Ne nous le cachons pas. Malgré ce qui devrait être ambiance festive en cette période de l’année où se succèdent deux célébrations mettant en exergue lumières et joies, Hanouka et Noël, le cœur n’y est pas. Nous parlons bien entendu du niveau macro. Il peut en être différemment au plan individuel, nous l’espérons et nous vous le souhaitons. Mais comment faire l’impasse sur Sydney et sur la haine du Juif qui se propage de par le monde, souvent masquée -pas toujours- par la haine d’Israël, elle-même masquée -pas toujours- par l’opposition (ô combien légitime et nécessaire) à la politique destructrice du gouvernement Netanyahu.

Destructrice à l’égard des Palestiniens, sans rien pardonner du 7 octobre, sans rien oublier de leur responsabilité ni de leurs erreurs.

Destructrice à l’égard d’Israël, de son essence, de son devenir. La coalition poursuit systématiquement son offensive législative en vue de déliter le caractère démocratique de l’État et de faire sauter ou d’affaiblir considérablement toutes les instances visant à maintenir un équilibre des pouvoirs. Elle vient encore tout récemment de faire progresser une série de propositions de lois obscurantistes. Certaines, sous couvert de « Réalisation de l’identité juive dans la sphère publique juive » accroissent le pouvoir des orthodoxes. D’autres touchent à l’indépendance de la justice, aux nominations aux postes de direction dans les entreprises publiques. Actuellement, les candidats doivent prouver l’absence de lien personnel, économique ou politique avec les ministres. Le projet de loi supprimerait cette exigence, ouvrant la voie à la nomination de militants politiques à des postes de directeurs généraux ou de membres de conseils d’administration. Accointance politique, copinerie et coquinerie plutôt que compétence et indépendance !

Enfin, cerise sur le gâteau, ce projet de loi en date du 18 décembre se rapportant à l’équipe ministérielle chargée de définir le mandat de la commission d’enquête (qui attend d’être instituée) sur l’attaque du Hamas du 7 octobre. Selon les termes de ce projet de loi, c’est Netanyahu qui présiderait cette équipe qui déterminera le mandat et les paramètres de ladite commission d’enquête. On comprend la réaction de Yaïr Golan : « L’homme responsable de la plus grande catastrophe de notre histoire ne cherche pas de réponses, il cherche un alibi… La commission n’enquêtera pas sur les échecs, elle enquêtera sur la manière de rejeter la responsabilité sur l’armée, sur le mouvement de protestation, voire sur les membres des kibboutzim [qui ont été attaqués]. Le mandat est clair : blanchir le dirigeant et s’accrocher au pouvoir par la force. »

Nous aurons l’occasion de revenir plus en détail sur ces différentes régressions démocratiques qui, couplées avec l’expansion de l’occupation et l’explosion des actes de violence de la part des colons qui inquiètent jusqu’au plus haut sommet de la hiérarchie sécuritaire pourtant peu suspecte d’empathie immodérée à l’égard des Palestiniens, entachent profondément l’image d’Israël à l’international et fragilisent la situation des Juifs en diaspora.

Eva Illouz a sans doute raison quand elle écrit dans Le Monde du 18 décembre « …Pour la première fois, les Juifs sont sans rêve d’un ailleurs clément, transformant l’ancienne malédiction antisémite du Juif errant en réalité... ». Face à cet « antisémitisme global » qui « fait du monde entier un lieu où les Juifs ne sont pas les bienvenus« , pas plus que face à un gouvernement qui dénature le sionisme et Israël en tant qu’État juif et démocratique, nous n’avons d’autre choix que de ne pas renoncer à notre combat ici et à notre soutien là-bas à ceux qui, sur le terrain, font tout ce qu’ils peuvent pour que « ça aille mieux« … demain ou plus tard !