(article en anglais sur le site d’Ha’aretz)


Hier, le gouvernement a decide, par une majorite de 12 voix contre 7 et
quatre abstentions, d' »accepter les mesures prevues par la feuille de
route » que l’administration americaine a remise aux parties belligerantes le
30 avril. Cette majorite, relativement large, a ete assuree apres que le
Premier ministre eut declare que les 14 reserves soumises par Israel aux
Etats-Unis constituaient des lignes rouges sur lesquelles Israel ne
transigerait pas. La decision d’hier comprend egalement une reserve
interdisant l’entree des refugies palestiniens dans l’Etat d’Israel. Malgre
cet effort d’assortir la resolution de reserves et d’addenda, son importance
doit etre evaluee a sa juste mesure. Un gouvernement, clairement de droite,
et dirige par Ariel Sharon, a accepte d’entamer des negociations dont
l’objectif est de mettre fin a l’occupation qui dure depuis 1967, et de
creer un Etat palestinien.

La feuille de route adoptee hier par le gouvernement prevoit un parallelisme
des parties et un agenda pour reprendre la cooperation en matiere de
securite et mettre un frein aux attentats terroristes, et comprend
l’engagement de creer un Etat palestinien, d’abord sans des frontieres
provisoires, de demanteler les avant-postes non autorises (« illegaux »), et
de geler le processus de colonisation. Contrairement aux plans precedents
proposes depuis le debut des violences en septembre 2000, la feuille de
route, en meme temps que des solutions securiaires, offre une vision
concrete de la paix. Tirant les lecons des echecs des plans Mitchell et
Tenet, la feuille de route prevoit un mecanisme de controle exterieur tout
au long du processus.

Bien que loin d’etre parfait, le plan represente une chance pour les parties
de sortir du cycle des violences et de retourner sur la voie d’une
resolution pacifique du conflit. Il est regrettable que des extremistes
accueillent la decision du gouvernement par des bouderies et meme par des
menaces explicites de la contrecarrer par tous les moyens. Malheureusement,
le Premier ministre n’a pas juge bon de presenter la feuille de route comme
le debut d’une nouvelle ere dans les relations entre Israel et le
gouvernement palestinien de Mahmoud Abbas (Abou Mazen).

Au lieu de cela, Sharon a choisi de depeindre le plan comme un mal
necessaire, necessaire a cause du lien entre la crise securitaire et la
lourde recession (remarque qui reflete une certaine dose d’auto-critique, et
tout a fait exacte en elle-meme). Le sentiment qu’a donne Sharon en
recommandant d’accepter le plan est qu’il s’agit d’une option par defaut au
regard des dommages que pourrait subir Israel dans ses relations avec les
Etats-Unis s’il etait percu comme responsable de l’echec de la feuille de
route.

La decision de l’Union Nationale, du Parti National Religieux et des
extremistes du Likoud de rester au gouvernement en depit de la decision
d’hier, fait naitre le soupcon que cette decision ne soit qu’un stratageme
destine a renvoyer la balle dans le camp de l’ennemi. Le premier test de la
sincerite de Sharon viendra dans quelques jours dans les territoires, et
concernera les avant-postes et les villes arabes. Israel peut aujourd’hui
prouver sa sincerite s’il commence de sa propre initiative a demanteler les
avant-postes illegaux.

Si Tsahal se retire progressivement de la zone A, censee etre sous controle
palestinien total, et si la cooperation entre Tsahal et l’Autorite
palestinienne reprend, cela permettra de juger dans quelle mesure George
Bush s’engage pour la feuille de route. Sans son insistance, les parties ne
seraient pas parvenues a la table des negociations. Sans engagement et
perseverance de sa part, cette feuille de route pourrait tres bien mener a
un autre cul de sac.