David CHEMLA : « Israël vaincra, mais après il s’agira de trouver des solutions politiques pour que ces horreurs ne se produisent plus. »

Dans le cadre de Chroniques pour la paix, émission bimensuelle sur Radio Shalom parrainée par La Paix Maintenant et JCall, Paul Ouzi MEYERSON s’entretient avec David CHEMLA, secrétaire général de JCall-Europe : après les massacres terroristes contre les Juifs et aux menaces d’agression sur plusieurs fronts contre Israël comment parler de la paix, l’envisager même ?


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Pour David Chemla, qui a participé comme soldat de Tsahal à la guerre de Kippour, il y a peu de similitudes entre cette catastrophe stratégique ancienne et celle que vit Israël aujourd’hui. Certes, maintenant comme hier, il y a l’unité nationale et le pays se mobilise entièrement face à la situation d’urgence. Mais la guerre de Kippour a été une affaire de combattants d’armées régulières et les nombreuses victimes du conflit étaient des militaires qui s’affrontaient en terrains découverts. De plus, en 1973, il n’y avait pas d’accords de paix avec l’Égypte et la Jordanie et ces deux pays, plus la Syrie, constituaient un grave danger à la frontière. Aujourd’hui, ce sont des milliers de civils qui ont été attaqués par les milices terroristes du Hamas. Ce sont des femmes, des enfants, des vieillards, qui ont été torturés, tués, pris en otages. Ce sont des kibboutzim, des villages et des villes qui ont été bombardés, incendiés, détruits. Le Secrétaire général remarque, avec tristesse, que « la plupart des yshouvim (1) impactés étaient habités par une population progressiste qui souhaitaient faire la paix avec leur voisins palestiniens. Ces sont ces gens de gauche, vilipendés par Netanyahou ces derniers mois pendant la crise de la réforme de la justice, qui ont été en première ligne lors de l’attaque du 7 octobre sur le pourtour de Gaza ».

David Chemla estime qu’Israël ne peut échapper à la géographie et à la démographie de la régions.  » Les 6 ou 7 millions de Palestiniens ne partiront pas, les 7 ou 8 millions de Juifs resteront, il n’y a donc pas d’autre possibilité que de trouver un accord pour la paix. Si on perpétue l’occupation, si on poursuit le terrorisme, il y aura d’autres massacres et d’autres souffrances. Comme disait le grand écrivain israélien Amos Oz : « il faut que le monde nous aide à divorcer, chacun pourra être chez soi ! »

Dans l’immédiat, le Secrétaire général de JCall juge qu’Israël doit regagner son pouvoir de dissuasion, vaincre le Hamas et récupérer tous ses otages. Il considère qu’après la fin de la guerre, l’organisation palestinienne islamiste évincée, il sera nécessaire de recourir à la diplomatie et à l’aide internationale pour reconstruire Gaza. Il faudra y tenir des élections ainsi qu’en Cisjordanie afin qu’une direction politique palestinienne se mette en place pour négocier un accord de paix avec Israël. David Chemla ajoute : « Ce processus sera difficile, il ne faut pas se faire d’illusions, mais il est certain qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit israélo-palestinien ».

En ce qui concerne les erreurs stratégiques de défense, qui ont facilités les massacres perpétrées par le Hamas contre les juifs, David Chemla s’attend à ce que des commissions d’enquête soient mises en place à l’issue des opérations militaires. « Elles devront, comme après la guerre de Kippour en 1973, pointer du doigt les erreurs et ceux qui les ont commisses, non seulement au niveau militaire mais aussi au niveau politique. Les citoyens israéliens demanderont que l’ensemble du gouvernement, ainsi que Netanyahou lui même en tant que Premier ministre, leurs rendent des comptes ».

(1)yshouvim : villes de peuplement juif en Israël

Mis en ligne le 4 novembre 2023