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Haaretz, 25 janvier 2004


La tentative, mercredi dernier, de demanteler l’avant-poste du College
Kahana a Tapouah a presque reussi. Des centaines de soldats et de policiers
avaient arrete 25 personnes ayant essaye de stopper le demantelement du
grand batiment, et ont fini par le detruire eux-memes. Mais quelques heures
plus tard, des dizaines de colons sont retournes sur les lieux, et ont
reconstruit un batiment provisoire. Quand l’armee a exige que celui-ci soit
demoli, les colons hors-la-loi se sont abrites sous la loi, en declarant que
les soldats n’etaient pas autorises a demanteler le batiment a moins d’avoir
un ordre officiel ecrit leur ordonnant de le faire.

Il apparait donc que la guerre de demantelement des avant-postes (ce
demantelement etant une promesse faite par Israel du temps de la feuille de
route, et avant) est un mensonge. On aurait pu s’attendre a ce qu’une courte
action militaire de demantelement, sur des ordres signes par le premier
ministre et par le ministre de la Defense (ordres non susceptibles d’etre
contestes juridiquement) ait reflete une decision politique, et produit des
resultats rapides. Mais non. Les colons considerent toute cabane ou tout
container comme un objet saint, inamovible une fois pose sur le terrain.

Pour renforcer leur position, ils se referent a une definition trouble
utilisee par Ariel Sharon, qui parle d' »avant-postes non autorises », et qui
donc semblent attendre une quelconque autorisation. On peut trouver une
definition precise de ce statut dans une declaration du chef d’etat major
devant la commission des Affaires etrangeres et de la Defense de la Knesset
: « certains des avant-postes ont ete crees avec une certaine indulgence du
niveau politique, mais pas en accord avec la loi ». Il n’y a vraiment aucune
limite a l’absurde.

Dans les jours a venir, Tsahal prevoit d’evacuer huit autres avant-postes
ayant ete declares « non autorises ». Mais l’experience, et en particulier
l’echec de la semaine derniere, fait emettre de serieux doutes sur la
capacite du gouvernement, ou sur sa volonte, a mettre ses decisions a
execution. Cela pourrait aussi temoigner du manque de serieux du plan de
separation de Sharon, qui doit (entre autres) evacuer plusieurs dizaines de
colonies isolees et plusieurs milliers de colons des lieux ou ils vivent
actuellement.

Sharon, pour sa part, s’est debrouille pour diluer son propre plan, en
declarant que ses principes devraient etre examines par le gouvernement, et
soumis a l’approbation du parlement (ce qui signifie que ce plan dependra du
soutien de la coalition de droite au pouvoir). Et pourtant, il s’agit du
seul plan israelien qui, semble-t-il, soit d’actualite.

Le demantelement des avant-postes ne fait pas partie du marchandage
diplomatique, gelé de toutes facons depuis de nombreuses semaines. Il s’agit
d’une obligation vis-a-vis du gouvernement americain., et aussi d’une
obligation naturelle pour un gouvernement desireux de faire respecter la
loi. De plus, l’evacuation d’avant-postes constitue le coeur du mandat que
le premier ministre cherche a obtenir du public. L’inaction, les accords
avec les colons ou les demantelements pour la galerie mais sans resultat ne
peuvent etre definis que d’une seule maniere : une caution du gouvernement a
des hors-la-loi. Au cas ou quelqu’un aurait encore eu des doutes sur Sharon,
la situation des avant-postes fournit une preuve irrefutable de ses
veritables intentions : eliminer toute chance de negociation avec les
Palestiniens.