Haaretz, le 6 août 2004

[->http://www.haaretz.com/hasen/spages/461224.html]

(Trad : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant)


Yonatan Bassi, coordinateur du plan de desengagement justifie ce plan de
retrait (dans le numero de Globes du 29 juillet) en expliquant qu’a Gaza  »
il y avait 600.000 arabes. Il y en a environ 1.4 million aujourd’hui…
Dans quelques annees, il va nous arriver ce qui est arrive en Afrique du
Sud. Les Nations-Unies vont decider que soit nous donnons le droit de vote
a tous, soit nous deviendrons les parias de la famille des nations.
Curieusement, le plus grand danger qui nous guette est… que l’Intifada
s’arrete, car alors nous nous endormirions et nous reveillerions au milieu
d’un Etat binational.  »

Ceci est la doctrine demographique apocalyptique classique mais servie sur
un plateau demagogique. Car ce scenario apocalyptique n’a strictement rien
a voir avec l’evacuation de Gaza. Il est vrai que ce plan s’affiche comme
voulant ameliorer l’equilibre demographique d’Israel mais on ne voit pas
comment. Est-ce que l’evacuation de 7000 Israeliens de Gaza inflechira la
tendance selon laquelle il y aura 2.3 millions d’Arabes a Gaza en 2020 et
5.1 millions en 2050 ? Est-ce que le fait d’abandonner ce plan de
desengagement va obliger Israel a donner le droit de vote aux
Palestiniens. Est-il plausible que les Nations Unies, qui ont toujours
soutenu la solution a deux Etats, se convertisse au principe d’un Etat, et
ce contre la majorite des pays membres, Israel et les Etats-Unis inclus ?

En effet, depuis 10 ans, tous les gouvernements israeliens ont implemente
des procedures de separation politique d’avec la population palestinienne
des Territoires. Les grandes villes de la Cisjordanie et de la Bande de
Gaza ont ete evacuees depuis longtemps. Le nombre de Palestiniens entre
[le Jourdain] et la mer n’est plus un parametre pertinent en ce qui
concerne le caractere juif et democratique de l’Etat [d’Israel]. Le
processus demographique qui a cours dans les Territoires est devenu le
principal probleme des Palestiniens qui doivent trouver les moyens de
construire des institutions et une economie stables.

Une population qui double a chaque generation et qui est incapable de
faire avancer son economie a ce rythme se condamne elle-meme a un retard
economique et a plus de pauvrete. Le probleme des habitants de Gaza n’est
pas  » un homme, un vote  » . Ils pourront toujours participer aux scrutins
de l’Autorite Palestinienne. L’essence du probleme de Gaza etait et reste
 » un homme, un travail  » et le plan de desengagement risque d’aggraver ce
probleme.

Le rapport du Developpement Humain Arabe [du Programme des Nations-Unies
pour le Developpement] [1] dit que le tiers de la population du monde
arabe vit avec moins de deux dollars par jour. Ce chiffre doit etre double
a Gaza. S’ils le voulaient, les Palestiniens pourraient prendre exemple
sur de nombreux pays de la region qui ont reussi a reduire leur taux de
natalite. Tandis que le taux de natalite des Palestiniens est actuellement
de 5.9 enfants par femme (a Gaza, il atteint 6.6), ce taux est tombe a 2.9
en Egypte, 2.1 en Tunisie, 3.6 en Syrie, 2.2 au Liban et 4.3 en Jordanie.
Celui de l’Iran est brutalement tombe a 2.1 enfants par femme. Les
institutions internationales qui soutiennent les Palestiniens feraient
bien de correler leur soutien a un planning familial efficace chez les
Palestiniens, comme il l’a ete demande a l’Egypte.

Les programmes etats-uniens et europeens, qui soutiennent le developpement
du Moyen Orient (preconises dans de nombreux sommets et inspires par le
rapport du Developpement Humain Arabe) et qui cherchent a ameliorer la
question des libertes, de l’education et du statut des femmes, doivent
aussi atteindre les Palestiniens. De telles reformes, associees a la
reduction du taux de natalite de la region pourrait stabiliser le probleme
demographique palestinien, qui est plus le leur que le nôtre aujourd’hui.

Une chose est sûre : tout d’abord, il n’est pas besoin de s’agiter autour
du scenario demographique apocalyptique qu’Israel a deja ecarte. Et il ne
saurait etre question de comparaison avec l’Afrique du Sud ou de menaces
d’Etat binational, comme la propagande palestinienne s’amuse a le
claironner. Nous n’avons aucunement a esperer que l’Intifada continue,
meme a des fins rhetoriques.

Ensuite, si les Palestiniens ne limitent leur croissance demographique et
continuent leur lutte armee et internationale contre Israel, l’apocalypse
pourrait etre leur. Il est dans leur interet et dans le nôtre que cela
n’arrive pas.

1] [