Traduction : Bernard Bohbot pour LPM

Auteur : David Shulman pour The New York Review, 3 juin 2021

Photo : © Heidi Levine/Sipa USA – La police israélienne des frontières et les colons s’affrontent devant une propriété enlevée à une famille palestinienne de Shiekh Jarrah (Jérusalem Est), 7 mai 2021

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Mis en ligne le 7 juillet 2021


En regardant la dernière série de combats à Gaza, on ne peut échapper à un sentiment de déjà vu. Combien de cycles de ce type y a-t-il eu ? Je ne m’en souviens pas. Pire encore, la répétition étrange et compulsive convient à la façon dont nombre d’Israéliens, voire la plupart d’entre eux – y compris, semble-t-il, les échelons supérieurs de l’armée et des services de renseignement – ont tendance à penser à Gaza et au Hamas. En surface, la logique primitive est la suivante : Le Hamas est une organisation meurtrière et barbare qui ne cherche qu’à tuer autant d’Israéliens que possible et qui ne cesse de renforcer ses capacités militaires à cette fin. En pratique, la seule façon utile de traiter avec le Hamas est donc de le réduire en miettes de façon régulière, au bout de quelques années (ou mois), rétablissant ainsi ce que l’armée et le gouvernement israéliens appellent affectueusement la « dissuasion » (c’est leur mot préféré).

Le problème avec cette approche est qu’elle ne fonctionne jamais. Pour revenir au jargon de l’armée, que les Israéliens entendent tous les soirs à la télévision pendant les épisodes de combat : la dissuasion est intrinsèquement entropique ; le passage du temps l’érode inévitablement. D’où la nécessité de ce martèlement périodique. De plus, le décalage peut être remarquablement court. L’armée dit déjà qu’une nouvelle ronde d’affrontements guerriers à Gaza pourrait bientôt éclater.

Si nous allons un peu plus loin, une vision plus mortelle émerge. Comme plusieurs commentateurs avisés l’ont suggéré ces dernières semaines, le grand plan stratégique de Benjamin Netanyahu, partagé implicitement avec une partie de la droite israélienne, consistait à maintenir le Hamas en vie en tant que menace constante pour Israël.

Faire en sorte que les Palestiniens restent divisés entre les restes inefficaces de l’Autorité palestinienne à Ramallah et les islamistes extrémistes de Gaza est une façon, peut-être la seule, de permettre au programme israélien d’annexion, de domination et d’expulsion en Cisjordanie de se poursuivre.

Cette politique a fonctionné, jusqu’à un certain point, comme peut le constater quiconque traverse la Cisjordanie aujourd’hui. Près de la moitié des réserves foncières disponibles dans la zone C (plus de 60 % de la Cisjordanie, où se trouvent toutes les colonies) ont été allouées aux colonies israéliennes et à leur expansion violente et continue. Je fais l’expérience des tentacules de plus en plus intrusifs de l’occupation, à travers le concours de colons vicieux, de soldats et de policiers pour la plupart hostiles, presque chaque semaine lorsque mes collègues militants et moi-même sommes dans les territoires palestiniens pour protéger, du mieux que nous pouvons, les bergers bédouins et les petits agriculteurs et éleveurs des collines du sud de Hébron. Les niveaux de violence des colons contre les Palestiniens et les militants des droits de l’homme ont augmenté de façon exponentielle au cours des derniers mois.

Dans le système d’occupation, les colons sont au-dessus de la loi.

Il est toutefois possible que la position politico-militaire israélienne par défaut vis-à-vis des Palestiniens commence à se fissurer. Au moins trois résultats de la dernière bataille à Gaza méritent l’attention.

Premièrement, et c’est peut-être le plus important, le mouvement national palestinien, en tant qu’ensemble hétérogène mais en quelque sorte composite, a resurgi de ses propres cendres. Dix jours de combats à Gaza, ainsi que les événements qui ont précipité cette mini-guerre, ont réussi à effacer l’ancienne ligne verte – la frontière d’avant 1967 qui divise Israël, y compris les Arabes israéliens, de la Cisjordanie occupée. Bien sûr, étant donné les politiques de colonisation israélienne, la ligne verte n’est plus, depuis des années, qu’un vague souvenir ou une fiction utile pour ceux qui aiment à penser qu’il existe encore quelque chose appelé processus de paix.

