« Pour rester fidèle au sionisme, nous devons renoncer au rêve du Grand Israël et promouvoir la création d’un État palestinien souverain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. »

De la « terre pour la paix » à la « terre pour la démocratie » : La Paix maintenant et le changement de la lutte contre l’occupation


Traduction :  Bernard Bohbot pour LPM

Auteur : Shaqued Morag,  Directrice exécutive de Shalom Akhshav

 https://www.israel-peace.com/democracy-now/?fbclid=IwAR2EUU_ZDUE4rKV69322S2D6ro41FCje_TQdO7VEEcFUXIW4tdvHQwh_I24

Article mis en ligne le 17 août 2020


« Je ne savais pas que nous avions fait la paix avec les Arabes », a déclaré un élève israélien de 7e année à son professeur après avoir regardé une vidéo* produite par Shalom Akhshav pour marquer les 40 ans de la signature du traité de paix avec l’Égypte. Dans le clip, la star locale Lior Ashkenazi raconte l’histoire de l’accord historique conclu avec l’un des plus redoutables ennemis d’Israël. La vidéo a été visionnée environ 1,5 million de fois et s’inscrit dans le cadre des efforts de Shalom Akhshav pour ramener le thème de la paix dans le discours israélien. L’anniversaire historique du traité a été officiellement ignoré, notamment par le ministère de l’éducation. Shalom Akhshav est intervenue pour combler ce vide et a travaillé avec les enseignants et les parents pour créer un site web fournissant du matériel éducatif tel que des plans de cours, des images d’archives et cette vidéo. Les activistes ont mis en relation avec le site des milliers d’enseignants, de planificateurs de programmes et de directeurs d’école qui enseignaient aux élèves l’histoire de la paix avec l’Égypte et montraient que les conflits peuvent être résolus politiquement.

Shalom Akhshav a été fondée sur cette idée même : qu’Israël peut faire la paix avec ses voisins, et qu’il doit pour cela renoncer aux territoires envahis en 1967. Le mouvement a été créé sur les ailes pleines d’espoir de la visite historique du Président égyptien Sadate en Israël en 1977, qui a été suivie par une crise prévisible dans les négociations en 1978. Cette année-là, un groupe d’anciens combattants a envoyé au Premier ministre israélien Menachem Begin ce que l’on a appelé la « lettre des officiers », lui demandant de faire tout son possible pour parvenir à la paix et empêcher que des milliers d’autres soldats et civils soient tués inutilement. De nombreux Israéliens se sont joints à l’appel à la paix, jetant les bases de Shalom Akhshav, un mouvement sioniste qui soutient les accords politiques entre Israël et ses voisins. Le mouvement estime qu’Israël doit mettre fin à son occupation militaire de la Cisjordanie et de Gaza et signer un accord de paix basé sur deux États-nations, l’un juif et l’autre palestinien – la seule solution qui permettra à Israël de rester à la fois juif et démocratique.

L’existence d’un État juif et démocratique en Israël répondrait aux trois principes fondamentaux du sionisme. Pourtant, la réalité a montré que ces trois principes ne peuvent être réalisés ensemble. Presque autant de Juifs que de Palestiniens vivent aujourd’hui entre le Jourdain et la Méditerranée. Tant qu’Israël contrôlera les territoires de 1967 et les millions de Palestiniens qui y vivent, il ne pourra pas être une démocratie à part entière. Pourtant, annexer cette terre et faire des habitants des citoyens israéliens compromettrait le caractère juif de l’État. Ainsi, pour rester fidèle au sionisme, nous devons renoncer au rêve du Grand Israël et promouvoir la création d’un État palestinien souverain en Cisjordanie et à Gaza, où quelque 5 millions de Palestiniens vivent actuellement sans jouir de tous leurs droits civils. Israël ne peut pas, et ne doit pas, continuer à supprimer les aspirations nationales des Palestiniens ; dans la mesure où ils sont prêts à accepter une solution à deux États, cela doit être notre objectif. Toute autre solution mettrait en péril la nature juive ou démocratique de l’État et ne serait donc pas conforme à la vision sioniste.

