Régulièrement la presse nous abreuve de sondages visant à mesurer
l’évolution des opinions publiques israélienne et palestinienne. Nous vous
proposons quelques résultats tirés de différents sondages réalisés
récemment desquels nous pouvons tirer quelques conclusions :

1. La majorité des deux populations soutient une reprise des négociations.

2. En Israël, une solution de type Genève fait son chemin dans l’opinion,
même au sein du Likoud. Mais pour l’appliquer, la population fait
confiance aujourd’hui massivement au tandem Bibi et Barak le « Monsieur
sécurité ». Netanyahu recueille un fort soutien dans l’opinion israélienne
qui lui fait crédit d’avoir réussi à résister aux pressions américaines
tout en ayant décidé du gel de la colonisation, bien que beaucoup doutent de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre cette mesure. Parallèlement
on assiste à une droitisation de l’opinion publique dont une forte
minorité envisage la possibilité de transférer les Palestiniens en dehors
des territoires.

3. En Palestine, on assiste de plus en plus à une perte de confiance dans
une solution politique qui se traduit par une forte augmentation des
Palestiniens souhaitant émigrer à l’étranger.

4. Ces données reflètent surtout un désarroi des deux populations qui ne
voient pas de solution politique dans le proche avenir.

En tout cas, ce ne sont pas seulement les marchands d’armes qui vivent du
conflit, les sondeurs aussi !

Résultats des sondages

3/4 des Israéliens sont en faveur de négociations avec les Palestiniens…

Selon un sondage [[War and Peace Index créé par The Evans Program for Conflict Resolutin
Research of Tel AvivUniversity(The Tami Steinmetz Center for Peace
Research)
]] réalisé entre les 11 et 13 novembre 2009 sur 503
personnes représentatives de la population adulte israélienne (marge
d’erreur de 4,5%), les 3/4 des Israéliens soutiennent la tenue de
négociations avec les Palestiniens. C’est le score le plus élevé
enregistré ces dernières années.
Paradoxalement, en apparence, les personnes interrogées sont cependant
dubitatives quant à l’impact du gel des implantations décrété par le
gouvernement sur une percée des négociations. 47% seulement considèrent
que ce gel est important alors que 50% ne le pensent pas. Selon un autre
sondage [[Sondage réalisé par l’Institut Truman. Voir
[->http://www.haaretz.com/hasen/spages/1137041.html] ]], 48 % soutient la décision de geler la colonisation et 42 %
s’y oppose.

…. et la majorité est en faveur de l’initiative de Genève.

L’Index « War and Peace », dont nous venons de rendre compte, est en
conformité avec les résultats obtenus fin septembre/début octobre au cours
du sondage [[Sondage téléphonique auprès de 600 personnes âgées de 18 ans et plus
(comprenant des nouveaux immigrants et des arabes) réalisé par le Centre
de recherche « Nouvelle vague ». Marge d’erreur: 4%]] réalisé par l’Initiative de Genève, selon lequel 56% des
Israéliens soutiennent l’accord de Genève dans sa totalité (48% en janvier
2009). Si 94% des électeurs du Meretz et 77% des électeurs du Parti
travailliste sont, sans surprise, favorables aux accords, le soutien des
électeurs de « droite » est loin d’être négligeable : 19% des électeurs du
Shass, 53% des électeurs d’ «Israel Beitenou » d’Avigdor Lieberman, 45%
des électeurs du Likoud et 77% de ceux de Kadima.
Une minorité conséquente (29% contre 23% en janvier 2009) est disposée à
un retrait quasi intégral aux « frontières » de 1967 (à l’exception des
blocs d’implantations qui seront échangés contre des territoires
israéliens non peuplés).
48% considèrent que les quartiers juifs de Jérusalem Est doivent relever
de la souveraineté israélienne et les quartiers arabes, de la souveraineté
palestinienne. En janvier 2008, ce pourcentage était de 38%.
Ce sondage traduit le soutien de la majorité de la population à des
négociations avec les Palestiniens en vue d’un accord permanent (26% sont
contre de telles négociations). Un pourcentage quasi identique (63%)
considère que Netanyahu est capable de parvenir à un tel accord et qu’il
n’est pas préférable d’attendre l’arrivée au pouvoir d’un autre leader. A
la question « Pensez-vous que Netanyahu serait prêt à consentir aux
concessions nécessaires pour parvenir à un accord avec les Palestiniens »,
46% répondent positivement contre 35% (19% ne savent pas).
Un israélien sur 4 seulement considère que la perpétuation de la situation
actuelle, sans progrès politique en direction des palestiniens, est «
bonne » pour Israël. 63% par contre sont d’avis que c’est « mauvais » pour
Israël.