Mais ce qui a été frappant le mois dernier, c’est la façon dont les Palestiniens de Cisjordanie ont rejoint les citoyens arabes d’Israël et se sont soulevés dans un mouvement protestation généralisée, à grande échelle et explosif. Les Palestiniens d’Israël en ont assez de décennies de discrimination institutionnalisée, même s’ils bénéficient, contrairement à leurs frères et sœurs des territoires occupés, de l’accès à la sécurité sociale, à l’assurance maladie et à un système juridique quelque peu fonctionnel ; ils (à l’exception des résidents de Jérusalem-Est) peuvent également voter aux élections nationales israéliennes. En Cisjordanie, la réalité est celle d’une oppression sévère et systématique ; les Palestiniens de la zone C ne jouissent d’aucun droit de l’homme et sont collectivement l’objet d’une éventuelle dépossession et d’une expulsion, la véritable (peut-être la seule) raison d’être de l’occupation.

La dernière Intifada, de 2000 à 2005 environ, a épuisé la population civile palestinienne et l’a finalement laissée à la merci des colons et des soldats. Nous assistons peut-être maintenant à la phase initiale d’une troisième intifada, probablement encore plus destructrice. Gaza, la Cisjordanie et la population arabe israélienne sont aujourd’hui soudées d’une manière qui rappelle quelque peu le soulèvement nationaliste palestinien des années 1930, avant la création de l’État d’Israël.

Il est important de noter les facteurs immédiats qui ont déclenché ce phénomène largement imprévu. Les combats de Gaza, cette fois-ci comme les précédents, étaient sans doute surdéterminés. Au cours des quinze dernières années, Israël a maintenu un siège dur contre Gaza, l’un des endroits les plus densément peuplés et les plus pauvres du monde. Privée d’eau potable, d’une alimentation électrique régulière et de nombreux produits de première nécessité, y compris d’un nombre suffisant de vaccins contre le coronavirus, Gaza ressemble plutôt à une grande prison à ciel ouvert.

Mais on ne peut nier l’effet choquant sur les Palestiniens du monde entier de l’envoi de la police anti-émeute israélienne, avec ses matraques, ses fusils, ses grenades assourdissantes et ses gaz lacrymogènes, dans la mosquée al-Aqsa à Jérusalem dans les derniers jours du Ramadan le mois dernier. Pendant ce temps, à Jérusalem-Est, l’expulsion de familles palestiniennes de leurs maisons dans le quartier de Sheikh Jarrah était imminente ; les autorités n’attendaient qu’une décision finale de la Cour suprême sur la légalité de cette opération – si tant est qu’on puisse utiliser cet terme.

Depuis de nombreuses années, des militants israéliens des droits de l’homme et des citoyens ordinaires manifestent avec les Palestiniens de Sheikh Jarrah contre l’expulsion de ces familles, toutes réfugiées de la guerre de 1948 et installées dans le quartier par le gouvernement jordanien dans les années 1950. Ce printemps, les protestations ont atteint un niveau d’intensité inégalé, en partie avec l’aide de la police de Jérusalem qui, comme d’habitude, a réagi de manière excessive et a tenté de les réprimer violemment. Dans les semaines précédant la guerre, les citoyens arabes d’Israël, principalement des jeunes gens très en colère, ont été fortement impliqués dans les manifestations. Un autre élément hautement incendiaire était la présence manifeste à Sheikh Jarrah de voyous suprématistes juifs dirigés par Itamar Ben-Gvir, les héritiers des anciens kahanistes, légitimés par Netanyahu et ramenés à la Knesset sous le nom de parti « Pouvoir juif », après avoir été mis hors la loi en 1988.

