Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Mohammed Dahlan, chef des services palestiniens de la sécurité préventive à
Gaza, va probablement être nommé vice-ministre de l’interieur dans le nouveau gouvernement palestinien. De par ses fonctions, il aura la responsabilité de tous les services de sécurité palestiniens. Mais comme Yasser Arafat conservera pour lui-même le portefeuille de l’intérieur, il sera l’autorité suprême en matière de sécurité.

Neanloins, Dahlan, actuellement à Ramallah, a dementi hier les rapports faisant état d’une visite à Washington, et déclaré qu’il ne cherchait pas à obtenir le poste de chef de la sécurité, mais qu’il accepterait tout poste que lui offrirait Arafat.

La direction palestinienne est actuellement en pleine discussion sur la réforme de l’Autorité palestinienne, et la composition du nouveau gouvernement. L’affaire la plus urgente est la nouvelle structure des services de sécurité, et le cabinet d’Arafat est en train de travailler à un projet qui doit être présenté la semaine prochaine à George Tenet, chef de la CIA, lors de sa visite dans la région.

Au debut de cette semaine, le quotidien Al-Ayyam a publié les principaux points de cette nouvelle structure, qui impliquerait la fusion des multiples services existants en quatre branches : la sécurite intérieure (comparable au Shin Bet israélien), la sécurité exterieure (comparable au Mossad), la police, et la sécurité nationale (essentiellement les unités de l’armée).

Arafat aimerait également conserver intacte sa garde présidentielle, la Force 17, mais ce désir rencontre une forte opposition aussi bien au sein de la direction palestinienne que chez les conseillers américains et européens, qui contribuent à mettre sur pied cette nouvelle structure. Les quatre forces répondront devant le Conseil National de Sécurité.

Selon certaines sources palestiniennes, Dahlan aimerait nommer son adjoint,
Rashid Abou Shubak, à la tête des forces de sécurité intérieure. Toufiq Tirawi, actuellement chef des services généraux de renseignement, est le candidat le mieux placé pour prendre la direction des services de la sécurité extérieure. Les milieux militaires israéliens accusent Abou Shabak et Toufiq Tirawi d’être impliqués dans des attentats terroristes.

Si ces nominations prennent effet, cela signifiera la mise à l’écart de chefs militaires de premier plan, à commencer par Djibril Radjoub, qui cesserait de diriger les services de la sécurité préventive en Cisjordanie. Mais les hauts fonctionnaires palestiniens sont convaincus qu’Arafat trouvera un autre poste pour Radjoub, très probablement un grand ministère dans le nouveau cabinet. La nomination de Tirawi signifierait également le renvoi de fait de Amin al-Hindi, dont il est pour l’instant le subordonné.

La vraie question concernant la nouvelle structure de la sécurité palestinienne est de savoir si Dahlan sera capable d’imposer son autorité aux nombreuses unités existantes. La réponse à cette question dépendra en grande partie d’Arafat, qui est capable de déclarer jour et nuit que Dahlan est le responsable, tout en contournant son autorité dans les faits, et en donnant des ordres contradictoires aux chefs des différents services.

De telles pratiques ont constitué le secret de la survie d’Arafat pendant des anneés, et pratiquement personne au sein de la direction palestinienne ne croit qu’il changera brusquement ses habitudes. Comme l’a dit hier un journaliste de Jérusalem-Est, paraphrasant une expression palestinienne bien connue, « Arafat donne toujours une voiture à quatre conducteurs, et demande à chacun de tenir le volant et de conduire dans quatre directions différentes ».