Depuis les accords d’Oslo où Israël s’était engagé à stopper la
colonisation, plus de 100 colonies dites sauvages ont été créées. Aucun
gouvernement depuis 15 ans n’a réussi à lutter contre l’action du lobby
des colons. Certains l’ont soutenu directement ou laissé les différentes
administrations de l’Etat leur donner les moyens de son activité, d’autres
ont essayé vainement de le contenir. C’est pourquoi il faut voir dans la
décision de geler la colonisation une avancée sans précédent comme l’a dit
Hillary Clinton. Cependant, et comme c’est souvent le cas avec les
concessions israéliennes, elle vient trop tard et est incomplète. D’abord
cette décision était attendue depuis 5 mois et les colons ont en profité
pour mettre en chantier des centaines d’unités de logement qu’ils vont
donc pouvoir continuer. Il est difficile d’imaginer qu’ils vont accepter
la nouvelle politique du gouvernement. C’est pour les amadouer que,
parallèlement, Barak a annoncé la décision de mettre en chantier la
construction de 28 nouveaux bâtiments publics dans les colonies, option
laissée ouverte dans la décision de gel. Par ailleurs, il va être
difficile de contrôler sur le terrain l’application de cette décision. Le
Procureur Général a alerté sur le manque de moyens pour surveiller la
construction. Il n’y a en effet que 14 inspecteurs travaillant pour
l’administration civile.

Quant aux avants postes illégaux qui doivent être évacués, l’Etat a
demandé à la Cour suprême plus de temps pour le faire et préparer une
politique adéquate pour les raser. Le bureau du Procureur de l’Etat doit
informer la semaine prochaine la Cour suprême de trois décisions de
justice concernant des évacuations des avants postes d’Eli, de Horsha, et
de Netiv Ha’avot qui n’ont pas été effectuées comme 6 autres qui sont
ailleurs en Cisjordanie. Un certain nombre de soldats, issues d’unités où
servent des religieux et encouragés par certains rabbins, ont même fait
savoir qu’ils s’opposeraient à participer à la démolition de maisons
habitées par des Juifs. C’est pourquoi aussi bien Netanyahu que Barak ont
multiplié ces derniers jours des déclarations rappelant que le rôle de
l’armée est d’appliquer les décisions du gouvernement.

C’est dans ce contexte que les dirigeants israéliens cherchent à obtenir
une reconnaissance internationale de leurs efforts afin de montrer à leur
opinion publique le bien fondé de cette politique. Seuls les Français et
les Allemands ont dit que cette décision était un pas dans la bonne
direction alors que les Anglais et les Russes ont regretté que le gel ne
soit pas absolu, faisant allusion à Jérusalem. Israël a envoyé par
ailleurs des messages aux Européens pour qu’ils fassent pression sur
l’Autorité Palestinienne et les pays arabes afin qu’ils reprennent les
négociations et évitent les décisions unilatérales.

En conclusion, comme avec la bouteille à moitié pleine, faut-il mettre en
évidence dans cette décision la révolution qu’elle représente pour un
homme comme Netanyahu qui est aujourd’hui le seul dirigeant israélien
capable d’imposer un retrait des territoires s’il le décidait ou bien
relever son incomplétude et comme semble le décider Abbas ne pas suffire
pour reprendre les négociations ? En tout cas avec Shalom Akhshav nous
surveillerons l’application de cette décision sur le terrain.


Traduction : Yoël Amar pour La Paix Maintenant.

Des faits à propos du gel de la colonisation annoncé par le gouvernement
israélien.

Israël s’est engagé à arrêter :

 De commencer de nouvelles constructions (gouvernementales et privées)
ainsi que les infrastructures qui y sont rattachées

 à donner son accord pour construire de futures colonies

 la construction de bâtiments publics (écoles par exemple), à l’exception
d’un petit nombre d’entre eux.

Il est clair que cette décision n’inclut pas :

 La construction dans l’Est de Jérusalem

 L’arrêt de la construction de bâtiments qui est déjà entamée

Ce qui n’est pas clair :

 Comment Israël définira ce que constitue un bâtiment dont la
construction a déjà démarré. Par exemple La Paix Maintenant a révélé que
les colons
ont commencé à poser les fondations de 800 bâtiments en anticipant une
telle annonce. Est-ce que ces constructions seront gelées comme incluse
dans le
moratoire ?

