Engagée politiquement à gauche, Aviva Wiernik relate ci-après une de ces actions régulières où Juifs et Arabes se rencontrent, travaillant ainsi au maintien d’un bon voisinage.


Photo : Les militants israéliens, Juifs et Arabes, reçus au Conseil municipal de Jaljulia

Auteur : Aviva Wiernik pour les Cahiers Bernard Lazare n°425, janvier 2020

Article mis en ligne le 9 février 2020


Dans la nuit du 27 au 28 novembre 2019, quatre-vingt-quatre voitures appartenant à des citoyens israéliens arabes du village de Jaljulia ont été endommagées*.

Des inscriptions Tag Mekhir (le prix à payer) couvraient les murs du village et l’habitacle des voitures. Tag Mekhir est le nom d’une mouvance informelle d’activistes d’extrême-droite en Israël. Sa « spécialité »: les actions de vandalisme, la destruction de biens matériels, à l’encontre de la population arabe, que celle-ci soit palestinienne ou israélienne. Dernière victime de leurs méfaits, Jaljulia, un village arabe proche des villes de Kfar Saba et Hod Hasharon et des villages de la partie sud de la région du Sharon, dirigée par un « Conseil régional », (Moatsa Ezorit) (entité juridique de Kibboutzim et Mochavim.)

En signe de soutien, les maires des villes proches ainsi que la directrice de la « Moatsa Drom Hasharon » (partie sud de la région Sharon) ont appelé les différentes organisations sociales ainsi que les habitants à se joindre à la réunion d’urgence, laquelle s’est tenue à Jaljulia le lendemain matin. Évidemment, la police a ouvert une enquête** mais, au-delà, il était important que les responsables et les habitants de Jaljulia entendent les voix juives israéliennes qui s’opposent à cette violence gratuite et imbécile. Étaient présents lors de cette réunion le maire de Kfar Saba, des personnalités des municipalités de Hod Hasharon et plus généralement de la région Darom Hasharon. Parmi les organisations militantes qui ont répondu présent, on peut citer Nashim Ossot Shalom (Les femmes font la paix) ou encore Schkhenout Tova (Bon Voisinage)***.

Je suis allée manifester après avoir reçu un message du groupe Nashim Ossot Shalom. Ces dernières se sont constituées sur le modèle du mouvement Arba Imaot (Quatre Mères), composé de mères de soldats qui réclamaient autrefois le retrait israélien du sud Liban (finalement intervenu en 2000). Après cette rencontre au conseil municipal de Jaljulia, un défilé a eu lieu dans le quartier touché par Tag Mekhir. Arrivés en autobus, des enfants des kibboutzim environnants ont distribué en soutien des fleurs et des bonbons aux habitants pendant que les adultes conversaient entre eux.

« Il est triste que la police ne fasse pas suffisamment pour arrêter ce genre d’actions qui cherchent à troubler la coopération entre les communautés » a déclaré le maire de Jaljulia durant la réunion. Une figure marquante s’est imposée tant au cours de la réunion que pendant la manifestation : Nariman, arabe israélienne habitante de Jaljulia, active au sein de mouvements comme « Bon Voisinage », mais surtout professeur dans un lycée juif à Hod Hasharon. Par son statut, Nariman incarne cette volonté de maintenir des ponts envers et contre tout. Des ponts que d’aucuns maintiennent, au-delà des appareils politiciens, et en dépit de l’absence d’un accord de paix, pour l’heure parfaitement hypothétique.

* Depuis, plusieurs « attentats » ont été perpétrés par ces nervis, tant dans les territoires occupés, les quartiers arabes à Jerusalem-Est que dans des villages arabes israéliens.

** Il est très rare que les enquêtes aboutissent, faute de preuves et parfois, de motivation réelle.

***Légende photo : Des militantes de l’association Nashim Ossot Shalom. Titre de la pancarte: “Beyahad léschkhénoute tova”, “Ensemble pour un bon voisinage”