Une protestation efficace, hier et aujourd’hui

Comme nous l’avons déjà dit, Shalom Akhshav a été créée dans le sillage de la lettre des officiers de 1978, qui appelait le Premier ministre à faire tout ce qui était en son pouvoir pour parvenir à la paix avec l’Égypte. Grâce à la couverture médiatique, de nombreux Israéliens ont exprimé leur soutien à cette lettre, créant ainsi un large mouvement qui a développé des moyens de protestation sophistiqués. Le style formel de la lettre a été complété par une manière créative de l’envoyer : la lettre a été transmise d’une main à l’autre, dans une sorte de course à relais de Tel-Aviv à la résidence du Premier ministre à Jérusalem. Les militants ont fait des piquets de grève et ont installé des stands pour que les gens ajoutent leur signature. Les rassemblements de masse qui ont suivi ont forcé le gouvernement à prendre en compte les priorités nationales promues par ce groupe de pression.

Au cours des 40 années qui ont suivi, Shalom Akhshav est devenue le fer de lance de la lutte pour la paix avec les Palestiniens et pour la solution à deux États. Le mouvement des colons s’est également développé pendant cette période, appelant les Israéliens à s’installer en Cisjordanie et à Gaza. Comme les colonies cimentent le contrôle de ces territoires et font obstacle à un futur État palestinien, Shalom Akhshav consacre des efforts importants à la lutte contre la politique de colonisation du gouvernement. Dans les années 1990, le mouvement a mis en place un département spécial chargé de collecter et d’analyser les données sur le développement des colonies. Les rapports et les cartes du département sont considérés comme une source faisant autorité par les politiciens, les journalistes, les ambassadeurs et les chercheurs.

En collectant et en publiant des informations, Shalom Akhshav continue à mener l’appel à la paix et au compromis territorial au lieu de la vision des colons du Grand Israël, qui implique l’annexion des territoires occupés. Le mouvement rend compte de l’évolution de la réalité dans ces territoires et des politiques largement non déclarées que le gouvernement y met en œuvre. Si les circonstances géopolitiques ont changé, le mouvement s’appuie toujours largement sur ses méthodes traditionnelles de protestation. Néanmoins, plusieurs tendances récentes ont rendu plus difficile le recrutement de nouveaux militants.

Un changement notable est l’influence politique croissante des réseaux sociaux au cours de la dernière décennie – comme l’illustre, par exemple, le rôle majeur joué par Facebook dans le Printemps arabe. Les médias traditionnels sont également de plus en plus façonnés par les nouveaux médias. Au cours des dix dernières années, Shalom Akhshav a investi dans le développement de matériel ciblé pour les médias sociaux et dans la gestion de pages de médias sociaux qui répondent à l’actualité et dirigent le débat politique. Cela signifie que nous ne dépendons plus de la coopération des médias traditionnels pour générer des discussions sur des questions clés. Les réseaux sociaux sont un moyen efficace de partager des informations, d’organiser et de coordonner l’activisme. Dans un sens, l’activisme est passé de la place de la ville à la tribune virtuelle. Pour le meilleur ou pour le pire, le public cible de Shalom Akhshav se trouve désormais en grande partie en ligne. Rester impliqué dans le débat virtuel se fait parfois au détriment de l’activisme classique. Agir ensemble était autrefois le meilleur moyen de se connecter et de réfléchir. Aujourd’hui, la plupart de ces besoins sont satisfaits en ligne. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles il est plus difficile de motiver l’action sur le terrain aujourd’hui.

Que ce soit à la mairie ou sur Facebook, la société civile israélienne est dynamique. Grâce à la révolution de l’information, de nombreuses luttes peuvent être menées en même temps. Les Israéliens qui s’identifient au camp de la paix ont été actifs sur plusieurs de ces fronts ces dernières années, comme la séparation de la religion et de l’État, les droits des animaux, les droits des LGBT et la guerre contre la corruption. Alors que les progrès avec les Palestiniens ont été bloqués sous les gouvernements de droite successifs, les activistes ont sensibilisé les gens ou obtenu des changements de politique spécifiques dans d’autres domaines. De toutes les questions qui comptent pour la gauche israélienne, la lutte contre l’occupation est la moins gratifiante pour le militant moyen. De nombreux citoyens impliqués préfèrent consacrer leurs efforts à des luttes populaires ciblées qui ont plus de chances de réussir, comme la lutte pour les réservoirs de gaz naturel, plutôt qu’à la résolution d’un conflit interminable qui a souvent un air de Sisyphe, car chaque pas en avant (comme l’évacuation de l’avant-poste illégal d’Amona) est contrecarré par un pas en arrière (comme l’établissement d’une colonie pour les évacués d’Amona).