 Jusqu’à quel point Israël se retiendra de faire des provocations dans la
construction à Jérusalem Est ? Les retombées suite à la récente annonce de
plans d’expansion de Gilo montrent le sérieux avec lequel ces projets sont
considérés.

 La politique américaine n’a pas changé. Comme Mitchell l’a dit
clairement : « Les Etats-Unis d’Amérique n’accepte pas la légitimité de
continuer des colonies israéliennes ;

La situation sur le terrain :
Le département d’Etat a dit à un reporter israélien que « Selon les
données fournies par le gouvernement israélien, on estime à 700 le nombre
de bâtiments
actuellement en cours de construction, ce qui concernent environ 2500 unités
de logement. »
A la fin de septembre, le Bureau Central des Statistiques (BCS) a estimé
que 2895 unités de logement étaient en construction dans les colonies de
Cisjordanie. Comparé aux années précédentes, ce niveau de construction est
sensiblement dans la moyenne, par exemple à la fin de 2008 le CBS
indiquait qu’il y avait 3209 unités en construction.
Le temps nécessaire pour terminer un projet de construction dans les
colonies est généralement de 18 à 24 mois.

D’un point de vue plus prospectif :

 La première question importante est de savoir si Israël va appliquer cet
engagement de bonne foi. Israël va-t-il trouver une échappatoire pour
construire d’une manière qui vide cette annonce de sa substance ? Israël
va-t-il s’abstenir d’effectuer des actes provocateurs à Jérusalem Est ?
Comment Israël réagira-t-il si des colons se manifestent de manière
violente ou tentent de créer de nouveaux faits accomplis sur le terrain ?
Les faits ont plus d’importance que les mots. C’est pourquoi La Paix
Maintenant surveillera de très près la construction dans les colonies,
réalisant des rapports indépendants sur la manière dont Israël applique
ses engagements concernant les implantations et les avant-postes illégaux.
Le mouvement suivra également avec attention les activités à Jérusalem Est
et dans d’autres zones stratégiques où des actions peuvent miner l’impact
positif potentiel du moratoire.

 La deuxième question cruciale concerne ce qui se passera dans 10 mois. Le
gel de la colonisation sera-t-il prorogé ?
Des dizaines de milliers d’unités de logement – sans compter les projets
gouvernementaux- pourraient être construit dans les colonies sur la base
des autorisations accordées dans le passé. Ces derniers mois, le
gouvernement israélien a pratiquement cessé de donner des autorisations
ainsi que l’initiation de nouveaux projets. Cela a conduit à une baisse
du nombre des nouveaux chantiers. Néanmoins, des constructions sur la
base des anciennes autorisations ou d’initiatives privées continuent. Au
cours des neuf premiers mois de l’année 2008, 1 647 nouveaux chantiers
ont été lancés (dont 39% initiés directement par le gouvernement, ce sont
les « chantiers publics »). Pendant les neuf premiers mois de l’année
2009, il n’y en a eu que 1 198 (dont 20% du fait de l’Etat).

 La troisième question est de savoir si cette étape peut servir de base
pour avancer dans les négociations de paix.
La bonne foi avec la quelle Israël appliquera ce gel peut avoir un réel
impact sur ce point. Par exemple, une relance de la colonisation à
Jérusalem Est peut sérieusement saboter les perspectives de progrès vers
la paix.

La décision du gouvernement israélien de geler la colonisation est une
décision historique dans la bonne direction.
La Paix Maintenant va renforcer les équipes chargées de la surveillance
des implantations afin de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un nouvel
exercice de communication du gouvernement tandis que les colons sont
laissés libres de dicter la loi sur le terrain. Il est à espérer que
l’annonce de ce gel englobera également les projets d’initiative privés et
pas seulement les projets gouvernementaux. Ces derniers mois, les
habitants des implantations ne se sont pas privés d’utiliser les permis de
construire donnés par le passé afin de lancer des chantiers dans de
nombreuses localités.