Le pourcentage des Juifs israéliens en faveur d’un transfert de Palestiniens et d’Arabes israéliens est en augmentation

Selon un autre sondage [[Sondage public annuel sur la sécurité nationale, organisé par le
Centre Jaffee pour les Etudes stratégiques, réalisé sur un échantillon
représentatif de 1 264 juifs résidant en Israël, interrogés le mois
dernier lors d’entretiens en face-à-face]], 46% des citoyens juifs d’Israël se sont
prononcés pour le transfert des Palestiniens en dehors des Territoires,
alors que 31% se prononcent en faveur d’un transfert d’Arabes israéliens
hors du pays.
En 1991, 38% de la population juive d’Israël était pour le transfert des
Palestiniens en dehors des territoires, alors que 24% étaient pour le
transfert d’Arabes israéliens.
Autre donnée de ce sondage : Pour 61% de la population juive, les Arabes
israéliens constituent une menace pour la sécurité d’Israël. Et près de
80% des personnes interrogées sont opposées à l’implication des Arabes
israéliens dans la prise de décisions importantes telles que la
délimitation des frontières du pays (jusqu’à 75% l’an dernier et 67% en
2000).

L’administration Obama est perçue par les Israéliens comme hostile à
Israël et par les Palestiniens comme étant pro-israélienne.

Selon le sondage de l’institut Truman, seulement 13 % des Israéliens
pensent qu’Obama n’est pas hostile à Israël alors que pour 69 % des
Palestiniens son administration est pro-israélienne.
D’après le sondage du War and Peace Index cité précédemment, 2/3 des
Israéliens seraient opposés à des pressions américaines. Parmi ceux qui
sont favorables aux négociations, la majorité (57%) considère que le gel
des implantations est important mais ils sont aussi nombreux (57,5%) à
être hostiles à des pressions US, 38% – seulement – y sont favorables.
Parmi ceux qui sont opposés à des négociations, la quasi-totalité (93%)
pense que le gel est dénué de toute importance et bien sûr, 91% sont
opposés à toute pression américaine s’agissant des négociations
israélo-palestiniennes.
Paradoxalement 59% sont pour une plus grande implication américaine alors
que 31% s’y opposent. Ces données ne sont pas forcément contradictoires
avec celles mentionnées précédemment au sujet des Etats-Unis. En effet, il
était alors question de « pressions » tandis que dans le sondage actuel
on parle « d’implication ». Cette formulation est moins contraignante et,
en ce sens, elle est susceptible de recueillir un plus large assentiment.

61,5% des Palestiniens sont pour la relance des négociations
israélo-palestiniennes.

Selon un sondage [[Sondage réalisé par entretien en face à face, entre le 24 et le
31/10/2009 par « The Palestinian Center for Public Opinion » auprès de
1050 personnes âgées de 18 ans et plus dans la bande de Gaza et en
Cisjordanie, y compris à Jérusalem Est
]] réalisé fin octobre, 59% des Palestiniens pensaient
que le Fatah emporterait la victoire aux prochaines élections… qui ne
seront plus si prochaines que cela. Entre Abu Mazen et Ismail Haniyeh, le
premier l’emporterait : 52% contre 14, 5% pour Hanyeh. A noter que près de
30% des Palestiniens déclaraient qu’ils ne participeraient pas à ces
élections. 60 % des Palestiniens soutiennent le document du Premier
Ministre Salem Fayad de déclaration d’indépendance. S’agissant de la
reprise des négociations, 31,8% des Palestiniens s’y opposent, 61,5% leur
étaient favorables et 4,7% ne se prononcent pas. Une forte majorité
également (59,7%) soutient le déploiement de forces militaires provenant
des pays arabes dans la bande de Gaza (34,4% sont contre).
Un résultat illustre, nous semble-t-il, un désespoir ou un désarroi plus
ou moins latents : 38,8% déclarent que s’ils en avaient le choix, ils
émigreraient en Occident. Certes, la majorité (55,3%) resterait au pays et
6,3% disent ne pas savoir ce qu’ils feraient.