Un autre changement est évident chez les jeunes Israéliens qui ont terminé leur service militaire et qui se lancent dans la vie adulte. Cette génération a grandi sous des gouvernements de droite qui ont travaillé à faire des colonies une partie intégrante d’Israël. Le matériel scolaire a été réécrit pour brouiller la frontière entre l’Israël souverain et les Territoires occupés, et les élèves ont appris que le droit du peuple juif à la terre est plus important que l’égalité. Le discours des médias a changé en ce qui concerne les colonies et porte moins sur la réalité quotidienne dans les Territoires occupés, tandis que les citoyens palestiniens d’Israël ont été présentés comme une cinquième colonne et leurs aspirations nationales  dénigrées.

La grande majorité des adolescents israéliens, à part quelques aficionados, sont à peine conscients qu’il existe un régime militaire en Cisjordanie. La plupart n’ont aucune opinion sur l’occupation. Comment le pourraient-ils, s’ils n’ont aucune idée de son existence ? Peu d’entre eux rencontreront des Palestiniens pendant leur service militaire, et même eux ne feront pas nécessairement la différence entre les villes palestiniennes de Tulkarm (en Cisjordanie) et Umm al-Fahm (en Israël).

L’ignorance et la désinformation ont conduit tout le sujet aux marges de la jeune conscience israélienne. Ironiquement, le succès des efforts conjoints d’Israël et de l’Autorité palestinienne dans la lutte contre le terrorisme, une coopération qui a commencé après les accords d’Oslo, permet à la plupart des Israéliens d’ignorer la nécessité de résoudre le conflit. C’est une autre explication à la diminution du nombre de volontaires de Shalom Akhshav. Le mouvement doit maintenant relever le défi de mobiliser non seulement le « camp de la paix », mais aussi de cultiver une génération future.

Les organisations de la société civile dans l’œil de la tempête

Le processus de paix s’est pratiquement arrêté au cours de la dernière décennie. La politique du gouvernement consiste à « gérer le conflit » tout en limitant au maximum les préjudices à court terme pour les citoyens. Ainsi, le « statu-quo » laisse aux organisations à but non lucratif la tâche non seulement de lutter contre l’occupation et pour un accord, mais aussi de protéger les droits de l’homme des Palestiniens sous occupation.

Comme le gouvernement actuel d’Israël ne cherche pas à résoudre le conflit mais plutôt à perpétuer l’occupation, et comme il n’y a pas d’opposition efficace au Parlement, la responsabilité de poursuivre la lutte incombe à la société civile. Shalom Akhshav est depuis longtemps synonyme de « camp de la paix » dans le langage israélien. Ce camp s’est élargi au fil du temps pour inclure de nouvelles organisations et de nouveaux mouvements qui proposent d’autres moyens de lutter contre l’occupation, comme des mesures juridiques, des actions de sensibilisation internationales et des groupes de dialogue israélo-palestinien. Notre pouvoir collectif est évident précisément parce que la droite a lancé une campagne de diffamation pour nous réduire au silence, perturber les activités de diverses organisations à but non lucratif et saper la légitimité même du camp de la paix.

Des ministres de droite et des membres de la Knesset s’insurgent personnellement contre les militants et les organisations à but non lucratif qui luttent contre l’occupation, les qualifiant de traîtres. Cette incitation limite s’accompagne souvent de demandes visant à empêcher des personnes ou des groupes de gauche d’apparaître en public et à réduire leur financement. Les batailles juridiques qui s’ensuivent épuisent des ressources précieuses et détournent l’attention de la question elle-même, en orientant le débat public vers les questions de liberté d’expression et les limites de la critique légitime. Dans le cadre de l’attaque contre la société civile en Israël, la coalition de Netanyahu a introduit des mesures législatives ciblées, telles que l’amendement à la loi sur les organisations à but non lucratif, qui vise soi-disant à accroître la transparence mais qui, en fait, sape la légitimité publique des organisations de gauche. Il est intéressant de noter que le financement transparent n’est apparemment plus important lorsqu’il s’agit d’ONG de droite, qui sont principalement financées par des donateurs privés fantômes qui soutiennent l’idéologie du gouvernement israélien de droite et font obstacle aux efforts de paix et de lutte contre l’occupation.

