“Pour la première fois depuis l’explosion de la seconde intifada en 2000, il n’y a plus un seul suspect de terrorisme recherché par Israël au nord de la Cisjordanie.“ Mais ce coup d’arrêt n’est pas seulement consécutif à la construction de la barrière de sécurité et à des arrestations en masse.
Avi Issacharoff et Amos Harel y voient également “les effets d’une coopération grandissante” entre forces de sécurité israéliennes et palestiniennes. Une coopération qui pourrait se voir rompue faute d’avancées dans les négociations, affaiblissant ainsi l’Autorité palestinienne face aux groupes islamistes. T.A.


Pour la première fois depuis l’explosion de la seconde intifada, en 2000, il n’y a plus un seul suspect recherché par Israël pour raisons de sécurité en Cisjordanie du Nord ; et, au sud, il ne reste que quelques noms sur la liste des personnes recherchées par les services de sécurité. Le fait reflète tout à la fois l’amélioration des conditions de sécurité en Cisjordanie et la coopération grandissante entre les forces de l’ordre israéliennes et celles de l’Autorité palestinienne.

La partie nord de la Cisjordanie – en particulier Naplouse et Djénine, mais aussi Tulkarem et Qalquilyah – était la région où les réseaux terroristes les plus meurtriers avaient pris pied pendant la seconde intifada. Des membres du réseau terroriste du ‘Hamas, qui avait son centre d’opérations à Naplouse, figuraient en tête de liste ; mais le Djihad islamique et les cellules locales de l’aile militaire du Fata’h, les brigades des martyrs d’Al-Aqsa, prélevèrent également leur lourd tribut de vies israéliennes civiles et militaires. En réaction, la barrière de sécurité fut construite, des milliers de Palestiniens suspects de terrorisme furent arrêtés et interrogés et les forces de sécurité israéliennes firent de grands efforts pour bloquer la vague de terreur ayant la Cisjordanie du Nord pour centre.

Le dernier attentat suicide venant du nord de la Cisjordanie s’est produit en avril 2006, dans un restaurant voisin de l’ancienne gare d’autobus de Tel-Aviv, tuant 11 Israéliens dans une explosion perpétrée par le Djihad islamique de Djénine. À l’époque, pourtant, les figures les plus importantes du nord de la Cisjordanie avaient déjà été arrêtées et des dizaines d’autres tuées par les services de sécurité de l’armée et du Shin Beth.

L’une des causes majeures de la réduction de cette liste réside dans la coordination grandissante avec les forces de sécurité palestiniennes, qui passèrent à la vitesse supérieure contre les groupes terroristes de Cisjordanie après que le ‘Hamas eût pris en 2007 le contrôle de la bande de Gaza et en eût expulsé la direction du Fata’h. L’Autorité palestinienne entreprit alors d’arrêter des centaines de membres du ‘Hamas et du Djihad islamique en Cisjordanie du Nord. À la même époque, l’Autorité palestinienne mit en place des dispositions de détention provisoire, relâchant par la suite des centaines de figures du Fata’h qui avaient promis de déposer les armes et de s’abstenir de tout acte de terrorisme à l’encontre d’Israël. Israël autorisa en échange les suspects non impliqués dans des crimes de sang à échapper au châtiment dans un effort visant à stabiliser la situation sur le terrain et à aider les forces de sécurité palestiniennes.

L’an dernier, plusieurs actes majeurs de terrorisme ont été perpétrés en Cisjordanie, mais Israël trouva leurs auteurs, des membres du Fata’h de Naplouse et du ‘Hamas de la région de Hébron, et les tua. Au nombre des quelques personnes recherchées encore en liberté figurent les membres du ‘Hamas opérant à Hébron.

En 2004, alors que le nombre de suspects recherchés se comptait toujours par centaines et que les attentats suicide avaient encore lieu à l’intérieur des frontières israéliennes proprement dites, une controverse survint parmi les dirigeants des services de sécurité israéliens. Avi Dichter, alors à la tête du Shin Beth soutint que le “tonneau du terrorisme“ avait un fond, que l’on toucherait à force de mener une lutte intensive et persévérante contre les organisations terroristes, ce qui se traduirait par une interruption totale de la vague de terrorisme. Au sein de l’armée, des officiers de haut rang soutenaient cependant qu’en dépit des succès enregistrés il n’était pas possible de stopper complètement le terrorisme.

Dans une large mesure, Dichter avait raison. Le terrorisme venant de Cisjordanie a été stoppé en quasi-totalité, et la liste des individus recherchés en Cisjordanie du Nord se réduit à zéro. L’amélioration est également liée aux arrangements pris avec l’Autorité palestinienne, qui impliquaient des compromis substantiels de la part d’Israël.