Michael Ben Ari (à gauche) prend la parole lors d’une cérémonie en l’honneur de Meir Kahana (photo) à Jérusalem, le 26 oct. 2010. A droite, Baruch Marzel. (Yossi Zamir / Flash 90) https://static.timesofisrael.com/fr/uploads/2019/02/F101026YZ06-e1550670061651-1024×640.jpg

 

Sur « l’accord de la honte » signé entre Otzma Yehudit (Puissance juive) et Habayit Hayehudi (la Maison juive), l’essentiel a déjà été dit.

L’implication personnelle de Benyamin Netanyahu qui a annulé une rencontre avec Vladimir Poutine, les pressions qu’il a exercées, les engagements qu’il a pris en matière d’attribution de prébendes ministérielles, la légitimation accordée aux héritiers assumés de celui-là même – le rabbin Méir Kahana – que la Knesset avait exclu de son sein en ne lui permettant pas de se représenter aux élections de 1988 et dont elle avait interdit le parti après l’assassinat de masse perpétré par Baruch Goldstein en 1994 à Hebron…, tout cela est le fait d’un homme aux abois, attaché au pouvoir dont il a un besoin vital, par addiction peut être, plus certainement pour échapper aux casseroles judiciaires dont la menace bien réelle est attestée par la décision prise il y a quelques jours à peine par le procureur général Avishaï Mandelblit.

Il convient, nous semble-t-il de prendre un peu de distance vis à vis du contexte israélien et de nous attacher à une conséquence de cet amoralisme « sur les juifs de la diaspora ».

Ce gouvernement d’Israël, sous l’égide de Netanyahou, est en train de perdre une partie de ce que les sionistes – et nous en sommes – nomment le « peuple juif ». Certes, cet accord n’est pas, loin s’en faut, le premier coup de canif dans cette relation particulière qui unit les Juifs et Israël. La poursuite immodérée de l’occupation des territoires qui entraîne celle d’un peuple qui ne s’y résout pas et qui induit l’exercice d’une violence répressive, était déjà problématique. Elle pouvait apparaître cependant – et ce n’est pas qu’une apparence – contrainte et forcée du fait des Palestiniens et du contexte régional. La survie sécuritaire du pays dont la nécessité est une évidence immédiate pour la quasi-totalité des juifs – et pas seulement – à défaut de justifier les manquements éthiques, en autorisait du moins la compréhension.

Il en va tout autrement dès lors qu’il n’est plus question que de politique politicienne (le rapport aux démocraties illibérales et à nombre de despotes non éclairés, la loi État-nation…) ainsi que de comportements déviants personnels, et d’abandon de normes éthiques. La sécurité n’est plus en cause.

Entre un Premier ministre (Rabin) qui démissionna parce que son épouse avait omis de fermer un compte ouvert alors qu’il était ambassadeur aux USA (ce qui ouvrit la voie au Likoud lors des élections de 1977) et un autre, 40 ans plus tard, empêtré dans les « affaires », on mesure le recul « de l’injonction éthique » qui caractérisait la société israélienne.

Mais ce n’est pas tant les juifs de la diaspora qui s’éloignent de ce qui n’est plus « le bel Israël » qu’ils avaient connu et auquel ils aspirent toujours, que le gouvernement israélien qui s’éloigne des Juifs auquel il semble préférer de nouvelles alliances, qu’il s’agisse des évangélistes ou de leaders dont la relation à l’antisémitisme est pour le moins ambiguë.

« L’accord de la honte » sera-t-il tel l’envol du papillon qui déclenche non pas un cataclysme mais une mobilisation d’instances importantes et représentatives des juifs de par le monde pour dire « ad kan /jusqu’ici » ?

Ce mouvement a déjà commencé (cf. https://fr.jcall.eu/a-la-une/les-kahanistes-nont-pas-leur-place-a-la-knesset).

Nous appelons à son amplification, à commencer par la France.

Ilan Rozenkier

4 mars 2019