Ha’aretz, 26 mars 2008

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Ze’ev Boim, ministre israélien du logement, a expliqué la construction de 750 nouveaux logements dans la colonie de Givat Ze’ev en affirmant que les permis de construire avaient été délivrés en 1999, mais que la construction avait été arrêtée à cause du « déclenchement des violences ». En clair, la révolte palestinienne. Selon M. Boïm, les entrepreneurs ont saisi le tribunal. Résultat : le gouvernement a approuvé les constructions. Boïm, me semble-t-il, s’adressait aux Israéliens et aux dirigeants de l’étranger qui critiquent cette reprise de la construction. Il n’a pas remarqué que les Palestiniens écoutaient, eux aussi.

Je fais partie de ceux qui ont écouté et compris de ses déclarations que Boïm nous invitait – les Palestiniens – à une troisième Intifada. Cela m’a rappelé la fin des années 90. Les pourparlers de paix étaient au plus haut, et nous n’avions jamais été aussi proches d’un accord. Mais les Israéliens continuaient inlassablement à bâtir des colonies. C’est le cas aujourd’hui. Après Annapolis, la conférence de Paris et la reprise des discussions au plus haut niveau, Israël, une fois de plus, étend ses colonies.

Conclusion : ce n’est que lorsque nous lançons une révolte que cesse la construction dans les colonies ; sous le parapluie des négociations, l’entreprise de colonisation refleurit. Et tout cela, en dépit du fait que tous les Palestiniens et tous les Israéliens savent que les colonies constituent l’obstacle majeur à la signature d’un traité de paix. .

Fort heureusement, la direction palestinienne actuelle est composée de gens qui, comme moi, continuent de croire à une solution pacifique du conflit par la négociation et le dialogue, malgré toutes les difficultés. Nous sommes au bord du désespoir, mais nous espérons encore que le peuple palestinien recevra son dû par des moyens diplomatiques.

Chez nous, nous débattons durement avec ceux qui pensent que seule la violence apportera indépendance et liberté. Les membres du gouvernement israélien entendent-ils notre voix, ou n’écoutent-ils que ceux qui appellent à la lutte armée ? Je sais bien qu’une lutte de ce type n’amènera aucun des côtés à la reddition, et n’engendrera que davantage de souffrances et de deuil. Le gouvernement israélien le comprend-il aussi ?

J’ai écouté attentivement le ministre israélien du logement. Il y a là un message clair : vous voulez que cesse la construction dans les colonies ? La violence est le seul moyen. Le dialogue avec le gouvernement israélien ne servira à rien. Toutes les explications sur l’impact de la construction des colonies qui nuit au processus de paix ne servent à rien. Pas plus que de souligner le désespoir que sèment ces constructions chez les Palestiniens, qui voient comment Israël pratique le fait accompli sur le terrain, sans se soucier des résultats éventuels d’une négociation qui, eux seuls, doivent déterminer cette politique de construction.

Tenter de rappeler que les Palestiniens ont des droits sur leur terre et que la construction dans les colonies constitue une violation du droit international ne mène à rien. Cela n’arrêtera pas la construction, désastre pour les Palestiniens, et désastre pour les Israéliens, car notre vie à tous dépend de la conclusion d’un accord israélo-palestinien.

Que faire ? Si l’on écoute le ministre israélien du logement, seule une révolte violente fera cesser la construction dans les colonies et protégera les intérêts des Palestiniens.

M. Boïm, nous avons bien reçu le message. Y aura-t-il quelqu’un en Israël pour vous accuser d’incitation à la révolte et à la résistance ?