vu le jour sont en
fait des « mouvements émotionnels », explique Galili, en parlant de ces
nombreuses associations de terrain comprenant des groupes de reservistes en poste dans les colonies de la Bande de Gaza et qui soutiennent le plan de
retrait.

« Clairement, tout en Israel est politique, mais ils le sont moins. C’est là le parallele avec la guerre du Liban, dans le sens ou ces groupes
sont soit diriges par les soldats soit par leurs parents, exactement comme a
l’epoque du conflit du Liban ».

Selon Galili, pendant toutes ses annees, il y a eu des changements majeurs
dans la maniere dont Israel considere les opinions exprimees par les femmes par rapport a la guerre. « Dans les annees quatre-vingts, c’etait un debat source de grandes controverses, si les femmes ont le droit de s’exprimer sur la guerre au nom des meres et de la maternite.

« Les femmes elles-memes ont eu leurs doutes a l’epoque », ajoute-t-elle,
sachant que leurs points de vue ont souvent ete ignores ou mis sur le compte de l’emotivite. Mais, la societe israelienne a change en l’espace de 20 ans et les hommes, ainsi que toute la societe est actuellement plus receptive aux voix des femmes ».

« La consideration elevee dont jouit l’armee au sein de la societe
israelienne a change au fil du temps et s’est erodee. En meme temps, il y a
une societe civile de plus en plus visible et active. Ce qui explique une
plus forte ecoute par rapport aux femmes, voire meme par rapport au
leadership feminin des ces mouvements, surtout quand il y a le sentiment que leurs fils sont sacrifies sans raison ».