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Ha’aretz, 24 novembre 2004

(Trad : Tal Aronzon pour La Paix Maintenant)


Les colons ont fait, ces derniers temps, des choses que l’on aurait définies comme des actes de violence, voire de terrorisme, si leurs auteurs avaient été palestiniens. Comme, par exemple, saboter la barrière de séparation. Il ne s’agissait pas de la détruire, mais de harceler les soldats en déclenchant les alarmes sans raison. Si un Palestinien en avait fait autant, les soldats lui auraient certainement tiré dessus.

Et comment Tsahal [l’Armée de défense d’Israël] réagirait-elle si des Palestiniens semaient des clous sur la chaussée pour crever les pneus de véhicules militaires ? Cela serait qualifié de « sabotage prémédité » et porté dans les statistiques au registre des actes de terreur. Et s’il faut parler de la vilenie de cet acte, notons qu’il visait directement une ambulance militaire venue récupérer un Palestinien blessé dans des affrontements avec les colons à propos de la cueillette des olives. De tels exemples montrent les progrès de l’extrémisme ces mois derniers parmi les colons. À leur corps défendant, ces extrémistes attisent le terrorisme palestinien.

Bloquer un véhicule militaire à Yitzhar, ou traiter de « nazis » les soldats qui escortent l’administrateur du plan de désengagement, Yonathan Bassi, que ce harcèlement empêche de rejoindre sa destination, peut sembler moins grave que les faits précédemment cités, il n’en est pas moins clair que la loi a été violée. A-t-on appréhendé ou poursuivi qui que ce soit ? Les attaques contre les cueilleurs d’olives et la destructions de biens palestiniens se poursuivent depuis des années – sans que nul n’arrête les agresseurs ni les vandales.

Des officiers supérieurs, au Haut Commandement, manifestent une certaine inquiétude, disant n’être plus aussi sûrs qu’auparavant qu’aucun colon n’ouvrirait le feu sur les soldats en cas d’évacuation des implantations. Ils relèvent des signes de ce que certains groupes de colons échappent désormais à tout contrôle. Leur hostilité n’est pas seulement dirigée contre les Palestiniens mais contre quiconque représente le pouvoir en place en Israël.

Reste à espérer que le Shin Beth [les Services de sécurité du territoire] soit informé à temps et assez précisément de ce qui se trame. Si tel n’était pas le cas, les services secrets devraient mettre cette enquête en tête de leurs priorités. Les extrémistes, quant à eux, considèrent le Shin Beth comme un ennemi et voient comme de la légitime défense les méthodes dont ils usent et qu’ils se repassent entre amis et alliés pour contrecarrer son travail.

Parmi les colons, le noyau dur des extrémistes est en Samarie [[Nord de la Cisjordanie, de la ligne verte à la vallée du Jourdain.]], pas au Goush Katif [[Bande de Gaza.]]. On estime généralement que lorsque l’évacuation du Goush Katif commencera, les « gens des collines » [[Groupe en rupture de légalité, créant chaque fois de nouveaux avant-postes – généralement sur les lignes de crête.]] de Samarie descendront au sud, vers Gaza, pour se joindre à la lutte contre l’armée et la police venues évacuer ceux des colons qui refusent de partir de leur plein gré. Tsahal et la police sont vues par ces « gens des collines » comme les représentants d’un pouvoir ennemi.

Il en va de même dans le nord de la Cisjordanie. Sur les quatre colonies qu’il est prévu d’évacuer, il en est une, Sa Nur, où un groupe d’extrémistes ont emménagé en déclarant qu’ils refuseraient tout départ. L’endroit était autrefois un village d’artistes, mais ceux-ci sont partis et les nouveaux occupants les ont remplacés. Comme pour le Goush Katif, l’armée a dressé pour la Samarie des plans d’évacuation. Ceux-ci ont été préparés avant même que la question des compensations ait été réglée.

L’armée s’attend à ce que tous ces endroits attirent des gens venus de l’extérieur pour tenter d’empêcher l’évacuation. Ils essayeront sans doute de monter de nouveaux avant-postes pendant le processus d’évacuation ou de revenir ensuite sur les lieux pour rétablir l’implantation. C’est une perte de temps que de vouloir les en dissuader à coups de campagnes d’information. Des mesures administratives doivent être prises à leur encontre, et leurs armes confisquées. On aurait dû procéder sur le champ à des arrestations quand ils ont bloqué un véhicule militaire à Yitzhar, ou muter la compagnie. Si l’on pense en être au point où des coups de feu vont être tirés, il faut agir contre les extrémistes, tout de suite.