Les résultats de cette campagne de délégitimation sont clairs. Le langage des médias a changé, et les politiciens de l’opposition recadrent leurs positions et même les termes mêmes qu’ils utilisent pour décrire la réalité. Les médias grand public ont tendance à assimiler les politiques gouvernementales à des intérêts étatiques ostensibles et ne considèrent pas l’opposition de gauche comme une alternative idéologique légitime. Au lieu de cela, les médias qualifient souvent les militants pour la paix et contre l’occupation de « gauchistes radicaux », créant ainsi une symétrie tordue avec les éléments d’extrême droite, dont la critique du gouvernement repose parfois sur un raisonnement raciste et même sur la violence. L’affirmation selon laquelle il y a des « extrémistes des deux côtés » sape la critique légitime du régime et exclut les idées de gauche de la sphère de la politique acceptable.

Alors, que faire maintenant ?

Les gouvernements de droite d’Israël de la dernière décennie ont remis en question les fondements mêmes de la démocratie et de l’État de droit. La division binaire introduite entre les « bons » et les « méchants » aplatit le débat civil, le remplaçant par la peur, la violence et les idées superficielles. Il est donc difficile pour Shalom Akhshav de faire avancer ses objectifs. Par conséquent, ouvrir un espace de conversation sur le conflit israélo-palestinien est maintenant l’un de nos plus grands défis.

Pour générer une conversation significative, Shalom Akhshav va au-delà des discussions en ligne. Nous organisons des visites en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, invitant les Israéliens à voir par eux-mêmes la routine quotidienne du conflit et de l’occupation. Les participants sont exposés, souvent pour la toute première fois, à la séparation entre Juifs et Palestiniens, à la fois déclarée et cachée ; à l’étendue du projet de colonisation et d’avant-postes illégaux, qui s’étendent au plus profond de la Cisjordanie et au cœur de la population palestinienne ; et aux histoires personnelles des Palestiniens qui vivent sous l’occupation. De nombreux participants disent qu’on « leur a ouvert les yeux » et qu’ils se rendent compte que la politique de « gestion du conflit » est intenable et absurde en réalité.

Manifestation de Shalom Akhshav à Hébron. Avec le slogan célèbre “hemshekh hahitnakhlut sakana leyisrael” (la poursuite de l’occupation est un danger pour Israël) – Source: Wikipedia

 Shalom Akhshav organise également des conférences, des activités d’information et des séminaires pour examiner en permanence la lutte contre l’occupation et pour mobiliser des partenaires. Pourtant, le noyau fidèle de militants des années 1990 n’a pas cultivé un groupe solide de successeurs. Pour les jeunes adultes israéliens qui ont grandi sous le règne de la droite, l’idée de la paix semble lointaine et même absurde, et ils rejettent souvent toute référence à ce sujet. Exposer les futurs dirigeants à l’idéologie et aux activités de Shalom Akhshav est un défi formidable. Qu’est-ce qui peut intéresser les jeunes Israéliens ? Comment lutter contre les stéréotypes et les modes de pensée bien ancrés, après des années d’incitation contre le camp de la paix ? Comment changer le discours dominant sur la « gestion du conflit » ?

La Démocratie maintenant – Qu’est-il arrivé au camp de la paix israélien ?

Il y a deux ans, Shalom Akhshav a créé l’Académie pour la paix « Hazon » (Vision), qui rassemble de jeunes Israéliens désireux de faire carrière dans la vie publique, afin de leur enseigner le conflit et de leur fournir les compétences nécessaires pour devenir des porte-parole efficaces en faveur de la paix. Après plusieurs mois d’ateliers intensifs, de conférences et de tournées, les diplômés passent à l’enseignement dans des mouvements de jeunesse, des académies prémilitaires et des lycées sur le conflit israélo-palestinien, la solution à deux États, le prix de l’occupation et ses implications pour le sionisme.