Sheikh Jarrah et al-Aqsa faisaient partie d’une provocation plus large et volatile qu’Israël a offerte au Hamas. Le Hamas est entré en guerre en prétendant être la seule force palestinienne capable de défendre la mosquée et d’arrêter les expulsions à Jérusalem-Est. Pour le Hamas et son allié, le Jihad islamique, l’occasion était trop belle pour être vraie. Il est, je pense, juste de dire que le Hamas a remporté cette manche dès les premières minutes des combats avec une volée de missiles qui a atterri près de Jérusalem le 10 mai. Aucun pilonnage aérien de Gaza n’a pu effacer le souvenir de ce moment, et en quelques jours, le Hamas a amplifié la résonance de son geste initial en galvanisant les Palestiniens des deux côtés de la ligne verte. Des conditions proches de celle d’une guerre civile sont apparues dans de nombreuses villes mixtes arabo-juives d’Israël, dont Acre, Jaffa, Ramleh et Lod, où les kahanistes, renforcés par des colons armés venus de Cisjordanie, ont attaqué d’innocents résidents arabes tandis que des foules arabes, de leur côté, parcouraient les rues en attaquant des Juifs et des commerces appartenant à des Juifs. Ces jours terribles ont été infiniment plus dangereux pour l’avenir d’Israël en tant que société fonctionnelle que les roquettes en provenance de Gaza.

Le deuxième résultat de la guerre commence seulement à se cristalliser, mais ses contours sont suffisamment clairs. Nous ne devons pas sous-estimer l’importance d’un changement émergent, tant au niveau international qu’en Israël. Aux États-Unis, pour presque la première fois, nous entendons des voix importantes au sein du Parti démocrate défendre clairement les droits des Palestiniens et s’opposer à l’occupation. La Chine, future première puissance mondiale, soutient depuis longtemps l’autodétermination des Palestiniens, une politique réitérée pendant la guerre de Gaza. Malgré des liens économiques étroits avec Israël, la Chine s’oppose elle aussi fermement à son projet de colonisation et considère le Hamas comme un partenaire légitime pour un accord israélo-palestinien. La Cour pénale internationale de La Haye commence apparemment à enquêter sur les crimes de guerre israéliens présumés, tant à Gaza qu’en Cisjordanie. Une nouvelle génération de Juifs américains montre des signes d’impatience et n’accepte plus passivement ce qu’Israël fait aux Palestiniens. Elle s’oppose activement aux politiques israéliennes, surtout à l’occupation. Nous sommes encore loin d’un tournant ; de telles choses prennent du temps. Souvenez-vous de l’Afrique du Sud dans les années 1980.

À mon avis, les fissures dans ce qu’on appelle habituellement le consensus israélien sont encore plus importantes. La grande majorité des Israéliens professe encore des opinions fortement droitières, et une minorité non négligeable est sensible aux délires haineux des kahanistes. Pendant que les combats se déroulaient, je me suis retrouvé écœuré, nuit après nuit, par les opinions dominantes exprimées au journal télévisé par des généraux, anciens et actuels, pour la plupart assoiffés de sang. Mais nous entendons maintenant des voix plus sceptiques ; les sondages d’opinion montrent que la plupart des Israéliens réalisent qu’Israël a perdu ce round. Cela signifie-t-il que la guerre n’a servi à rien ? Pas nécessairement, et encore moins si vous croyez à la théorie du pilonnage périodique.

L’essai lucide publié dans Haaretz par Menachem Mautner, professeur de droit à l’université de Tel Aviv, le 20 mai, est une preuve éloquente de la dissidence publique. Mautner fait valoir, de manière prudente et discrète, qu’étant donné l’effondrement évident de la crédibilité du gouvernement Netanyahu – sans exclure la possibilité que Netanyahu ait utilisé la crise de Gaza comme un moyen d’échapper aux procès en cours contre lui pour corruption et autres accusations – les parents israéliens devraient envisager d’essayer de garder leurs fils et leurs filles en dehors des unités de combat de l’armée, de peur qu’ils ne soient tués sans raison valable dans une autre guerre évitable (soit dit en passant, pour de nombreux Israéliens, probablement près de la moitié de l’électorat, la dégradation de la confiance dans les dirigeants remonte bien plus loin que le dernier gouvernement de Netanyahu). Pour comprendre l’audace requise pour publier une telle recommandation dans le principal journal israélien, il faut savoir qu’Israël est encore une société homérique dans laquelle mourir pour la gloire, ou pour le drapeau ou l’État-nation, est considéré comme un bien sans équivoque.

