Alors que la nation a rendu hommage aux victimes du 13 novembre, la tragédie ne passe toujours pas.

On se presse encore devant les amas de fleurs, de bougies et d’écrits aux différents lieux où les meurtres ont été commis et sur la place de la République, dans un silence et un recueillements impressionnants.
Depuis, de nouveaux attentats ont assombris d’autres villes, en Afrique, au Maghreb… Pas étonnant que la droite israélienne profite de cette vague pour s’y rattacher et présenter les attaques incessantes qui se produisent en Israël, et surtout dans les Territoires occupés, comme étant une déclinaison de cet affrontement mondial. Si tel était le cas, il est clair alors que la solution serait « ailleurs », hors des frontières, hors de l’action du gouvernement israélien qui subirait une situation dont sa politique ne serait en rien responsable, ni même concernée. En un mot: l’occupation, sa pérennisation et son accentuation n’auraient rien à voir avec ce qui est qualifié « d’attentats », « d’intifada des couteaux »… Bien entendu il n’en est rien.

Certes, les passages à l’acte, souvent meurtriers, des Palestiniens comportent une dimension religieuse avérée.

D’après leur revendications, la violence qui secoue Israël ces dernières semaines serait motivée par une préoccupation d’ordre religieux.
L’argumentaire central ne semble pas être la fin de l’occupation ou l’avènement d’un État palestinien mais bien la défense des lieux saints musulmans qu’alimente ce qui est perçu comme une volonté israélienne de remettre en question le statu quo.

La passivité des gouvernants face aux provocations des ultras, qui se nichent jusqu’au gouvernement lui-même, a pu, ou a été interprétée comme un consentement à la modification du statu-quo. L’adage « qui ne dit mot consent » n’est pas adapté à la situation car les responsables israéliens, Netanyahu en tête, ont déclaré à maintes reprises que telle n’était pas leur intention. Mais si l’adage devient « qui ne fait rien consent », alors la situation devient différente et la responsabilité gouvernementale peut à bon droit être invoquée.

La dimension religieuse, véritable dynamite dont la mèche se rapproche de la flamme à mesure que le temps passe – et rien ne se passe, politiquement parlant -, ne permet en aucun cas d’occulter l’occupation ni d’absoudre ses responsables.

Mais l’occupation n’est pas seulement source de violence à l’intérieur, elle provoque un isolement croissant au plan international. C’est ainsi qu’Israël a annoncé dimanche 29 novembre qu’il suspendait les contacts avec l’Union européenne relatifs au conflit israélo-palestinien par mesure de rétorsion aux directives adoptées quant à l’étiquetage des produits des colonies. Aussi impulsive que puérile, cette décision – un tant soit peu hypocrite – reste largement symbolique dans la mesure où Israël maintiendra ses contacts diplomatiques avec les États européens, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France…

Ainsi Netanyahu est-t-il venu à Paris alors qu’on sait le rôle joué par la France dans la décision de l’UE de rendre publiques ses directives en matière d’étiquetage. L’UE est « punie », la France ne l’est pas. On sait par ailleurs que ce sont les Etats qui mettront en oeuvre – ou non – les directives européennes qui ne sont en fait qu’un mode opératoire à la disposition des gouvernements nationaux.

Boycotter l’Union européenne (Israël n’est donc plus opposé à ce mode d’action?) et pas les Etats équivaut à ne plus se servir du thermomètre quand on a la fièvre. Ne serait-il pas préférable de connaître sa température pour entreprendre ce qu’il faut pour faire baisser la fièvre?

L’immobilisme politique israélien – et sa traduction diplomatique – est aussi effarante que dangereuse. Une consolation cependant: Netanyahu a rejeté à ce jour les propositions de réaction les plus virulentes. Cette relative modération n’a de sens que si Israël s’attaque au fond du problème: mettre un terme à l’occupation.