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Haaretz, 14 juin 2004

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Le plan de désengagemement uniléteral d’Ariel Sharon n’est plus si unilatéral que ça. Il partait de l’hypothèse qu’il n’existe pas de partenaire de l’autre côté. Par définition, un retrait unilatéral exclut la négociation, et ne cherche pas à obtenir un accord.

Or, des sources palestiniennes affirment qu’elles sont actuellement engagées dans une négociation intensive autour de ce plan, meme si ces négociations ne se font pas directement avec Israël. D’après ces sources, les négociations se tiennent avec l’aide du chef du renseignement égyptien, Omar Suleiman, qui doit arriver en Israël dans quinze jours pour une série de discussions. Cela constituera la quatrième rencontre avec le représentant égyprien depuis le début de l’année. Ce qui signifie que,
contrairement au célèbre slogan israélien, « il y a quelqu’un à qui parler ».

Des porte-parole palestiniens ont révélé d’importantes parties du plan. Le plan égyptien n’est pas entierement couché par écrit, contrairement à la proposition israélienne, qui a été entièrement publiée. Cependant, on peut dire que ce plan égyptien contient deux sections qui précisent les obligations des deux parties.

Le côté palestinien doit d’abord obtenir un accord de cessez-le-feu entre toutes les factions qui le composent. Il s’agit de la fameuse « hudna » (trêve) élaborée avec plus ou moins de réussite par les Egyptiens à différentes reprises. Toutes les factions palestinienns sont aujourd’hui prêtes à envoyer des délégués au Caire dans les prochains jours.

Le Hamas est prêt à envisager une hudna, au moins à Gaza, à condition que ses hommes soient incorporés aux services de sécurité et à d’autres administrations de Gaza. D’après certaines déclarations de Mahmoud al-Zahar (leader du Hamas), le Hamas exige aussi la création d’une « armée nationale palestinienne ».

Pour leur part, les Egyptiens exigent de l’Autorité palestinienne réorganise son appareil de sécurité (…). Dans le cadre de ce plan, Arafat devrait voir son autorité diminuer au profit du premier ministre. Les médias palestiniens citent des sources égyptiennes qui disent : « Arafat sera président, comme Mandela ».

D’Israël, l’Egypte exige d’emblée un engagement sans ambiguïté de se retirer de toutes les zones de la bande de Gaza, terre, air et mer. « Il ne sert à rien de discuter de moins que de cela », dit le ministre palestinien des Affaires étrangères Nabil Sha’ath au nom de l’Egypte. Le retrait israélien doit concorder avec la feuille de route, et inclure l’évacuation de colonies en Cisjordanie. L’Egypte exige également qu’Israël cesses toute activité
militaire à Gaza, permette le passage entre Gaza et la Cisjordanie, et accorde à Yasser Arafat une certaine liberté de mouvement, « de manière à ce que la bande de Gaza ne devienne pas une grande prison ».

Après qu’Israël et les Palestiniens auront rempli ces conditions, les Egyptiens sont prêts à surveiller le retrait. Cela signifie que les Egyptiens veilleront à ce que les colonies, les bâtiments israéliens et l’autorité à Gaza soient remis aux Palestiniens de facon ordonnée. Un groupe de plusieurs dizaines de conseillers et d’experts égyprtiens accompagnera et dirigera les différents stades du retrait.

Au moins officiellement, les Egyptiens déclarent qu’ls n’ont aucune intention d’assumer une quelconque responsabilité pour la sécurité à Gaza. « Nous ne donnerons certainement aucune garanties à Israël concernant sa sécurité au nom des Palestiniens », disent les Egyptiens selon les mêmes sources palestiniennes.

Le plan comporte aussi un calendrier : si un accord est possible, Israël doit le dire avant la fin de la semaine. Apres cela, Omar Suleiman arrivera en Israël, et les discussions entre factions palestiniennes commenceront au Caire. Le premier groupe de conseillers égyptiens arrivera à Gaza dans cinq mois, en novembre.

Le plan égyptien fait du plan de retrait unilatéral d’Israël un plan en forme d’accord. Un accord de retrait bilatéral est bien entendu préférable, car il pourrait conduire à une réduction du conflit. Un retrait unilatéral conduirait certainement à la continuation de la violence et de la terreur depuis Gaza, qui nous suivrait en Cisjordanie, à Jérusalem, et, peut-être, au-delà.