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Ha’aretz, 11 mai 2006

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Plusieurs membres haut placés des partis palestiniens rivaux, le Fatah et le Hamas, ont signé un programme commun qui accepte l’idée d’un Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israël, a déclaré Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne.

Néanmoins, on ne sait pas si le Hamas, et en particulier ses leaders de l’étranger, qui sont sur une ligne dure, soutiendront ce programme, qui signalerait un assouplissement considérable de ses positions. Jusqu’à présent, le Hamas a repoussé toutes les exigences occidentales de renoncer à la violence, de reconnaître Israël et d’accepter les accords de paix existants.

Ce document a été rédigé par des membres importants du Hamas et du Fatah qui sont emprisonnés en Israël, et il a été présenté mercredi à Mahmoud Abbas. Des prisonniers du FPLP et du FDLP sont également partie prenante de cet accord.

Mahmoud Abbas, le leader modéré du Fatah, a déclaré qu’il soutenait ce document, qui l’autorise également à entamer des pourparlers de paix avec Israël. « Ce document est très important. J’adopte la position de ces héros », a-t-il dit mercredi dernier, en parlant des prisonniers. « Il fait preuve d’une vision politique profonde et réaliste qui, dans une large mesure, correspond à mon point de vue… et c’est pourquoi je l’adopte ».

Aucun représentant important du Hamas n’a pu être joint pour commentaire. Le député du Hamas Salah Bardawi a déclaré qu’il n’avait pas vu le document, mais qu’il considérait les opinions des prisonniers appartenant au Hamas comme importantes.

Le Hamas et le Fatah, rivaux politiques implacables, doivent entamer dans deux semaines des négociations cruciales pour tenter de régler leurs différends, et le document pourrait faire partie de ces négociations.

Les négociations [qui ont précédé la rédaction du document] ont eu lieu dans la prison israélienne de Hadarim, où sont incarcérés Marwan Barghouti, l’un des dirigeants du Fatah, et Abdel Khaled Natche, dirigeant du Hamas. Il n’est pas certain que Natche ait eu l’aval de la direction du Hamas à l’étranger, dont Khaled Meshal, qui réside en Syrie.

Ce document appelle à la création d’un Etat palestinien « sur toutes les terres occupées depuis 1967 », en référence à la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem Est. Une pareille reconnaissance implicite d’Israël marquerait un changement majeur pour le Hamas, qui demeure fidèle à son projet de détruire Israël.

Néanmoins, le document ne renonce pas à la violence et affirme que les Palestiniens « concentreront leur résistance sur les territoires occupés en 1967 ». Depuis février 2005, le Hamas respecte en grande partie la trêve, mais refuse de renoncer officiellement à la violence. De son côté, Barghouti a soutenu la poursuite des tirs et des attentats à la bombe contre les Israéliens en Cisjordanie et à Gaza, contrairement à Abbas, qui a déclaré son opposition à toute violence.

Le document autoriserait Mahmoud Abbas à entamer des négociations avec Israël, sur la base de ce qui est appelé une « légitimité arabe », référence probable à une initiative arabe qui appelle à une solution à deux Etats. Tout accord doit être, soit soumis au Parlement palestinien, soit à tous les Palestiniens par référendum.

Si ce programme était adopté, le document affirme que le Fatah se joindrait au Hamas pour former un gouvernement.