Asharq Al-Awsat, 17 juin 2007

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Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


La pire des insultes faites à la nation palestinienne, qui a constaté avec embarras et dépit ce qui s’est passé sous ses yeux. La scène a été terrible. Ce fut l’un des pires massacres dans l’histoire de Gaza. Les soldats du Hamas ont tué des dizaines de membres du Fatah. Ceux qui étaient encore en vie et levaient leurs armes en signe de reddition, ils les ont tirés de chez eux pour les abattre, devant des miliciens du Hamas faisant le « V » de la victoire et déclarant, toute honte bue, qu’ils avaient libéré Gaza.

Qu’est-ce qui se passe? N’est-il pas absurde que le Hamas choisisse de combattre le Fatah alors que les Israéliens ne se trouvent qu’à un jet de pierre? Le Hamas pouvait-il se contenter de n’être qu’un simple instrument aux mains des Iraniens pour saboter la situation et déstabiliser la région, comme il l’a fait l’été dernier, quand il avait enlevé un soldat israélien et qu’en représailles, Israël s’en était pris au Hamas? Cette fois, le Hamas a choisi de s’attaquer aux QG du Fatah et aux bureaux de la présidence, et de poursuivre ses fonctionnaires. Il a donc gagné la bataille sur le terrain. Mais quelle sorte de victoire le Hamas célèbre-t-il exactement?

Le Hamas a enterré la cause palestinienne et jeté aux orties le respect du monde à l’égard des droits des Palestiniens. Bien plus, il a amélioré l’image d’Israël et saboté tout espoir d’un Etat palestinien indépendant. Ce qu’a accompli le Hamas n’est que le début d’une dissidence qui dit adieu à la cause et bienvenue à une guerre fratricide.

Les sociétés arabes sont souvent connu des jours difficiles, mais celui-ci est le pire dans l’histoire arabe. Pour cette raison, le monde arabe doit prendre une position tranchée, et ne pas accepter la partition de la Palestine, même si elle est le fait de son propre peuple. Le monde arabe n’accepte pas le silence alors qu’un parti palestinien en massacre un autre. Le monde arabe n’acceptera pas qu’un premier ministre limogé [Ismaïl Haniyeh] annonce son soutien aux tueries, à l’anarchie, aux pillages, aux incendies et à la vengeance contre les Palestiniens du Fatah et de l’Autorité palestinienne (AP), et à la prise de ses QG et de ses bureaux, comme l’ont fait les hommes de Haniyeh. Le monde arabe doit prendre une position claire et ferme, et annoncer qu’il soutient la légitimité que représente l’AP, et non le Hamas ou le Fatah. Cette légitimité s’incarne avant tout par son président, qui a provoqué des élections, admis le Hamas dans la compétition électorale, respecté ses résultats, et donc nomme Ismaïl Haniyeh premier ministre, en lui accordant tout le soutien nécessaire.

Aujourd’hui, le président Mahmoud Abbas a été forcé de limoger Haniyeh. Celui-ci connaissait, et peut-être soutenu, les crimes qui ont été commis. Il a été limogé parce qu’il a été celui qui a annoncé l’abolition de l’AP et permis à ses hommes de supprimer tous les postes qui symbolisaient cette autorité. Le porte-parole officiel du Hamas a annoncé que la bande de Gaza était libérée de sa bande de traîtres, ce qui voulait dire de l’AP elle-même.

Tout le monde sait que Mahmoud Abbas a montré beaucoup de patience envers Haniyeh, le Hamas et ses pratiques, son mépris pour les accords signés, le fait qu’il a porté ses armes contre l’AP, outre ses relations avec l’Iran et le fait qu’il permettait à Khaled Mesh’al de diriger le Hamas depuis la Syrie.

Pendant des mois, Abbas a refusé les exigences du Fatah de retourner vers le peuple par des élections anticipées, par lesquelles il pourrait exprimer son point de vue sur ceux qu’il souhaitait voir diriger la Palestine. Le Hamas ne veut pas de la décision du peuple, car il sait que les Palestiniens sont extrêmement déçus de sa manière de gouverner. Le Hamas n’a ni combattu Israël, ni respecté les accords, ni soulagé les souffrances d’un peuple qui a survécu aux pires moments qu’ont connus les territoires palestiniens occupés depuis le début de l’occupation israélienne.

La Ligue arabe doit reconnaître la légitimité du président [Abbas] et laisser les Palestiniens choisir leur premier ministre par les élections. S’ils veulent Haniyeh, alors il doit rester. S’ils n’en veulent pas, un autre candidat doit se présenter, qui aura leurs faveurs.