L’ancien ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée israélienne, aujourd’hui seul élu du parti Kadima qu’il dirige, propose d’offrir des fonds à l’Autorité palestinienne pour subventionner les infrastructures et l’aide sociale à Gaza en échange de l’abandon des roquettes et missiles.

Transmis il y a une semaine déjà à Benyamin Nétanyahu, ce plan a pour objectif un règlement à long terme, obtenu à la faveur de la crise actuelle et après que les armes se soient tues… Un cessez-le-feu pour le moment incertain, alors que le Hamas est divisé entre directions politique et militaire, entre trois centres de direction dont ses représentants au Caire, et a quelque mal a présenter l’issue des hostilités comme une victoire.

Ce plan reste donc une option valide pour le jour où des négociations véritables pourront reprendre dans le silence des armes, aujourd’hui même, demain, la semaine prochaine…


Dans le cadre des discussions autour d’un éventuel cessez-le-feu, on s’attend à ce que le cabinet de sécurité délibère des détails d’une nouvelle initiative économique de 50 billions de dollars en échange de la démilitarisation de Gaza émise dimanche par le général Shaul Mofaz.

Le membre de la Knesseth a parlé de son plan au Premier ministre Benyamin Netanyahu la semaine dernière, lors d’une session du comité des Affaires étrangères et de la Défense qui s’est tenue à la Kyriah [1] à Tel-Aviv; il soumet aujourd’hui les détails de son plan au président du Conseil de sécurité nationale.

«Il sera difficile, sans effectuer une dissuasion énergique et faire payer le prix fort au Hamas, de parvenir à un scénario de sortie [de crise] qui assure la sécurité des citoyens israéliens et préserve durablement leur tranquillité», écrit Mofaz dans la proposition.

«Nous avons besoin d’une fin de partie différente, qui rétablisse la sécurité à long terme, et pas seulement dans l’avenir immédiat.»

Mofaz pense que le président Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne, l’Égypte, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie, les autres États arabes et – surtout – les États-Unis ont un rôle à jouer dans cette conclusion, et le devoir d’en dessiner les contours.

«L’offre de médiation du président Barack Obama dans l’affrontement en cours entre Israël et le Hamas, s’ajoutant à l’engagement des États-Unis et des États occidentaux de priver la Syrie de ses armes chimiques, soutiendra la demande israélienne de supprimer les roquettes et les missiles de la bande de Gaza et, plus généralement, de neutraliser les “tunnels de la terreur” [2] menant au territoire israélien», a dit Mofaz.

Selon le président de Kadima, «en contrepartie, la situation de la population dans la bande de Gaza s’améliorera, et il y aura un bouquet d’aides stratégiques et économiques à l’intention des résidents de Gaza. Dans même temps, la politique d’ouverture des points de passage [entre la bande de Gaza et Israël] s’assouplira, à condition que la sécurité perdure en Israël».

Mofaz a dit qu’Israël en bénéficierait à de multiples égards – en voyant levée la menace des missiles, roquettes, et “tunnels de la terreur” et par un «progrès sensible dans la légitimation de l’État d’Israël si les accords devaient être rompus du côté palestinien».

Pour la population de Gaza, Israël offrirait un «bouquet significatif d’aides économiques comprenant un budget de 50 billions de dollars sur cinq ans alloué aux infrastructures, à l’assistance et la sécurité sociale, à l’éducation et l’emploi».

D’aprés Mofaz, il faut que le principe de la démilitarisation soit au fondement de tous les arrangements de sécurité à venir avec l’Autorité palestinienne; le désarmement de Gaza est essentiel pour tout accord futur en Cisjordanie.

«Cette proposition constituera un cadre de référence pour tout arrangement régional à venir avec Abu Mazen [Mahmoud Abbas] et les États arabes modérés. Parallèlement à l’attaque militaire, Israël devrait lancer dès maintenant une offensive de communication et rallier l’appui international au désarmement de Gaza en termes de missiles, roquettes et “tunnels de la terreur”.»

Le responsable de Kadima a souligné «qu’une fois réalisés les objectifs opérationnels d’Israël et lorsque le Hamas demandera un cessez-le-feu, l’opportunité s’offrira d’opérer un changement fondamental et de briser le cycle des combats».


NOTES

[1] La “Cité”, qui abrite au sud de Tel-Aviv l’état-major, les bureaux du ministère de la Défense, etc. (et qui devrait déménager par pans successifs pour faire place à des projets immobiliers).

[2] Tunnels permettant la pénétration à partir de la bande de Gaza d’individus ou de groupes en vue de perpétrer des attentats en Israël.