Le passé est devant nous. Un scénario déjà connu. Ancien.

La seule nouveauté, ce sont les victimes. Celles d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier. Ce ne sont pas des figurants qui à chaque prise de vue, pardon, à chaque bombardement, reprennent leur place. Le bébé tué, la femme de 80 ans grièvement blessée, cette femme enceinte, ce père de quatre enfants à Ashkelon… et des dizaines d’autres victimes, ce sont toutes de nouvelles vies anéanties, brisées.

Voilà ce à quoi mène la « gestion du conflit » plutôt que sa « résolution ». L’accord du siècle, pour l’instant, c’est celui qui pérennise le contrôle de Gaza par le Hamas, celui qui permet au « parrain » qatari d’acheminer sa protection, celui de la tolérance aux roquettes en contre-partie de l’effondrement de l’Autorité palestinienne et la poursuite des implantations dans les territoires.

Certes quand le Hamas veut que les manifestations près de la barrière se déroulent sans provocations, il l’obtient. Quand le Hamas laisse des snipers tirer sur des soldats israéliens, il sait qu’il y aura des représailles. Quand il tire ou laisse tirer des missiles le jour de Yom Hashoah, il sait ce qu’il fait.

Il le sait encore mieux quand il tire plus de 300 roquettes. Il sait ce que les civils vont endurer alors que depuis plus d’une décennie, il n’a RIEN fait pour assurer un minimum de protection à sa population mais a choisi de dépenser des fortunes pour construire des tunnels ou bien encore d’installer bureaux ou entrepôts dans des immeubles habités par des civils.

Rien de surprenant de la part du Hamas qui réchauffe la frontière pour obtenir le versement de son argent, qui à l’approche du Ramadan veut soutirer quelques améliorations dans le quotidien des Gazaouis et qui, gérant lui aussi le conflit, a compris qu’à l’approche de Yom Hatzmaout et de l’Eurovision, le contexte lui est favorable.

Mais tout cela ne justifie en rien le choix qui a été fait par le gouvernement israélien ni n’excuse tant le dénuement des Gazaouis que la guerre d’usure à laquelle est soumise la population du Sud depuis des années, prix que Netanyahu est disposé à payer pour ne rien concéder en Cisjordanie.

Ilan Rozenkier