À ce jour, quelque 80 futurs dirigeants ont obtenu leur diplôme après quatre cours et sont allés donner des conférences devant quelque 5 000 adolescents dans tout Israël. Ils ont pour objectif d’éveiller la curiosité, de fournir des informations, de remettre en question les hypothèses, de lutter contre les fausses nouvelles et les incitations et de mobiliser leur public. Souvent, ce sont ces mêmes adolescents qui s’identifient à la droite et même à l’extrémisme qui sont surpris d’apprendre que leurs pairs « de l’autre côté » ont également à cœur les intérêts d’Israël – par opposition à ce qu’on leur a fait croire.

Nous sommes également en train de former la prochaine génération de militants politiques sur les campus. Au cours de l’année dernière, Shalom Akhshav a formé des groupes sur les campus de trois universités afin de mobiliser des militants, d’enrôler des membres et de susciter un débat sur la résolution du conflit. Les étudiants qui s’inscrivent sont particulièrement intéressés par une tournée en Cisjordanie et par la rencontre de Palestiniens – des expériences qui ne sont généralement pas proposées par les universités, même parmi les départements concernés. Les groupes du campus sont également en contact avec les combats locaux. Par exemple, des étudiants de l’Université hébraïque ont participé à des manifestations contre l’expulsion de familles palestiniennes de Jérusalem-Est à la suite de la prise de contrôle des colons, et des militants de l’Université Ben Gourion dans le Néguev ont protesté contre la collaboration du syndicat étudiant avec une entreprise qui offre aux étudiants un logement bon marché dans une colonie voisine.

La solution à deux États : prévenir l’annexion et préserver la démocratie israélienne

En décembre 2018, Shalom Akhshav a publié un rapport spécial sur les diverses mesures juridiques prises par le ministère de la justice sous la direction du ministre de l’époque, Ayelet Shaked, et du procureur général, Avihay Mandelblit, pour jeter les bases juridiques de l’annexion des territoires occupés tout en soutenant de facto les activités de colonisation.

L’année dernière, le mouvement des colons s’est fait de plus en plus entendre dans sa demande d' »appliquer la souveraineté en Judée et en Samarie », c’est-à-dire d’annexer officiellement des parties de la Cisjordanie. Dans une interview accordée avant le premier tour des élections d’avril 2019, le Premier ministre Netanyahu a déclaré qu’il soutiendrait les mesures visant à appliquer la souveraineté dans ces régions, à la lumière de la reconnaissance par le Président Trump, un mois plus tôt, de l’annexion du plateau du Golan. Cette décision a été prise peu de temps après le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, un geste symbolique qui pourrait être interprété comme un changement potentiel du statu quo international concernant la division future de Jérusalem dans le cadre d’une solution à deux États. L’annexion de la Cisjordanie n’est clairement plus un objectif du seul mouvement de colonisation. Il ne s’agit pas d’une notion hypothétique ou d’un processus secret, mais d’une promesse électorale significative qui implique le refus de la citoyenneté aux résidents de ces territoires. Le mouvement des colons avait l’habitude d’exiger que nous renoncions au rêve de paix afin de conserver les territoires occupés. Aujourd’hui, nous devons également être prêts à renoncer à la démocratie.

Cette menace réelle pour la démocratie israélienne signifie qu’il est temps pour le camp de la paix d’élargir son paradigme. La solution des deux États n’est pas seulement le choix moral, ou la meilleure option en termes de sécurité et d’économie – c’est aussi la seule façon de sauver notre démocratie. Avec la lutte contre la corruption institutionnalisée, le défi à l’État de droit, l’attaque contre le système judiciaire, la loi sur l’État-nation et le rétrécissement du débat civil, il est clair que la lutte pour la solution à deux États et contre l’annexion de la Cisjordanie fait partie de la lutte plus large pour la démocratie d’Israël.

* https://www.youtube.com/watch?v=ggrYOVSXZWw&feature=emb_title “Why am I still alive” (Pourquoi suis-je toujours en vie) – Source: Peace Now