Ha’aretz, 8 juillet 2007

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Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Il y a 15 jours, au sommet de Sharm el-Sheikh, Ehoud Olmert avait annoncé qu’il « n’avait aucune intention de repousser les négociations sur la création d’un Etat palestinien. » Quelques jours plus tard, « des sources politiques à Jérusalem » promettaient qu’Olmert « entend dans les prochains mois évacuer les colonies illégales en Cisjordanie. » Ces dernières années, pareilles déclarations ont été complaisamment diffusées par des représentants du gouvernement. Mais une courte visite sur les routes de Cisjordanie montre que les paroles sont une chose et que les actes en sont une autre : alors que le gouvernement parle d’un « horizon politique » sous la forme de deux Etats, les actes du gouvernement sur le terrain repoussent toujours plus loin ce même horizon.

Un nouveau rapport réalisé par Shalom Akhshav (La Paix Maintenant), dont Ha’aretz a publié les détails vendredi dernier [Voir « Une annexion rampante, discrète mais méthodique » : [ ]], révèle que les limites juridictionnelles de 92 colonies, avant-postes et zones industrielles de Cisjordanie sur 164 ont été étendues ou redessinées après les accords d’Oslo. Ce rapport, qui se fonde sur des chiffres fournis par l’Administration civile, révèle en outre que 9% seulement de la superficie totale dépendant des colonies a été bâtie, et 12% de plus ont un usage quelconque. De plus, malgré les immenses superficies dont elles disposent, 90% des colonies ont débordé de leur juridiction pour environ 1/3 de leur superficie, pour la plus grande part sur des terres palestiniennes privées.

Des délibérations de la Haute Cour de Justice ces dernières années, il ressort que la clôture de séparation, qui était conçue pour servir un objectif de sécurité, est aussi exploitée pour permettre le développement de colonies aux dépens des Palestiniens. Amir Peretz, ancien ministre de la défense, n’a pas tenu sa promesse de réexaminer le tracé de la clôture et de la modifier sur tout site où il se révélerait qu’elle empiète sur une terre palestinienne. Le rapport Sasson de mars 2005 sur les colonies illégales, qui recommandait des mesures contre la construction à tout-va dans les territoires, dort dans un placard.

Au mieux, c’est par négligence que le gouvernement n’empêche pas le vol de terres en Cisjordanie, par incompréhension de ce scandale et de ses répercussions sur les chances de mettre en oeuvre une solution à deux Etats. Au pire, il applique une politique délibérée, dont le but est de réduire l’espace vital de la population palestinienne dans la zone C (sous contrôle israélien), de transférer les réserves de terres à des citoyens israéliens et d’empêcher la création d’un Etat palestinien indépendant et viable. Quoi qu’il en soit, ce grave phénomène constitue une violation flagrante des engagements pris par Israël dans le cadre des accords d’Oslo : ne prendre aucune mesure unilatérale susceptible de modifier la situation jusqu’à la fin des négociations sur un statut définitif des territoires.

La formation d’un nouveau gouvernement palestinien, engagé à respecter tous les accords précédents, y compris la Feuille de route, exige du gouvernement Olmert qu’il réexamine sa politique, et pas seulement concernant le paiement des produits fiscaux dus à l’Autorité palestinienne et le démantèlement de certains check points. Pour donner une crédibilité à son exigence de voir le côté palestinien honorer ses engagements, même au prix d’une exacerbation de son conflit avec ses opposants de l’intérieur, Israël doit de son côté démontrer que les « concessions douloureuses » ne sont pas une formule vide de sens. Quiconque a peur de démanteler des colonies illégales et développe les colonies ne doit pas être étonné si ses effets d’annonce ne produisent pas les changements escomptés.