Ha’aretz, 4 mars 2007

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


La décision prise par le roi Abdallah d’Arabie saoudite d’organiser fin mars le sommet de la Ligue arabe à Riyad, pour proposer de lancer à nouveau l’initiative de paix arabe de 2002, offre une nouvelle chance de redonner vie au processus de paix entre Israël et ses voisins, et de renforcer l’axe modéré au Moyen-Orient face à la menace iranienne émergente.

A l’origine, l’initiative saoudienne proposait une formule simple : retrait israélien total des territoires, y compris Jérusalem Est, en échange de la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe. Au sommet de Beyrouth, où le plan a été approuvé en tant qu' »initiative de paix arabe », d’importantes modifications ont été effectuées. Il a été précisé que le retrait israélien devait se faire sur les lignes du 4 juin 1967 (d’avant la guerre des Six jours), et il a été ajouté un « article des réfugiés » qui appelle à une « solution juste et agréée par les parties » en accord avec la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies, résolution que les Palestiniens interprètent comme une reconnaissance du droit au retour. Sous Sharon, Israël avait émis des réserves sur l’initiative saoudienne, mais ces derniers mois, Olmert a changé d’approche et a commencé à parler des « éléments positifs » de l’initiative. En cela, il signalait qu’il y avait matière à parler.

L’initiative saoudienne de 2002 avait été lancée au pire moment possible. Des centaines d’Israéliens étaient assassinés par des attentats suicides, et l’attentat contre le Park Hotel à Netanya [[Attentat perpétré au soir du Seder de Pessah’ (Pâque juive). 30 morts et 140 blessés.]] avait provoqué l' »Opération Rempart » en Cisjordanie. Aujourd’hui, les circonstances sont totalement différentes. Une fois de plus, l’Arabie saoudite parle d’une initiative de paix, après la deuxième guerre du Liban et le souhait du président iranien Mahmoud Ahmadinejad d’effacer Israël de la carte. Le message saoudien est qu’Israël sera un partenaire bienvenu dans la région – à condition qu’il se retire des territoires. Ainsi, Abdallah a pris une position opposée à celle d’Ahmadinejad et a appelé celui-ci à ne pas intervenir dans le conflit israélo-arabe.

Le statut de l’Arabie saoudite est à bien des égards unique, à cause du rôle du roi en tant que gardien des lieux les plus sacrés de l’Islam, et aussi à cause de sa richesse en pétrole. Plus que tout autre Etat, elle est donc en position d’offrir un soutien religieux et économique à des accords de paix entre Israël et les Palestiniens, la Syrie et le Liban.

L’Arabie saoudite et Israël partagent également la même inquiétude face au renforcement de l’Iran et tous les deux souhaitent empêcher une nouvelle guerre dans la région. Tous deux ont un même intérêt à relancer le processus de paix. Pour profiter de cette opportunité, il faut que les deux côtés fassent preuve de souplesse et d’ouverture. Les Saoudiens doivent comprendre, comme l’a dit la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni, qu’Israël a une ligne jaune concernant la question des réfugiés, et qu’il ne pourra pas accepter que le droit au retour constitue une base de dialogue. Il est donc important que le prochain sommet de Riyad se conclue par une formulation plus pragmatique de l’initiative.

Mais il est aussi du devoir du gouvernement d’Israël de ne pas refuser la main tendue par l’Arabie saoudite. Olmert doit considérer l’initiative de paix arabe comme une bonne base de dialogue, qui pourrait mener à un règlement de paix définitif et à un règlement du statut d’Israël dans la région. Elle pourrait constituer également une réponse claire en nette à Ahmadinejad et à ses partenaires du camp extrémiste. Un renouveau du processus de paix pourrait sauver le gouvernement Olmert de l’impasse. Il est important que les quatre semaines qui nous séparent du sommet de Riyad soient consacrées à d’intenses efforts diplomatiques afin que soit formulé un cadre mutuellement accepté pour cette initiative de paix régionale.