Ha’aretz, le 26 octobre 2004

trad : Tal Aronzon pour La Paix Maintenant


Fin septembre, il y a 26 ans, un jeune membre de la Knesset prenait la
tribune pour s’attaquer au Parti travailliste et à La Paix Maintenant :
leurs exigences de concessions extrêmes ont donné un fondement à
l’acceptation des conditions égyptiennes en matière d’évacuation des
implantations ». Le parlementaire, dans un exercice impressionnant
d’acrobatie verbale, détournait la responsabilité du retrait, qui
s’adressait au Premier Ministre Mena’hem Begin, pour la reporter avec
force sur le chef de l’opposition, Shimon Peres, et sur le nouveau
mouvement de la paix. Selon lui, c’était eux qui avaient créé les
fondements de l’acceptation des conditions égyptiennes au sujet des
implantations du Sinai. Il mettait en garde sur ce que cela pourrait
constituer « le modèle de futures négociations sur le Golan et la
Judée-Samarie ». Le nom de ce parlementaire était Ehud Olmert.

Hier, le vice-Premier Ministre Ehud Olmert a soutenu la manifestation
pro-désengagement devant la Knesset. Aux cotés du Parti travailliste et
de La Paix Maintenant. L’allié des colons de la bande du Sinai est devenu
l’opposant des colons de la bande de Gaza. Celui qui mettait en garde à
propos du modèle pour l’évacuation du Golan et de la Cisjordanie est en
première ligne dans la bataille pour l’évacuation des implantations de
Gaza et de Cisjordanie.

Olmert est le dernier des membres de la Knesset à avoir voté contre le
traité de paix avec l’Egypte (9 abstentions) qui soit toujours engagé dans
la vie politique.

L’histoire d’Olmert, l’opposant au retrait du Sinai et le maire de
Jérusalem qui a allumé l’incendie dans le Tunnel Asmoneen, est celle du
Likoud. Sharon a toujours été considéré comme un « mapainik » (ndt :
sympathisant du parti travailliste du temps de la fondation d’Israel),
peut-être un pragmatique, ou un cynique. En tant que ministre de la
Défense, il a donné à Begin son accord et ses buldozers pour
évacuer Yamit (ndt : principale implantation du Sinai). En tant que
ministre des Affaires étrangères, il a accompagné Benjamin Netanyahou pour
rencontrer Yasser Arafat et a donné sa bénédiction aux accords de Wye.
Olmert, par contre, a toujours été considéré comme le beau parleur de la
famille des guerriers. Il a toujours été apprécié par le conseil des
implantations de Judée-Samarie, et détesté par la gauche.

Le Likoud d’octobre 2004 a fait un pas important de plus de l’idéologie
vers la réalité. Begin avait fait le premier pas en promettant de
coloniser le Sinai et en le rendant aux Egyptiens. Shamir en a fait un
autre, involontairement, sous la pression massive des Etats-Unis, en
participant à la Conférence de Madrid en présence de représentants de
l’OLP. Netanyahou est allé plus loin, en serrant la main d’Arafat, en
l’appelant : « mon partenaire et ami » et en lui transférant des parties
de Hébron. De même, ce soir, après les votes de la Knesset en faveur du
désengagement, nous ne saurons toujours pas si la décision conduira à
l’évacuation des implantations ou a de nouvelles élections. Dans un cas
comme dans l’autre, un Likoud, avec les travaillistes et la Paix
Maintenant, qui a décidé de préferer la paix aux territoires dans la Sinai
et de quitter Gaza, n’est plus le même parti qui prit le pouvoir il y a 27
ans. Le Likoud va déterminer aujourd’hui qu’il est d’accord pour évacuer
des implantations sur la Terre d’Israël et de renvoyer des Juifs à la
maison même sans avoir la paix.