Ilan ROZENKIER :  » Ce n’est pas un parti qui en remplace un autre, c’est une conception du sionisme qui risque de se substituer à celle qui prévalait… »

Dans le cadre de « Chroniques pour la paix », émission bimensuelle sur Radio Shalom parrainée par La Paix Maintenant et JCall, Paul Ouzi MEYERSON s’entretient avec Ilan ROZENKIER des résultats et des enseignements du scrutin du 1er novembre qui marque un tournant dans l’histoire politique d’Israël.

Ilan ROZENKIER, sociologue, est président des « Amis de la Paix Maintenant » et membre du bureau européen de JCall. 


 

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Voilà, le suspens est terminé, nous savons qu’il y aura une alternance au Parlement Israélien. Le Likoud de Benyamin Netanyahou sort victorieux de ces élections puisqu’il est le premier parti avec 32 sièges de députés, il formera le cœur du nouveau bloc de droite nationaliste et religieuse qui récolte 64 sièges alors qu’il en faut 61 pour avoir la majorité à la Knesset. Dans ces conditions, Netanyahou sera le prochain Premier Ministre d’Israël. On attend de connaître la composition de son gouvernement qui remplacera celui de Yaïr Lapid mais les nuages s’amoncellent.

Outre ces résultats, plusieurs faits sont à noter. D’abord, les « sionistes religieux » prennent la troisième place avec 14 sièges. Ensuite, le Meretz, parti de gauche historique d’Israël, héritier du Mapam, n’aura aucun représentant à la Knesset. Enfin, les partis arabes connaissent un recul important avec 10 députés au lieu de 15 dans le précédent Parlement.

Dans ses propos, Ilan Rozenkier insiste sur l’insulte que le parti sioniste religieux représente tant à l’égard du sionisme que du monde religieux. Ce dernier est plus composite, divers, ouvert, moins étriqué que ce que ce parti donne à penser. Son sionisme quant à lui est en rupture avec celui des fondateurs du pays. Il rappelle les multiples provocations de Ben Gvir, s’agissant des Arabes, de la Cour suprême, de la remise en cause du statut quo sur le Mont du Temple. Il s’agit moins pour lui de de raisons religieuses, sachant que le rabbinat interdit de s’y rendre, que de la volonté d’affirmer la possession et la domination juive sur cet emplacement.

Ilan Rozenkier note qu’Israël s’est toujours défini et voulu État juif et démocratique. « Et » et non pas « ou ». Cette situation a toujours été source de tension, d’équilibre instable. La nouvelle coalition n’entend pas préserver cet équilibre mais bien faire pencher la balance dans un sens bien précis. Il est possible que, dans un autre contexte, Netanyahou aurait pu préserver certains aspects mais il est, compte tenu des procédures judiciaires à son encontre, en position de faiblesse par rapport à ses extrêmes. Ce sont eux qui sont le plus à même de dicter leur loi même si le peuple ne leur a pas donné un blanc-seing : moins de 40 000 suffrages séparent les deux blocs. La minorité, près de la moitié du corps électoral, est donc légitime dans sa volonté de ne pas laisser faire n’importe quoi. La mobilisation sur le terrain se poursuit et tous ceux attachés à un Israël démocratique la soutiendront.