Mautner n’est pas le seul à contester les avantages moraux du sacrifice de ses enfants, de ses frères et sœurs ou de son conjoint sur l’autel d’un État à la dérive. Il convient également de prendre note d’une lettre très médiatisée envoyée à la Cour pénale internationale, juste avant le début de la guerre, par plus de deux cents universitaires israéliens, personnalités publiques de premier plan, anciens héros de combat et militants des droits de l’homme, demandant instamment à la Cour d’enquêter sur les actions en cours d’Israël dans les territoires. Alors qu’Israël reste, pour l’instant, sous l’emprise de fanatiques religieux nationalistes et messianiques, la protestation sur le terrain est toujours remarquablement robuste.

Troisièmement, les combats de Gaza, en particulier l’échec flagrant de l’armée à empêcher ou même à ralentir les tirs de roquettes en provenance de Gaza, ne sont certainement pas passés inaperçus au Liban, en Syrie ou en Iran. Le pronostic d’un futur conflit généralisé est, d’un point de vue israélien, très sombre. Imaginez la destruction que 150 000 missiles du Hezbollah tirés depuis le Liban, dont beaucoup sont guidés avec précision, pourraient infliger aux villes israéliennes, en plus de tout ce qui est tiré vers Israël depuis Gaza et ailleurs au même moment, alors que la Cisjordanie est en feu. Pensez aux milliers de victimes civiles israéliennes potentielles. Quelques années supplémentaires de coalitions dominées par la droite – y compris celle dirigée par Naftali Bennett qui tente actuellement d’évincer Netanyahou – pourraient très probablement aboutir à un tel scénario. On pourrait penser que ce désastre imminent inciterait à trouver de nouveaux moyens de désamorcer, voire de résoudre, ce conflit centenaire. On aurait tort.

Pour l’instant, alors qu’un cessez-le-feu est en vigueur depuis le 21 mai, le gouvernement a adopté la tactique israélienne habituelle qui consiste à utiliser davantage de force lorsque la force moindre échoue. Des centaines d’arrestations de citoyens arabes israéliens, prétendument liés d’une manière ou d’une autre aux émeutes dans les villes, ont été annoncées par la police. Un nombre insignifiant d’émeutiers juifs ont également été arrêtés. Je peux attester par expérience personnelle à Sheikh Jarrah que la police anti-émeute est partout ; Ben-Gvir et ses phalangistes ont le champ libre dans le quartier – il y a des vidéos récentes de colons juifs tirant à balles réelles sur des résidents palestiniens – tandis que les Palestiniens doivent parfois supplier pour être autorisés à entrer dans leurs propres maisons.

Un cas emblématique est le tir totalement injustifié, voire illégal, d’un policier des frontières sur Jana Kiswani, 16 ans, alors qu’elle entrait dans sa maison sur son ordre ; elle a été touchée par une balle en caoutchouc dans la colonne vertébrale, lui brisant une vertèbre. Son père, qui la tenait dans ses bras alors qu’elle hurlait à l’agonie, a également reçu une balle dans la jambe, et la police, pour faire bonne mesure, a lancé une grenade paralysante sur la porte d’entrée. Peut-être serez-vous réconfortés par la nouvelle selon laquelle le policier qui a tiré sur Jana a été temporairement suspendu. La famille Kiswani est l’une des vingt-huit personnes au moins qui doivent être expulsées du quartier. En Cisjordanie, la plupart des manifestations ont été brutalement réprimées, et des innocents tués.

