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Yediot Aharonot, 6 septembre 2006

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


L’année scolaire n’a pas encore repris dans les territoires palestiniens, car cela fait plusieurs mois que les enseignants n’ont pas été payés, mais leur grève n’est que la partie émergée de l’iceberg. « L’année 2006 », écrit la Banque mondiale cette semaine, « sera la pire dans la triste histoire de l’Autorité palestinienne. L’économie palestinienne est au bord d’une crise sans précédent. »

Dans les prévisions qu’elle publiait à mi-mai, la Banque mondiale prédisait une chute d’environ 30% du revenu par habitant qui tomberait à 800 $ par an. Mais cette sombre prédiction se révèlait encore trop optimiste, car elle prévoyait une simple baisse de 15% de l’aide internationale à l’Autorité palestinienne, et un fonctionnement relativement normal des passages frontaliers avec Israël.

En pratique, depuis l’enlèvement du soldat Gilad Shalit, la situation dans les territoires, en particulier à Gaza, est bien pire que pouvaient le laisser entendre toutes les prévisions. Les pays donateurs ont stoppé quasi complètement les transferts de fonds, et les principales banques arabes ont clos tous les comptes du gouvernement palestinien.

De plus, Israël ne transfère plus aucun shekel des centaines de millions de taxes perçus par le Trésor israélien sur les taxes qui reviennent à l’Autorité palestinienne.

Résultat : le revenu annuel par habitant est aujourd’hui de 700 $ (600 à Gaza), à comparer aux 20.000 $ pour Israël et aux 2.000 pour l’Egypte. La moitié de la main d’œuvre palestinienne est au chômage, et la pauvreté (2 $ de revenu par habitant par jour) concerne aujourd’hui 66% de la population.

L’année dernière, le budget mensuel de l’Autorité palestinienne était de 180 à 200 millions de $, dont la moitié servait à payer les salaires des 150.000 fonctionnaires. Aujourd’hui, il est de 25 millions de $. Les coffres de l’Autorité palestinienne sont vides, et ses fonctionnaires ne sont plus payés, ou bien ne vont plus travailler.

La situation est particulièrement grave dans « l’Etat de Gaza ». La bande de Gaza n’a pas de secteur d’affaires digne de ce nom, il n’y a plus de travail dans les colonies juives, aucune infrastructure ne fonctionne, et il n’y a aucun accès aux marchés extérieurs.

Les passages frontaliers d’Erez, Karni et Rafah sont pratiquement fermés, sauf à l’aide humanitaire et à la contrebande d’armes. Gaza est devenue la région la plus pauvre, la plus abandonnée, la plus démoralisée de tout le Moyen-Orient arabe.

L’effondrement de l’économie s’est également accéléré cette année en Cisjordanie, suite aux nombreux check points, à la clôture de séparation et la dévolution de plusieurs routes à l’usage de « Juifs seulement ».

Il y a 550 check points permanents en Cisjordanie, et 125 autres check points postés de façon aléatoire. Il y a 1.200 kilomètres de routes complètement ou partiellement fermées au trafic palestinien. Seuls 27 (sur 65) points de passage de la clôture de sécurité sont à l’usage de la population palestinienne, ce qui provoque des queues longues et humiliantes.

Les transferts de produits vers Israël s’effectuent toujours de main à la main, et l’on ne parle toujours pas de « passage sécurisé » entre la Cisjordanie et la bande de Gaza.

On pourrait rétorquer que le terrorisme palestinien n’a que ce qu’il mérite. Mais les gouvernements israéliens ont toujours affirmé, à juste raison, que le bien-être des Palestiniens était vital pour la sécurité d’Israël, et que la crise économique et sociale dans les territoires ne faisait que générer, servir et renforcer le terrorisme.

Mais les paroles sont une chose, et les actes une autre. Deux nations hostiles résident actuellement côte à côte sur la terre du Grand Israël. Les Juifs ont le contrôle quasi total de ses ressources naturelles, de l’infrastructure et de la terre, tout en ayant un niveau de vie d’environ 3.000 fois supérieur à celui de son voisin, la nation palestinienne, pauvre et occupée.

Il s’agit d’une situation explosive, clairement instable et moralement intolérable, politiquement et historiquement. Elle renferme en son sein les germes de la prochaine révolte, qui sera bien pire que la précédente, et cela peut représenter une menace pour l’existence politique d’Israël.

Israël a prouvé qu’il dispose d’une réponse militaire au terrorisme palestinien. Mais deux millions de Palestiniens affamés ne disposent pas, ni ne peuvent disposer, d’une pareille solution. Il nous faut, dès aujourd’hui, instaurer le dialogue.