Danit AGHION RUBEN : « Les décisions schizophréniques du gouvernement Netanyahou sont très dangereuses. »

Dans le cadre de Chroniques pour la paix, émission bimensuelle sur Radio Shalom parrainée par La Paix Maintenant et JCall, Paul Ouzi MEYERSON s’entretient avec Danit AGHION RUBEN de la situation chaotique qui règne actuellement en Israël.
Des centaines de milliers de citoyens du pays défilent sans cesse, depuis deux mois, dans toutes les villes, pour défendre la démocratie et l’État de droit. C’est vraiment une mobilisation hors du commun. Mais au même moment, les attentats se multiplient en en Cisjordanie. Deux événements terribles viennent d’y avoir lieu. Deux jeunes Juifs, des frères, ont été assassinés. En guise de représailles, des colons juifs ont mis à sac la ville palestinienne d’Huwara. Il y a au moins un mort et des dizaines de blessés. Le tout donne le sentiment d’un «chaos» régnant de la Méditerranée au Jourdain. Tels sont d’ailleurs les titres de la plupart des médias israéliens.

Danit AGHION RUBEN, architecte israélienne vivant actuellement en France, est l’un des organisateurs des rassemblements d’Israéliens de Paris en soutien à la mobilisation «pour la démocratie en Israël et contre la réforme de la justice voulue par le gouvernement Netanyahou».


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Danit Aghion Ruben se déclare profondément choquée par les événements dramatiques survenus récemment en Cisjordanie : l’assassinat des deux jeunes frères juifs par des Palestiniens près de Naplouse et l’expédition punitive sanglante contre le village palestinien de Huwara menée par certains habitants d’implantations juives. Pour elle, «cette suite sanglante est le résultat des décisions schizophréniques du gouvernement de Netanyahou. Les Palestiniens ont bien repéré qu’il y a des hésitations au sein des organisations de défense et de prévention d’Israël. Les dirigeants de Tsahal et des services de sécurité ne savent plus à qui ils doivent vraiment obéir. D’un côté, il y a Ben Gvir, soi-disant ministre de la Sécurité intérieure, et Smotrich, censé administrer les affaires civiles en Cisjordanie. Ces deux extrémistes promeuvent l’emploi systémique de la force contre les Palestiniens. De l’autre, il y a Yoav Galant, ministre de la Défense et Herzi Halévi, le chef d’État-major. Ceux-là sont les tenants d’une tradition qui respecte l’encadrement légal et mesuré de la violence d’État. Qui décide quoi ? On ne sait pas».

Danit Aghion Ruben justifie son engagement à soutenir, alors qu’elle vit en France, à Paris, la mobilisation en Israël contre le gouvernement Netanyahu par «l’urgente nécessité de sauver le système juridique du pays pour y maintenir l’État de droit». Elle souligne que «jusqu’à présent, la démocratie israélienne, adossée à son organisation de la justice et à la Cour suprême, était appréciée dans le monde entier. Parce que la séparation des pouvoirs était garantie, Israël était reconnu comme appartenant au monde libre». L’architecte israélienne estime que la réforme de la justice préconisée par le gouvernement de Netanyahou éliminera tous les contre-pouvoirs et ouvrira les portes de l’iniquité. Elle affirme qu’«élaborant et défaisant les lois sans entraves, nommant tous les juges à sa guise, le gouvernement pourra s’attaquer sans limites aux droits individuels des citoyens et infléchir le pays vers un régime autoritaire. On verra des personnalités politiques poursuivies par la justice, comme Benyamin Netanyahou et Arié Déri du parti Shass, devenir ministre et accéder à de hautes responsabilités».

Danit Aghion Ruben craint qu’une guerre civile éclate en Israël et dans les territoires palestiniens. Elle considère que la «coalition extrémiste» à la tête de l’État prépare un programme juridique réactionnaire et discriminatoire contre les minorités ethniques et sexuelles, contre les femmes, contre la liberté religieuse… Pour sortir de cette impasse, elle soutient l’initiative du président Herzog, qui propose que le gouvernement Netanyahou annule immédiatement son projet de loi sur la justice et invite l’opposition à la Knesset, ainsi que des grands juristes et des personnalités morales, à se concerter pour définir un nouveau cadre à la justice et à la démocratie israélienne.