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Haaretz, 6 janvier 2004

Trad. Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Le Premier ministre Ariel Sharon n’a pas vraiment satisfait ceux qui, à la
conférence d’Hertzliya, désiraient comprendre ce à quoi il pense réellement quand il parle d’une carte de désengagement. Il s’est contenté de déclarer que les colonies qui seraient évacuées seraient celles « qui dans tout futur accord définitif ne feraient pas partie du territoire de l’Etat d’Israël ». D’autre part, Sharon a promis de « renforcer le contrôle sur les portions de la Terre d’Israël qui demeureraient inséparables de l’Etat d’Israël dans tout futur accord ».

Sharon a terminé son discours par ce qu’il considérait comme un mot d’esprit
: « je sais que vous voulez entendre des noms, mais il vaut mieux laisser
quelque chose pour plus tard ». Il n’est cependant nul besoin d’attendre la
seconde partie de la devinette pour connaître quelles « portions de la Terre
d’Israël » il considère comme « inséparables de l’Etat d’Israël ». Le tracé
approuvé de la clôture de sécurité annexe toutes les colonies de la Zone C, qui (d’après les accords d’Oslo, ndt) est sous le contrôle total, militaire et civil, d’Israël, des colonies un peu à l’Est de la ligne Verte, le bloc d’Etzion, Beit Arieh, et le Grand Jérusalem. Et l’enclave d’Ariel avance.

La cloture Est n’ayant pas encore été soumise au gouvernement pour
approbation, il n’existe aucun tracé officiel permettant de savoir quelles portions de ce secteur font partie du plan de désengagement de Sharon, et quelles portions sont destinées à être annexées. Mais il n’est pas très difficile de se représenter la carte du Premier ministre dans cette zone. Il suffit de cliquer sur le site web du département colonies de l’Organisation mondiale sioniste (World Zionist Organization, WZO) et de lire les règles définissant le « peuplement de la Vallée du Jourdain – Deuxième Phase ». Ce développement offre toute une série d’avantages destinés à encourager les jeunes familles désireuses de s’installer dans la région, fondés sur une une décision gouvernementale prise 10 jours avant que Sharon ne déclare à Herzliya qu' »il n’existe pas d’avantages économiques particuliers » à s’installer dans les territoires.

Il est inconcevable que le premier ministre n’ait pas dit la vérité. On peut donc supposer qu’il a voulu dire que la suppression des avantages liés à une
insatallation dans les territoires ne s’appliquerait pas aux « portions du pays qui seront une partie inséparable de l’Etat d’Israël dans tout futur accord ». Donc, si nous dressons la liste des colonies de la Vallée du Jourdain incluses dans l’opération, nous decouvrirons le « boulevard oriental » de la carte de Sharon. En reliant ces colonies en pointillé et en mesurant la surface, nous pouvons saisir ce que veut dire Sharon sur le plan géographique quand il parle de la Vallée du Jourdain annexable à Israël.

D’apres la documentation fournie par le WZO, les avantages iront aux nouveaux colons qui s’installeront dans la zone couverte par les conseils régionaux de Megillot, de Maale Ephraim et de la Vallée du Jourdain. La première phase de l’opération concernait les colonies de la « route Allon » (Rimonim, Kokhav Hashahar et Mitzpe Jericho). Pour la deuxième phase, seuls des appartements vides de Rimonim sont concernés.

Un coup d’oeil à la carte montre que ces colonies impliquent une définition très large de la « Vallée du Jourdain », du d »sert de Judée au Sud, jusqu’à Maale Ephraim au Nord, qui se trouve à 15 km du Jourdain et à 490 m au-dessus du fond du bassin. La carte de désengagement de Sharon fait ainsi de la route Allon la clôture orientale, et laisse à Israël 25% supplémentaires de la Cisjordanie, en plus des 15% couverts par le « boulevard occidental » qui d’après le plan Sharon constituera une partie inséparable de l’Etat d’Israël dans tout futur plan de paix.

L’importance de cette carte va au-delà des chances même de parvenir à un
accord sur le probleme territorial. La Vallée du Jourdain est la seule réserve de terres disponible pour l’Autorité palestinienne qui pourrait être utilisée pour absorber des réfugiés. C’est l’endroit où le ministère du Plan de l’Autorité palestinienne a prevu d’installer quelque 700.000 réfugiés, dans le cadre d’un plan de développement de sept ans.

Pour faire court, le plan de désengagement de Sharon est un plan de désengement de tout espoir de parvenir à un accord dans le futur.