Par Ilan Rozenkier pour LPM

Photo: Conférence de presse Merkel-Nétanyahou, Berlin, 21 octobre 2015 *

Israël est en train sinon de perdre, du moins de fragiliser à l’extrême, une relation jusque-là privilégiée.

Der Spiegel a publié vendredi 29 avril un article, «Scepticisme croissant à Berlin quant à l’amitié Israël-Allemagne», dans lequel il est indiqué que l’Allemagne pourrait renoncer à soutenir Israël et la politique de Benyamin Nétanyahou. Selon l’hebdomadaire, la chancelière a même souligné qu’elle «comprend pourquoi le président de l’Autorité palestinienne a continuellement recours au Conseil de sécurité de l’ONU» concernant le processus de paix avec Israël. Der Spiegel affirme que Merkel a fait savoir à plusieurs reprises que les constructions en Cisjordanie, qui empêchent l’établissement d’un État palestinien, doivent cesser.

Bien entendu, les autorités israéliennes se sont hâtées de faire savoir qu’il n’en était rien et qu’«Israël et l’Allemagne sont en très bons termes, et continueront de l’être». Sachant ce qu’il est advenu des multiples déclarations concernant l’amitié Obama-Nétanyahou, on ne peut qu’être inquiet de cette réaffirmation. De nombreux indices indiquent que les temps semblent avoir changé, le soutien inconditionnel n’étant plus systématique.

Un exemple? Le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a, en janvier dernier à Bruxelles, appuyé la résolution formulée par le Conseil des Affaires étrangères de l’UE selon laquelle «tous les accords entre l’État d’Israël et l’UE doivent sans équivoque et explicitement indiquer leur inapplicabilité aux territoires occupés par Israël en 1967». On se souvient par ailleurs de la tension qui avait accompagné, au second semestre 2014, la vente par l’Allemagne à Israël de trois croiseurs lance-missiles, en raison de l’échec des pourparlers avec les Palestiniens.

Non seulement le développement des colonies n’apporte aucune sécurité supplémentaire sur le terrain, mais il accroît l’isolement international d’Israël et affaiblit ses capacités de défense. Au lieu de mener une politique de l’autruche, il est plus que temps qu’Israël initie une diplomatie qui ne soit pas celle du refus (à l’encontre de la conférence de Paris du 30 mai 2016), mais celle de l’ouverture.

* Lors d’une première crise israélo-allemande autour du rôle prétendument initiateur du mufti de Jérusalem dans la Shoah – dont il aurait, selon Nétanyahou, soufflé l’idée à Hitler. Petit problème de chronologie.