Plus de trois mois après le début de la guerre contre le Hamas, suite aux crimes atroces et aux viols qu’il a perpétrés le 7 octobre, les forces de Tsahal intensifient leurs combats dans la bande de Gaza et la situation des populations devient chaque jour de plus en plus dramatique. Le nombre de soldats tués depuis l’entrée de l’armée israélienne dans la bande de Gaza augmente chaque jour (175 à cette date) ainsi que celui des victimes palestiniennes (plus de 21000 selon le ministère de la Santé palestinien). Dans le nord, le Hezbollah continue de lancer des roquettes contre des cibles civiles et militaires, tout en ne s’engageant pas dans une guerre généralisée, même après l’élimination à Beyrouth de Saleh Al-Aouri, le numéro 2 du Hamas par un drone israélien. Les Houthis au Yémen poursuivent leurs attaques contre les cargos en mer Rouge obligeant les marines occidentales à intervenir pour rétablir le passage des navires dans un détroit qui est vital pour le commerce international.

Les négociations pour libérer les 132 Israéliens toujours otages du Hamas semblent arrêtées, réduisant l’espoir de les récupérer tous vivants. Les propos des ministres israéliens appartenant aux partis d’extrême droite évoquant le déplacement possible de populations gazaouies vers des pays tiers suscitent des condamnations de plus en plus vives de la part de pays alliés d’Israël alors que les violences des colons contre les Palestiniens en Cisjordanie et la répression de l’armée sont condamnées à l’ONU.

Le Premier Ministre Benjamin Netanyahou, son ministre de la Défense Yoav Gallant ainsi que Beni Gantz, qui participent tous les trois au cabinet de guerre restreint, continuent d’affirmer que les objectifs de guerre restent l’éradication du Hamas et le retour des otages, mais ils ne fixent toujours pas d’objectifs politiques à cette guerre avec un plan pour le « jour d’après », un plan que ce gouvernement serait bien en peine de définir compte tenu de la composition de sa coalition.

La population israélienne continue à soutenir son armée et à se mobiliser pour aider les réfugiés qui ont dû quitter leurs localités situées près des frontières Sud et Nord et pallier ainsi les déficiences de l’État, mais elle reste divisée sur la façon de gérer la situation à Gaza après la guerre. Et pourtant il faut dès maintenant s’y préparer et construire les alliances nécessaires pour la prendre en charge. Vivant encore sous le coup du traumatisme du 7 octobre et des annonces quotidiennes des soldats tombés au combat, elle se préoccupe peu de la situation de la population de Gaza dont les images sont absentes des chaînes de télévision israéliennes.

Israël ne peut pas poursuivre cette guerre sans le soutien constant des États-Unis. Combien de temps ceux-ci pourront-ils continuer à le faire si ce gouvernement ne définit pas ses objectifs pour l’après-guerre et ne met pas un frein aux comportements de ses extrémistes ?

Quels sont les scénarios possibles pour le « jour d’après » ?

Elie BARNAVI, professeur émérite d’histoire de l’Occident moderne à l’Université de Tel-Aviv, ancien ambassadeur d’Israël en France, directeur du comité scientifique du Musée de l’Europe à Bruxelles. Auteur de nombreux ouvrages sur Israël, les religions et le conflit.

Jean-Pierre FILIU, chercheur au CERI, professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po (Paris). Auteur de nombreux ouvrages, sur le monde arabe et l’Islam contemporain, diffusés en plus de quinze langues.

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