Haaretz, 21 mars 2002

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


La controverse entre Israel et l’Autorite Palestinienne a propos de la facon
dont le plan Tenet pour un cessez-le-feu devrait etre applique n’est pas surprenante. Apres tout, neuf mois de combats et de terreur ont passe depuis
que le diercteur de la CIA George Tenet a propose son plan, et durant cette
periode, l’hostilite et le manque de confiance de chaque cote n’ont fait que
grandir.

Le fait que les representants de chaque cote se jettent a la figure leurs propres interpretations des articles et des calendriers contenus dans le plan est tout a fait comprehensible. Ce qui est inacceptable, c’est le silence du President de l’Autorite palestinienne, Yasser Arafat, au moins jusqu’a la nuit derniere, sur un engagement de fond a mettre fin aux attentats et a ordonner aux forces de securite qui lui sont fideles d’appliquer ces instructions. Le retard d’Arafat est mortel.

Il n’y a aucune certitude qu’un tel ordre de la part d’Arafat sera respecte par les factions les plus radicales. De nombreux experts pensent qu’Arafat ne dispose pas du pouvoir suffisant pour stopper tous les attentats, meme s’il le veut. Mais on pourrait esperer qu’au moins au sein du Tanzim, emanation du Fatah qui est a l’origine de la plupart des attentats de ces dernieres semaines, les ordres d’Arafat seraient executes.

En l’absence d’une telle mesure prealable de la part d’Arafat, evidemment
indispensable, a la lumiere des attentats qui se poursuivent (hier, sept Israeliens sont morts dans un attentat suicide contre un autobus a Nahal Iron, et d’autres ont ete blesses par des tirs a d’autres endroits), les efforts diplomatiques de Washington sont voues a l’echec. Et si cela arrive, le gouvernement sera tente d’en revenir a la solution illusoire de l’escalade militaire.

Si cela arrive, le Premier Ministre Ariel Sharon ne sera pas mis a l’epreuve
quant a la sincerite de ses intentions declarees de passer de l’application
du plan Tenet a l’application du plan Mitchell qui, comme on le sait, inclut
un gel total de la colonisation.

Les Palestiniens soupconnent Sharon de n’avoir comme reel objectif que
d’eviter le plan Mitchell. Mais ils savent aussi, comme les dirigeants de la
plupart des pays arabes, que de nombreux Israeliens prient en attendant le
jour ou un cessez-le-feu stable permettra aux deux parties de revenir sur la
voie politique, oubliee depuis plus d’un an.

En consequence, le plan de paix propose par le prince heritier saoudien
Abdallah, et en discussion en ce moment dans les contacts inter-arabes
precedant le sommet de Beyrouth de la semaine prochaine, revet une extreme
importance. Si les contacts d’avant sommet n’en attenuent pas la portee, les
promoteurs du projet et ses partisans dans le monde arabe auront un role
capital a jouer.

Les moderes des deux cotes reclament a grands cris une perpsective politique
qui puisse sortir la region de la spirale de la violence. On peut douter de la capacite des dirigeants des deux cotes a fournir eux-memes cette perspective. L’engagement croissant d’intervenants exterieurs – les Americains, les Etats arabes pro-occidentaux, les Europeens et les Russes, a travers leurs emissaires – pourrait renforcer les moderes et contribuer au succes de la voie diplomatique, c’est-a-dire, a long terme, a un retour aux negociations politiques, et pour l’instant, a une reduction importante des violences et a la mise en oeuvre d’un cessez-le-feu.