Jerusalem Post, 17 juillet 2005

Trad. Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Bien que l’Autorité palestinienne (AP) et le Hamas aient semblé proches d’un accord samedi soir , accord pour mettre fin aux heurts sanglants entre leurs partisans, un certain nombre de Palestiniens pensent que les événements de ce week-end dans la bande de Gaza sont le signe d’une « mini-intifada » contre l’AP.

Au cours de scènes qui rappellent les confrontations avec Tsahal, des centaines de civils sont descendus vendredi matin dans la rue dans les quartiers de Sabra et de Zeitoun pour affronter les policiers palestiniens à la recherche de miliciens du Hamas. Ces deux quartiers sont connus pour être des bastions du Hamas, où les forces de sécurité palestiniennes hésitent souvent à opérer.

Les scènes qui montrent des enfants grimpés sur des véhicules de police en feu ou se frayant un chemin parmi les débris d’un commissariat à moitié détruit semblent provenir directement de reportages d’Al-Jazira depuis Bagdad ou Falouja.

Ce qui est clair, à partir des informations en provenance de Gaza, c’est que le Hamas n’est pas seul à affronter l’AP. Des hommes armés appartenant à d’autres milices, dont certains activistes débandés du Fatah, semblent avoir participé aux batailles de rues contre la police de l’AP.

Autre signe d’un mécontentement croissant à l’égard de l’AP, au moins douze groupes ont ajouté leur voix à un tract du Hamas qui exige la démission du ministre de l’Intérieur palestinien Nasser Youssef, l’homme derrière la politique du gant de fer contre les responsables des tirs de roquettes sur Israël.

Des journalistes palestiniens à Gaza ont noté que de nombreux policiers impliqués dans les heurts portaient un masque sur le visage, signe soit qu’ils craignaient des actes de vengeance, soit qu’ils avaient honte de ce qu’ils faisaient. Certains responsables et officiers de la sécurité palestinienne auraient défié Nasser Youssef en refusant de participer à la chasse aux militants du Hamas.

La tension entre le Hamas et l’AP croît depuis les succès du mouvement islamiste aux dernières élections municipales. Miné par la corruption et les dissensions, le Fatah, parti de Mahmoud Abbas, n’a pas encore surmonté ces victoires du Hamas. Récemment, des militants du Fatah ont couvert de peinture noire les murs de mairies de la bande de Gaza contrôlées par le Hamas, ce qui répondait au même acte de partisans du Hamas, mais avec de la peinture verte (le vert est le symbole du Hamas).

Ni le Hamas ni Mahmoud Abbas n’ont intérêt à une confrontation totale dans la bande de Gaza, où le mouvement islamiste jouit d’un très large soutien populaire. Le Hamas ne veut pas être tenu pour responsable d’avoir déclenché une « guerre civile, et Mahmoud Abbas n’a pas envie d’être perçu comme celui qui accomplit le « sale boulot » à la place d’Israël et des Etats-Unis.

Six mois après son élection, Abbas n’a pas vraiment tenu ses promesses. Les sondages montrent que la plupart des Palestiniens sont plus mécontents que jamais sous la nouvelle administration, en particulier par rapport à l’état d’anarchie qui s’est installé dans les zones contrôlées par l’AP.

Paradoxalement, il est possible qu’une opération militaire israélienne dans la bande de Gaza fournisse à Mahmoud Abbas une sorte de répit et rallie sous son leadership une majorité de Palestiniens, y compris les partisans du Hamas.