Tel semblerait être l’objectif d’un nouveau projet de loi visant à limiter l’accès à la cour Suprême et qui, de ce fait, pourrait restreindre la capacité des associations “de gauche” de faire appel contre l’État et l’armée israélienne au nom des Palestiniens en Cisjordanie.

Le procureur général lui-même, Avichai Mandelblit, qui n’est pas, loin s’en faut, un gauchiste irresponsable a déclaré la semaine dernière que ce projet de loi « portera atteinte à la Cour suprême et à l’état de droit, notamment dans des affaires complexes et [celles impliquant] les populations les plus faibles ».

Plusieurs annonces ont été faites récemment qui seraient susceptibles de se traduire par un développement important des colonies et induiraient donc de nouvelles expropriations. Ce projet entraverait la capacité de défense des Palestiniens, en cohérence avec la réaffirmation de la volonté d’expansion des implantations. Livrés à eux-mêmes face aux autorités, les Bédouins de la région de Hébron et autres paysans démunis ont tous besoin d’un support juridique que seules les ONG sont à même de leur fournir. Qui d’autre le ferait ? Sans doute pas les autorités : on les voit mal défaire d’une main ce que l’autre fait !

Ce projet s’inscrit également dans une offensive généralisée contre les ONG qualifiées “de gauche” – qualificatif incluant, certes, celles qui ont un agenda politique ; mais aussi toutes celles se situant sur le seul plan de la défense des droits humains – que le gouvernement de droite extrême souhaite délégitimer d’une part, affaiblir quant à leur capacité d’action d’autre part. On assiste ainsi à une double offensive, le gouvernement faisant d’une pierre deux coups. C’est sans doute bien “joué” de sa part, mais il n’est pas sûr qu’il parvienne à ses fins.

La société israélienne, dans sa composante civile et juridique, dispose d’une capacité de résistance qui, bien qu’émoussée, demeure encore vivace.

Photo : Le juge Salim Joubran qui vient d’être nommé vice-président de la Cour Suprême ; il est également à la tête de la commission électorale à la Knesseth. Le 16/12/2014 (Crédit : Isaac Harari / Flash90) [DR]