«D’énormes écarts dans l’attribution des fonds publics aux divers groupes de population israéliens démontrent que les colonies de Cisjordanie bénéficient d’un traitement de faveur depuis des décennies» note d’emblée la rédaction d’YNet dans la synthèse qu’elle donne du rapport du centre Adva [1] publié le même jour (mardi 9 septembre).

Nous ne prétendrons pas être surpris. Les colonies sont soutenues aux dépens de la paix et de la sécurité d’Israël, bien sûr; mais aussi aux dépens des oubliés de la “périphérie” et des classes moyennes installées dans les grandes villes (le “Forum 15” du rapport). Ces classes moyennes qui ont massivement voté en fonction de considérations économiques et non de leurs attentes quant au règlement du conflit israélo-palestinien – alors qu’à en croire les sondages, une nette majorité de la population se dit favorable à la fin de l’occupation en contrepartie de la paix.

On le voit ici, les deux questions sont plus liées qu’il ne semble de prime abord… À la classe politique, au-delà des quelques partis restés de gauche, de le faire entendre! [T.A]


D’énormes écarts dans l’attribution des fonds publics aux divers groupes de la population israélienne démontrent que les colonies de Cisjordanie bénéficient d’un traitement de faveur depuis des décennies alors que les habitants des villes de développement (ayaroth pitou’ah) perçoivent des sommes beaucoup plus faibles, selon un rapport publié mardi par le centre Adva. Au cours des deux dernières décennies, les Israéliens vivant en Cisjordanie ont reçu en moyenne 6 431 shekels par an, contre 1 892 shekels pour les résidents des villes de développement; 2 277 shekels pour les habitants des agglomérations arabes; et seulement 1 684 shekels pour les personnes vivant dans les villes dites du Forum 15, qui comprend Tel-Aviv, Holon, Herzliya, Haïfa, Beer-Sheva, Ra’anana.

Les enquêtes menées durant les 20 dernières années montrent que les communautés arabes ont obtenu la plus forte augmentation en terme de subventions – de 746 shekels par habitant en 1991 à 2 277 shekels en 2012. En revanche, les villes de développement sont la seule communauté à avoir connu une réduction des financements de l’État.

Les fonds octroyés aux colonies s’élevaient en moyenne à 6 431 shekels par habitant en 2012. Mais quand la distinction entre les implantations non orthodoxes et orthodoxes est prise en compte, le tableau change : en 2012, les habitants des colonies ultra-orthodoxes recevaient en moyenne la somme de 3 596 shekels, somme la plus faible du pays, même inférieure à celle reçue par les communautés arabes (avec 4 688 shekels par habitant). Toutefois, les dépenses de l’État dans les colonies non orthodoxes – 7 416 shekels par habitant – étaient les plus élevées d’Israël, dépassant même celles affectées aux villes du Forum 15.

Le rapport du centre Adva [basé sur les dernières données disponibles, à savoir celles de 2012] a également montré que le gouvernement attribuait aux colonies non-orthodoxes des fonds 2,4 fois plus élevés que ceux octroyés aux colonies ultra-orthodoxes (Betar Illit, Modi’in Illit et Immanuel) – soit 3 213 shekels par habitant pour les unes, et 1 359 shekels pour les autres.

Ceci s’explique principalement par le fait que, dans les communautés ultra-orthodoxes, la contribution financière du gouvernement, dont une grande partie est destinée à l’éducation, n’est pas transférée à l’autorité locale mais va directement à deux grands réseaux éducatifs H’aredim [2], celui du parti Agoudath Israel, l’Enseignement indépendant; et le Printemps de l’éducation de la Torah. Par ailleurs, les institutions ultra-orthodoxes non-affiliées à l’un de ces deux réseaux sont classées comme «reconnues mais non agréées » et ne sont ainsi éligibles qu’à un financement partiel de la part de l’État.

Durant les deux dernières décennies, la population d’Israël a augmenté de 60 %. Des quatre communautés évoquées, la plus forte croissance (240 %) a été enregistrée dans les colonies. La principale augmentation est venue de trois colonies ultra-orthodoxes, où la population a augmenté de 376 %. La population des colonies non-orthodoxes a augmenté de 80 % – un taux proche de celui des autres groupes de population.

Le gouvernement contribue aux budgets locaux par l’intermédiaire de «contributions réservées», destinées à l’éducation et aux services de protection sociale, et par le biais d’un mécanisme dit d’«équilibrage des subventions», utilisé pour réduire les déficits accumulés dans les localités pauvres. Les agglomérations du Forum 15 ne reçoivent ainsi pas de «subventions de contrepartie».

NOTES

[1] Pour plus ample informé, on pourra utilement se référer aux quelques pages de la synthèse diffusée par le centre Adva (en hébreu, arabe et anglais – ici lien vers la version anglaise):

http://www.adva.org/uploaded/Inequality%20in%20Central%20Government%20Transfers%20to%20Municipalities%202014%20for%20site.pdf
Inequalities in Central Government transfers to Municipalities

Ou au rapport intégral du centre Adva (en hébreu seulement):
http://www.adva.org/uploaded/local%20municipalities%209.2014.pdf
השתתפות ממשלתית במימון תקציבי הרשויות המקומיות 1991-2012

[2] Les “Craignants” (Dieu, ici non-nommé, ainsi que le veut la Loi) – comme les ultra-orthodoxes choisissent de se désigner.