Tant qu’Israël refusera obstinément de faire le moindre pas vers un compromis historique avec le mouvement national palestinien, tant que l’occupation poursuivra sa série de crimes sans fin et tant que les Palestiniens vivant en Israël subiront l’injustice inhérente à l’État ethno-nationaliste, la probabilité d’une conflagration cataclysmique restera élevée. Ce n’est pas parce que vous avez des ennemis que la paranoïa ne va pas déclencher sa propre fin de partie désespérée.

Il est, en théorie, possible que le match nul entre Israël et le Hamas offre une opportunité quelque peu similaire à ce qui a émergé de la guerre du Kippour en 1973 – c’est-à-dire la possibilité d’une percée vers quelque chose comme la paix. Thomas Friedman l’a suggéré dans une récente chronique.

Mais il faut aussi dire que le Hamas a pleinement mérité son titre d’organisation terroriste. Il prend régulièrement et délibérément pour cible, et parvient parfois à tuer, des civils israéliens – douze lors de la dernière série de combats, ainsi qu’un soldat. Le fait que les bombes israéliennes aient causé la mort d’environ 250 civils à Gaza, dont plus d’une centaine de femmes et d’enfants, ne diminue en rien la responsabilité du Hamas pour ses crimes. Le Hamas n’est guère un partenaire de négociation idéal, même s’il est peut-être le seul qui reste après deux décennies pendant lesquelles Israël a volontairement émasculé l’Autorité palestinienne.

Il convient de rappeler, en outre, qu’Israël a en fait livré la bande de Gaza au Hamas en 2005 en choisissant de se retirer unilatéralement – décision d’Ariel Sharon, motivé par l’espoir que le retrait des colonies israéliennes de Gaza cimenterait l’entreprise de colonisation en Cisjordanie – sans même l’apparence d’un accord mutuel avec l’Autorité palestinienne. L’idée même de réciprocité, de convergence israélo-palestinienne sur la voie d’un accord, est un anathème pour la droite israélienne, tout comme l’est la notion tout aussi impensable d’un retrait du moindre millimètre de Cisjordanie. Dans l’état actuel des choses, Israël pourrait bien s’effondrer à cause de son obsession irrationnelle pour la colonisation de territoires palestiniens occupés.

Et pourtant, à côté du désespoir qui ronge le cœur quand on est confronté à la malice et à la bêtise humaines monumentales, il y a des moments où l’espoir renaît. Pendant les combats, puis dans les jours qui ont suivi le cessez-le-feu, des manifestations spontanées de solidarité arabo-israélienne ont éclaté partout en Israël, sur les routes, sur les ponts au-dessus des autoroutes, dans les villes et les quartiers mixtes, à Sheikh Jarrah et ailleurs à Jérusalem, dans le centre-ville de Tel Aviv. Je n’ai aucune idée du nombre de personnes impliquées – peut-être des milliers. Il faut garder à l’esprit que la réalité quotidienne d’Israël est une réalité partagée, biethnique, binationale : les Palestiniens et les Israéliens travaillent et vivent côte à côte dans presque tous les hôpitaux et cliniques israéliens, dans les restaurants et les entreprises, dans les centres commerciaux, dans certaines universités. Il n’est pas si difficile, mais pas si facile non plus, de transformer cette réalité en un conflit communautaire féroce.

Lors d’une des manifestations pour la paix à Jérusalem à laquelle j’ai participé au plus fort de la guerre, la police a dépensé beaucoup d’énergie pour disperser la foule, nous menacer avec des grenades assourdissantes et des canons à eau et, bien sûr, nous crier des insultes. Ils nous ont fait descendre avec leurs chevaux et ont arrêté plusieurs manifestants pacifiques (c’est beaucoup plus facile de faire ça que de s’occuper des hypernationalistes en maraude et lourdement armés). À chaque fois, nous avons réussi à nous rassembler à nouveau et à reprendre notre manifestation. J’aimerais prendre cette nuit, elle aussi, comme un emblème de cette époque.