Sur le site d’Ha’aretz

Quand cette guerre sera finie, rien n’aura change. Ariel Sharon sera
toujours Ariel Sharon, les Palestiniens resteront des Palestiniens. Des
colons juifs hallucines parcourront toujours les collines de Judee, tandis
que des jeunes Palestiniens dements continueront a se faire exploser au
milieu des Israeliens.

Ces dernieres semaines, les medias israeliens sont remplis d’un
optimisme guerrier bien etrange. Comme si le conflit a venir allait nous offrir
des Palestiniens differents. Comme si un Big Brother allait nous tomber du
ciel et faire la lecon a tout le monde. Quelques-unes de ces speculations
viennent des negociations en vue de former une coalition. Elles avaient
pour but de faire peur aux travaillistes et de les pousser a se joindre au
gouvernement. Vous allez tout perdre, disaient les rumeurs, Israel va
faire la paix, et Mitzna n’en recueillera aucun laurier. Meme l’ancien chef du
Mossad Efraim Halevy semble partager les memes reves. Selon lui, la
guerre en Irak menera, entre autres, a un retrait syrien du Liban et a un
traite de paix entre Israel et le Liban. Et tout le monde, parait-il, va donner
une chance a la paix.

Que se passera-t-il reellement apres la guerre? Rien qui ne soit arrive
avant elle. La chute de Saddam Hussein ne frappera pas d’une sainte
terreur les coeurs palestiniens, syriens ou libanais. Une victoire americaine ne
sera pas vraiment une grosse surprise. Meme quand ils auront gagne, les
Americains ne rendront pas plus moderes les mouvements islamiques. De
leur cote, les colons juifs ne renonceront pas a la terre des patriarches. Et
Arik Sharon demeurera le meme bon vieil Arik : l’homme qui dit une chose
et en fait une autre.

On nous dit qu’apres la guerre, Arafat sera depose. Arafat est un leader
d’un genre bizarre. Il ne regne pas par une armee forte, ou par des
services secrets cruels. La source de son pouvoir reside dans un charisme au-dela de notre comprehension. Nous voyons une caricature, son peuple voit une
legende. Arafat est un symbole, et on ne peut pas tuer les symboles, ni les deposer, ni les remplacer.

Meme si nous trouvions un Palestinien pour signer la feuille de route de
Sharon, ce serait l’homme le plus isole de Palestine, si bien sur il ne se
fait pas assassiner. Les Palestiniens continueront a attendre les ordres
d’Arafat. Et si, d’une maniere ou d’une autre, nous arrivions a un traite de
paix avec l’Autorite palestinienne, il y aurait toujours des attentats. Deux
ans et demi de violences ont un prix. On n’arrete pas les conflits en appuyant sur un bouton.