La force de l’arbitraire : Une députée du mouvement Yesh Atid [“Il y a un avenir”, le parti de Yaïr Lapid] a posté un message sur Facebook à propos de la soldate qui l’avait rudoyée la veille au poste de contrôle de Qalandyah. Une gamine à peine montée en graine mais certes pas en intelligence, on peut le parier, s’est ainsi permis d’user de son ridicule pouvoir à l’encontre de qui le lui confère… Cette soldate-là s’est probablement fait taper sur les doigts une fois le message Facebook en circulation. Mais qu’advient-il des mille et une humiliations, sinon pire, subies par les Palestiniens ?

Dans le même message, la nouvelle élue de la nation évoquait l’un de ses amis palestiniens qui tente désespérément d’empêcher ses enfants d’affronter les soldats. Il n’est pas de “bonne occupation” étions-nous nombreux à dire dès les années 70 quand Israël, plutôt que rendre les Territoires, y faisait gant de velours. Non plus qu’il ne saurait y avoir, et c’est justice, de bons occupés génération après génération.

Espérons qu’Adi Kol, puisque tel est son nom, saura en convaincre les membres de son parti aujourd’hui au pouvoir, et au premier chef l’homme fort de cette Knesseth, Yaïr Lapid, empêtré au gouvernement dans son alliance avec les dirigeants du mouvement des colons. Car notre antienne vaut toujours : sans fonder par la négociation deux États côte à côte, nous n’aurons ni paix ni sécurité, ni démocratie ni justice.


Rentrant d’une visite à titre privé à Ramallah, la députée Adi Kol s’est vue confrontée à ce qu’elle a décrit comme les « conditions humiliantes » des contrôles qui ont lieu au poste de Qualandiyah, aux abords de Jérusalem. Elle a alors entrepris de raconter cette expérience à ses contacts Facebook, dans un message qui s’est répandu comme une traînée de poudre.

Elle disait avoir été rudoyée au poste de contrôle, bien que membre de la Knesseth, et critiquait la ville de Jérusalem qui n’assure pas les services municipaux dus à un faubourg palestinien tombé sous sa juridiction :

« Même si je téléchargeais une photo de l’enclos sordide, glaçant, du poste de contrôle à Qalandiyah, que j’ai traversé hier en rentrant de Ramallah, vous ne pourriez déceler, et encore moins ressentir, l’humiliation et le camouflet que j’ai éprouvés – et que les Palestiniens munis de permis, contraints de passer là jour après jour, éprouvent. »

« Vous ne pourriez non plus entendre la voix de la soldate aboyant à nos oreilles à travers l’épaisseur de la vitre – “Membre de la Knesseth ? Quelle Knesseth au juste ?” – et nous faisant aller et venir, et revenir encore, sans la moindre raison. »

« Il n’est ni photo ni film qui puisse expliquer l’irrationalité souveraine qui a mené à cette situation où le faubourg de Qalandiyah, qui dépend du Conseil régional de Jérusalem à l’endroit duquel ses habitants acquittent des taxes, est privé des services de base [normalement] fournis par Israël du fait qu’il se trouve au-delà du poste de contrôle – sans pour autant les obtenir de l’Autorité palestinienne, puisque la région ne dépend pas d’eux. Le faubourg est un no man’s land. »

Dans son message Facebook, la députée racontait aussi l’histoire de son ami de Ramallah, un homme d’affaires nommée Amiad, qui s’était aperçu que ses enfants de douze ans jetaient des pierres à des soldats de Tsahal.

« Les deux garçons étaient rentrés à la maison, la semaine passée, en racontant qu’ils avaient entendu “cette chose dont les soldats se servent (un talkie-walkie)” pendant une partie de football. Avec d’autres gamins du voisinage, ils avaient décidé de suivre les voix jusqu’à ce qu’ils “trouvent” les soldats et là ils leur avaient tous lancé des pierres. »

« Amiad était furieux, et a immédiatement interdit à ses enfants de lancer des pierres ou d’entrer en contact avec les soldats, écrit Adi Kol. Quand ils rétorquèrent que tous leurs amis le faisaient, il décida de les empêcher de sortir jouer dehors. Depuis, il ne dort plus la nuit. Il sait qu’on n’écoute pas vraiment ses parents à douze ans, et qu’ils sont soumis à de fortes pressions du voisinage. Il sait aussi qu’il ne pourra pas les garder éternellement à la maison, et avec quelle facilité un jeu d’enfants peut dégénérer en confrontation violente entre des forces inégales et finir dans un bain de sang. »

« Il a peur », écrit Adi Kol, qui a contribué à faire avancer des projets de loi dans les domaines des droits de l’enfant, des violences contre enfants, de la santé et de l’éducation. « J’ai peur, je crains que nous ne continuions à vivre ainsi. Et cette peur me terrifie. »