La vision sioniste du peuple juif implique un État palestinien. Nous devons soutenir les efforts de nos amis du monde entier pour promouvoir une solution à deux États pour deux peuples.


Auteur : Nadav Tamir, Maariv, 5 août 2025

Traduction : Dory, groupe WhatsApp « Je suis Israël »

https://m.maariv.co.il/journalists/article-1221032?fbclid=IwQ

Photo : La reconnaissance d’un État palestinien pourrait changer la donne. Drapeaux palestiniens (© Reuters).

Mis en ligne le  12 août 2025


Le sionisme a acquis sa première reconnaissance internationale le 2 novembre 1917, lorsque le gouvernement britannique a publié la déclaration Balfour, qui soutenait le droit du peuple juif à un foyer national en Terre d’Israël. Cent huit ans plus tard, le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé que, si le gouvernement Netanyahou n’acceptait pas une cessation des hostilités à Gaza et la promotion d’une solution à deux États, le Royaume-Uni se joindrait à la France pour reconnaître l’État palestinien dès septembre.

L’importance historique de la reconnaissance d’un État palestinien, promue conjointement par le président français Macron avec l’Arabie saoudite et la plupart des pays arabes, ne doit pas être sous-estimée. La France et le Royaume-Uni sont membres du Conseil de sécurité et du G7, le groupe des économies les plus développées du monde. Leur reconnaissance d’un État palestinien pourrait également entraîner des changements plus vastes, avec des implications politiques, économiques et juridiques.

Mais surtout, comme dans le cas de la Déclaration Balfour, la reconnaissance internationale est la pierre angulaire de la réalisation du droit à l’autodétermination des Palestiniens, ce qui sauvera Israël des querelles qui nous mènent à une catastrophe binationale sanglante ou à un État d’apartheid – dans les deux cas, la fin du sionisme.

La vision sioniste du peuple juif a désespérément besoin d’un État palestinien et ne peut exister longtemps sans lui. Le massacre du 7 octobre a profondément blessé la société israélienne. La guerre de Gaza a également intensifié le sentiment de victimisation des Palestiniens. Mais près de deux ans plus tard, nous sommes de retour à la case départ : il n’y aura pas de renaissance du sionisme sans un État palestinien, que les États arabes n’ont pas accepté lors de la décision de partage, mais qui fait désormais l’objet d’un consensus écrasant.

Le gouvernement Netanyahou, le plus défaillant de l’histoire des gouvernements israéliens, cherche à nous conduire à la réalité d’un seul État. Ses branches violentes en Cisjordanie ont intensifié les déplacements de population palestinienne, la guerre éternelle à Gaza se poursuit sans espoir ni but, créant une tragédie humanitaire d’une ampleur historique. Netanyahou lui-même, qui veut apaiser les messies de son gouvernement, cherche déjà à annexer des parties de la bande de Gaza, avant d’y instaurer un régime militaire.

Face à cette réalité, nous devons soutenir les efforts de nos amis du monde entier pour promouvoir une réalité différente, fondée sur la seule solution viable : deux États pour les deux peuples, au sein d’une coalition régionale. Cinquante-huit ans de domination sur un autre peuple ont conduit l’État d’Israël au plus grand tournant éthique de son histoire.

Nous sommes à un tournant dans l’histoire du mouvement sioniste. Face à l’impasse dans laquelle nous mène un gouvernement assoiffé de pouvoir, contrôlé par les éléments les plus dangereux et extrémistes qui aient jamais existé, une alternative politique doit être présentée. Elle reposera sur un accord entre deux entités souveraines qui, après la création de l’État palestinien, aboutiront à une séparation complète, à une confédération, ou à deux entités politiques dans l’espace compris entre la mer et le Jourdain, sans frontière physique, si un accord est conclu.

La société israélienne est blessée et meurtrie. C’est précisément maintenant que l’opposition doit proposer une alternative à la vengeance, au messianisme et à la domination d’un autre peuple. Au lieu de condamner la reconnaissance de l’État palestinien, il faut l’encourager et l’accompagner afin de promouvoir, avec la communauté internationale, une meilleure réalité pour nous tous.