Je savais que je commencerais par ces mots [popularisés lors de l’adieu à Rabin] tant j’ai l’impression que c’est un morceau d’histoire qui nous quitte avec la disparition de Daniel Rachline.

Pas l’Histoire sous les lumières des projecteurs, mais l’autre, plus obscure, discrète, anonyme, celle de la militance, de ces femmes et de ces hommes que seule leur conscience pousse à agir durant des années, des décennies pour les plus engagés… et Daniel était de ceux-là!

Français et juif, dans cet ordre rappelait-il parfois dans une colère qui, tel l’orage, se terminait toujours – ou presque – par un rayon de soleil, il s’était engagé depuis des dizaines d’années pour une solution du conflit israélo-palestinien passant par la reconnaissance des droits nationaux des deux peuples. Il a été parmi les fondateurs du Comité français du Centre International pour la Paix au Proche Orient, présidé par Marie-Claire Mendès France, il a apporté son soutien sans relâche aux envoyés du Mapam (parti ouvrier israélien de gauche) en France (Arieh Yaari, Arieh Shapir, Avraham Rozenkier, Dov Puder), aux côtés des Hugues Steiner, André Wormser, Henry Bulawko, Elisabeth de Fontenay… Ne parlons pas, tant c’est évident, de sa chaleureuse participation à La Paix Maintenant et à JCall, dont il comptait parmi les membres fondateurs – en 1980 pour LPM et 2010 pour JCall, dont il était jusqu’à ces tous derniers jours, le trésorier.

Assumant les différentes facettes de son identité, son engagement ne se limitait pas au seul conflit israélo-palestinien. D’autres associations ont également bénéficié de son apport. Citons à titre d’exemple, Amnesty international, Ciné-Histoire et Mémoire 2000, qui s’adresse aux jeunes scolaires à travers le cinéma pour les informer et les sensibiliser à toutes les formes d’atteinte aux droits humains: racisme, antisémitisme, exclusion, sexisme, handicap…

Daniel a eu la joie récemment de voir pérenniser la mémoire de son père, au travers de l’ouvrage que lui a consacré son frère François et de l’inauguration du jardin Lazare Rachline au cœur du Marais (9 rue Payenne, Paris 3ème).

Il n’aura en revanche pas éprouvé la satisfaction d’assister, sinon à la conclusion d’un accord entre Israéliens et Palestiniens, du moins à une relance du processus et une reprise des contacts. D’un optimisme chevillé au corps, il n’avait pas perdu espoir que cela advienne. En cela, nous lui resterons fidèles.