Editorial de Haaretz, 7 mai 2025, (Le titre original est Israel Will Pay a Heavy Price if It Continues Its Campaign of Death in Gaza. Nous avons repris la dernière phrase de l’article)
Traduction : Dory, groupe WhatsApp « Je suis Israël »
Photo : Des gens recherchent des survivants après la frappe israélienne sur une école de l’UNWRA abritant des Palestiniens déplacés au camp de Bureij au centre de Gaza, le 6 mai 2025. ©: Eyad Baba/AFP
Mis en ligne le 10 mai 2025
La décision prise cette semaine par le cabinet de sécurité d’intensifier les combats dans la bande de Gaza est claire : une décision consciente d’abandonner les otages, d’aggraver le désastre humanitaire qu’Israël a fait subir à deux millions de civils sans protection, dans le faux espoir de les « relocaliser » – autrement dit, un transfert de population criminel – et de faire disparaître le conflit israélo-palestinien de la surface de la terre.
Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou a perdu le contrôle et entraîne un pays tout entier dans la ruine. Il n’y aura pas de « défaite », si ce n’est une auto-défaite. Pas de libération des otages, mais leur mort lente et douloureuse, seuls dans les tunnels, par la faim. De hauts responsables de la défense ont clairement fait savoir aux membres du cabinet de sécurité que les terroristes qui retiennent les otages pourraient très bien fuir les zones de combat et les abandonner dans les tunnels, sans eau ni nourriture, pour qu’ils meurent de faim. Le gouvernement israélien le sait et a néanmoins choisi cette voie. Même les familles des otages, dont les craintes transparaissent dans chaque lettre, manifestation et interview, sont incapables de percer le mur de cynisme et d’intérêts personnels des ministres.
Un siège total est imposé à la bande de Gaza depuis deux mois, entraînant la mort d’enfants par malnutrition. Le cabinet de sécurité veut aggraver la situation. Selon son plan, l’ensemble de la population civile sera évacuée vers la route de Morag et refoulée dans une zone couvrant moins d’un quart de la bande, où les Gazaouis devront aussi faire face à la faim, à la maladie et au manque d’aide.
Tout cela pour quoi ? La survie politique d’un gouvernement déconnecté de la réalité qui a fait de la guerre un moyen de préserver la coalition gouvernementale. Netanyahou, qui n’a cédé que sous la pression directe du président américain Donald Trump, continue de suivre le mouvement des fanatiques d’Otzma Yehudit (Puissance juive) et du Sionisme religieux, qui prônent les illusions d’un transfert de population, de colonies et d’un gouvernement militaire. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, l’a déclaré explicitement : « Nous conquérons pour rester. Il n’y a plus d’entrées et de sorties.» Si Trump ne décide pas d’intervenir et de proposer un accord lors de sa visite dans les États du Golfe la semaine prochaine, et qu’Israël met ses plans à exécution à Gaza, le prix à payer sera lourd.
En plus des otages qui mourront sans aucun doute, d’autres soldats tomberont, d’autres familles s’effondreront sous le poids de l’opération (l’extension de l’opération nécessitera un large appel à plusieurs divisions de réserve) et des milliers de civils gazaouis supplémentaires, dont des femmes et des enfants, seront tués. Ceci, conjugué à l’effondrement de la légitimité internationale d’Israël, déjà au plus bas.
Israël doit agir exactement à l’inverse: acheminer immédiatement une aide humanitaire massive dans la bande de Gaza afin de mettre fin à la famine, de mettre fin aux massacres de civils et de mettre un terme à cette guerre désespérée. Israël doit promouvoir sérieusement un accord global prévoyant le retrait de Tsahal de la bande de Gaza en échange de la libération des otages.
Nous ne devons pas permettre que cette campagne de mort et de destruction se poursuive.