On s’en souvient, suite à la directive de l’Union européenne sur l’étiquetage des produits des colonies, Nétanyahou avait trouvé judicieux de dénoncer une discrimination, d’accuser l’UE de participer au boycott d’Israël – et d’ordonner le 29 novembre 2015 “un boycott de l’UE” à travers un «réexamen de l’implication des institutions européennes dans tout ce qui a trait au processus diplomatique avec les Palestiniens».

Cette mesure hypocrite qui se focalisait sur l’UE alors que l’application de cette directive est du ressort des États membres – auxquels il est plus difficile, et risqué, de s’attaquer – relevait avant tout de considérations de politique intérieure et traduisait une approche politicienne et étriquée de la politique étrangère d’Israël.

Il n’aura pas fallu longtemps pour que les autorités israéliennes descendent de l’arbre sur lequel elle s’étaient perchées. Vendredi dernier, Benyamin Nétanyahou a annoncé la normalisation des relations après une conversation téléphonique avec Federica Mogherini, « ministre des AE de l’UE ». Seule contrepartie une nouvelle atteinte à l’image d’Israël en Europe.

Federica Mogherini est en effet revenue sur des déclarations antérieures sans rien changer sur le fond et sans renoncer bien entendu à l’étiquetage.
On ne peut que se féliciter cependant du retour à un certain réalisme de la part de Nétanyahou et du constat que la constance des institutions européennes a fini par le faire plier…

À moins que, plus cyniquement, il se soit agi de choisir le « mal » de préférence au « pire ». Certains analystes israéliens font en effet remarquer que le projet français d’une Conférence de paix internationale est jugé particulièrement préoccupant, même après le départ de Laurent Fabius.

Federica Mogherini, quant à elle, n’apprécierait pas l’activisme français et souhaiterait promouvoir une initiative plus modérée à travers le Quartet (USA, Russie, UE et ONU) où l’influence américaine est plus perceptible. Parler à Mogherini afin de contrecarrer l’initiative française serait ainsi à l’origine du rapprochement avec l’Union Européenne.

En attendant, rien, ou si peu, ne se passe sur le terrain ; et la situation ne cesse de se dégrader…