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Ha’aretz, 14 janvier 2007

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


On ne voit pas bien qui Israël essaie de tromper quand il déclare qu’il allège les restrictions liées aux check points en Cisjordanie. De qui se moque le premier ministre quand il prétend, en s’adressant au monde entier, avoir levé un certain nombre de restrictions sur une dizaine de check points, qui perturbent toute chance de vie normale en Cisjordanie? A-t-il eu l’intention de les mettre en oeuvre, l’armée ne les appliquant pas et le rendant ridicule? Aujourd’hui, cela fait 15 jours que l’allègement des restrictions aurait dû commencer, comme l’avait promis Ehoud Olmert lors de sa rencontre avec Mahmoud Abbas le 24 décembre à Jérusalem. Or, une enquête effectuée sur le terrain par Ha’aretz la semaine dernière a révélé un très petit nombre de levées de restrictions. Dans de nombreux cas, elles n’ont même pas été levées du tout. Sur les 15 check points examinés par le journaliste Avi Issacharoff, dans la plupart des cas il n’y a eu aucun changement, dans d’autres les modifications étaient de toute façon intervenues plus tôt, et sur certains, les officiers n’avaient pas entendu parler d’ordres parlant d’un changement de politique.

Dans certaines zones, l’armée a ajouté des check points mobiles, ce qui ôte tout son sens au moindre allègement qui aurait pu avoir lieu. Seuls ceux qui ont récemment circulé sur les routes de Cisjordanie, en traversant deux ou trois check points en quelques kilomètres, entre Hawara et Tapouah’, savent ce que cela veut dire. La traversée de ces check points peut prendre des heures.

La levée des restrictions ne concerne que des check points situés à l’intérieur de la Cisjordanie, pas ceux situés aux points d’entrée vers Israël. Un réseau de check points d’une telle densité, avec une attente aussi longue à chacun, parfois due à l’attitude dégradante de la part de certains soldats, empêche une liberté minimale de circulation pour les Palestiniens, qui ne peut en aucun cas s’expliquer par des considérations de sécurité.

Si Olmert a voulu tromper Abbas, il doit être condamné pour cela. Une situation où un engagement sans équivoque de la part du premier ministre se révèle immédiatement comme une série de mots creux n’ajoute rien au prestige d’Israël. Et s’il a réellement eu l’intention de tenir sa promesse, ce sont les chefs de l’armée qui doivent être blâmés pour n’avoir rien fait pour appliquer les instructions du gouvernement. Le général Yaïr Naveh, commandant du front Centre [ et donc en charge de la Cisjordanie, ndt] a fait connaître son opposition à l’allègement des restrictions. Or, s’opposer à une décision du gouvernement constitue une affaire très grave.

Ce n’est pas la première fois qu’un engagement israélien concernant un allègement de restrictions n’est pas appliqué. La secrétaire d’Etat américaine, arrivée hier en Israël, se souvient certainement des discussions fiévreuses auxquelles elle avait participé , il y a plus d’un an, avant de parvenir à « l’accord des passages frontaliers », signé par Israël [Voir [ ]]. En novembre dernier, un rapport des Nations unies précisait qu’Israël était revenu sur chacune des clauses de cet accord. En fait, il ne l’a jamais appliqué.

Le non-respect d’un engagement pris par le premier ministre ridiculise également Mahmoud Abbas, qu’Israël (et les Etats-Unis) souhaite soutenir. « Ne vous mêlez pas de ce qui nous regarde. Vous n’aidez en rien, vous ne faites que des dégâts. Chaque fois que quelqu’un de chez vous parle d’aider Abou Mazen (Mahmoud Abbas), il lui nuit. Vos déclarations humanitaires ne nous intéressent plus. Lever un ou deux check points ne fera aucune différence », disait à Ha’aretz Mohammed Dahlan la semaine dernière. Israël, qui prétend rechercher un Etat palestinien modéré, ferait bien d’écouter ces déclarations.