Ma’ariv, 20 octobre 2005

Scission au Hamas ?

Selon certaines informations émanant des services secrets palestiniens, le Hamas dans la bande de Gaza se serait scindé en deux groupes qui s’affrontent pour la direction et la ligne du mouvement, en particulier sur la question des attentats terroristes. Des informations obtenues par Israël le confirment.
D’après ces informations, l’un des commandants de la branche armée du Hamas aurait récemment démissionné, en disant que les attentats terroristes à Gaza étaient « dépassés ».
Certains officiels des services de sécurité palestiniens affirment que de profondes différences idéologiques ont séparé le Hamas en deux camps. L’un est dirigé par Mahmoud a-Zahar, et prône une position très extrémiste. « Il voudrait être un nouveau Rantissi, et ne faire aucun compromis sur la question de l’action militaire », dit de lui un officier de haut rang des services de sécurité palestiniens. « Sa rhétorique enflamme la jeune génération qui le suit, mais pas les dirigeants plus anciens. Le seul à avoir suivi a-Zahar est Nizar Rian, que tout le monde à Gaza nomme « le menteur aux quatre épouses ».
De l’autre côté, Ismaïl Haniya, autre personnalité de premier plan au sein du Hamas, adopte une approche beaucoup plus modérée, approche soutenue par la plupart des autres dirigeants à Gaza comme en Cisjordanie. « Haniya a compris qu’il y a aujourd’hui une situation nouvelle », souligne l’officier palestinien. « Il pense que si le Hamas veut gagner aux élections, il n’y a pas d’autre choix que de se débarrasser de ses armes. Il ne sera pas d’accord pour les remettre à l’Autorité palestinienne, mais il pense qu’elles doivent être mises à l‘écart quelque part, et qu’il faut suspendre l’action militaire ». Pour cette source palestinienne, le camp de Haniya jouit d’un soutien important. D’après lui, on peut aussi discerner un certain degré de modération au sein de la branche armée du Hamas. D’après des informations en provenance de l’Autorité palestinienne, le commandant de l’armée populaire, Ahmed Jaabri, ainsi que deux autres commandants, Ahmed Randoud et Marwan Issa, sont eux aussi parvenus à la conclusion que les actions militaires n’étaient pas bien perçues par la rue palestinienne. Ces trois commandants ont été profondément influencés par la réaction de l’opinion palestinienne à l’explosion d’une roquette Qassam dans le camp de réfugiés de Jabalya pendant un défilé du Hamas, où 20 personnes avaient été tuées.

Les services de renseignement israéliens ont constaté, eux aussi, qu’un processus était en cours au sein du Hamas. D’après des informations israéliennes, un combat sans merci serait en cours entre les groupes ennemis autour de l’avenir du mouvement, et même les commandants les plus importants des brigades Qassam seraient divisés là-dessus. « L’un des commandants les plus haut placés, qui a servi pendant longtemps de cible pour les assassinats ciblés, a décidé récemment de démissionner », révèle une source au sein des services secrets israéliens. « Il a informé ses camarades que les actions entreprises ne correspondaient plus aux objectifs qu’il poursuit ».
Il est devenu évident que ces tensions au sein du Hamas ne se restreignent pas aux territoires occupés. D’après certaines informations parvenues en Israël, il existe de fortes dissensions entre les membres du Hamas à Gaza et le QG de Damas. Résultat : certains des dirigeants les plus importants ne parlent plus entre eux.


Jerusalem Post, 18 oct., Daily Star, 19 oct. 2005

La jeune garde du Fatah se révolte

La semaine dernière, 244 membres du parti palestinien le plus important, le Fatah, ont démissionné à Gaza, signe de division interne à la veille d’un vote pour désigner les candidats aux élections législatives. Ces membres, pour la plupart des jeunes originaires de la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, ont signé une lettre de démission en bloc adressée à Mahmoud Abbas : « pendant 10 ans, nous avons tenté d’améliorer la situation au Fatah. Depuis 5 ans, nous avons consenti à d’importants sacrifices pour réformer le parti et le mener vers une voie meilleure. Aujourd’hui nous remettons notre démission pour protester contre le manque de démocratie et de transparence dans le parti ».

Le Fatah est divisé entre une jeune garde qui demande des réformes, et une vieille garde restée en place après la mort de Yasser Arafat et considérée généralement comme corrompue et incompétente. Les démissionnaires ont dit craindre que les primaires ne soient pas honnêtes, car la vieille garde a conservé son influence. Les primaires au sein du Fatah devaient se dérouler début octobre, mais elles ont été repoussées de plusieurs semaines à cause de la lutte pour le pouvoir entre la jeune et la vieille garde. Cette dernière crise est perçue comme un coup sévère porté à Mahmoud Abbas et à ses efforts pour unir le Fatah à la veille de son combat électoral contre le Hamas. « Les divisions au sein du Fatah et l’aggravation de la crise entre la jeune et la vieille garde font le jeu du Hamas », dit un représentant de haut niveau du Fatah à Ramallah.