Yediot Aharonot, 21 novembre 2007

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Lorsqu’on aborde les questions qui sont au cœur du conflit israélo-palestinien, la distance qui sépare les deux parties est encore grande. C’est la raison pour laquelle la conférence d’Annapolis ne sera pas beaucoup plus qu’un événement festif, au mieux accompagné d’une déclaration d’espoir en l’avenir. Dans une large mesure, les deux côtés sont pris en otages par leurs extrémistes respectifs, et ces éléments radicaux ne laisseront pas les négociations aboutir à des concessions réelles.

Pourtant, malgré ce qui précède, il faut tout d’abord garder en mémoire que jamais, depuis les cent années que durent cette furie et ces souffrances, les positions entre les négociateurs n’ont été aussi proches.

Les deux parties acceptent la solution de deux Etats, et toutes deux reconnaissent que la frontière sera proche de celle de 1967. Les deux parties reconnaissent aussi leur devoir de régler, par la négociation, les questions de Jérusalem, des colons, des réfugiés, des frontières et de l’eau. Elles savent aussi, même si elle ne l’ont pas dit, qu’au bout du compte, un accord de paix ressemblera furieusement au modèle des paramètres Clinton, de Taba et de Genève. Et elles savent encore toutes deux qu’en cas d’échec des négociations, arrivera le tour des extrémistes.

Car, des deux côtés, les extrémistes n’attendent qu’une chose : que les négociations échouent. Ils prient pour qu’on en arrive à une impasse. Le temps ne joue ni en faveur des Israéliens, ni en faveur des Palestiniens. Il joue surtout en faveur des extrémistes.

La tâche principale revient au gouvernement israélien et à l’opinion publique israélienne, car Israël occupe les territoires palestiniens et non le contraire. Et, si Olmert choisit, ou est forcé de choisir, d’offrir à ses partenaires de droite dans sa coalition le droit de stopper tout le processus, le résultat pourrait être l’arrivée au pouvoir de Netanyahou, dans un délai très court.

De plus et en retour, les extrémistes vaincront eux aussi les modérés du côté palestinien, et au lieu de Mahmoud Abbas, nous serons confrontés à un front belliqueux aux ordres de l’Iran.

Le patient est presque prêt pour l’opération

La stature d’homme d’Etat d’Olmert se mesurera, non pas seulement à l’aune de sa capacité à manœuvrer entre ses partenaires de la coalition, Avigdor Lieberman et Eli Yishai, mais bien plus à la détermination qu’il mettra à mener un changement historique.

La droite israélienne prétend que Mahmoud Abbas est trop affaibli, et que par conséquent, faire la paix avec lui ne vaut pas la peine. La même droite affirmait il n’y a pas si longtemps qu’Arafat était trop dangereux, et que par conséquent, il ne fallait pas faire la paix avec lui non plus. Mais en réalité, il y a un lien direct entre le déclin ou la montée du statut d’Abbas et ce que la voie modérée qu’il a choisie sera capable d’obtenir en négociant avec Israël. Abbas ne sera faible que tant que nous ne lui donnerons aucun résultat substantiel qu’il puisse revendiquer.

Qu’arrivera-t-il si les négociations actuelles échouent ? Cela peut être le constat de décès de la solution de deux Etats, et nous devrions alors choisir entre deux désastres historiques : un seul Etat (avec une quasi majorité arabe) entre la Méditerranée et le Jourdain, ou un régime israélien d’apartheid qui continuera d’opprimer les Palestiniens par la force, alors que les Palestiniens continueront à résister violemment.

Nous devons aller à Annapolis, et avancer à la suite d’Annapolis, en sachant que les deux peuples savent déjà plus ou moins à quoi ressemblera un accord définitif : une Palestine dans les frontières de 1967, à côté d’Israël, avec des modifications mineures de frontières sur un principe de réciprocité, sans retour des réfugiés palestiniens en Israël, et avec deux capitales à Jérusalem.

Tout le monde sait cela, même les opposants des deux côtés. Le patient, à la fois israélien et palestinien, est prêt pour l’opération. Les médecins auront-ils assez de courage ?