Lancée en 2002, juste avant la chute du gouvernement Olmert, l’initiative de paix arabe est restée depuis sans réponse israélienne positive, écrit ici l’ex. député Meretz Nitzan Horowitz qui milite ardemment à la Knesseth pour que cette occasion soit enfin saisie.

Ses retombées, en effet, ne sauraient qu’être bénéfiques pour Israël, tant en termes sécuritaires qu’économiques – mais cela suppose une condition, la reprise d’un dialogue sincère avec les Palestiniens et in fine l’établissement d’un État palestinien au-dela de la ligne verte. Rien d’étonnant à ce qu’un gouvernement manipulé par une extrême-droite annexionniste l’ensevelisse sous une chape de silence.

Pourtant, conclut l’auteur, rien n’est perdu – la conjoncture internationale est même plus favorable que jamais à ce que les choses bougent.


Traduction & chapô : Tal Aronzon pour LPM

Texte original hébreu publié dans Liberal Magazine
Traduction en anglais dans The Jerusalem Post, le 26 avril 2017


L´ARTICLE DE NITZAN HOROWITZ

C’est un anniversaire, l’anniversaire de l’initiative de paix la plus importante jamais avancée dans la région. Mais aucunes réjouissances à l’horizon, pas même une petite fête de famille. Quinze années durant, cette initiative est restée sur la table, claire, tentante, porteuse d’un potentiel illimité. Mais, pour l’instant, elle concourt pour le titre de plus grande occasion de paix manquée depuis la fondation de l’État d’Israël. Hormis une courte période à l’ère Olmert-Livni, les dirigeants du pays ne s’en sont pas vraiment occupés. La plupart des Israéliens n’en n’ont pas même connaissance.

L’Initiative de paix arabe – ou “Initiative régionale” – fut adoptée par la Ligue arabe en 2002. Il s’agissait d’en finir avec le conflit israélo-arabe et d’établir des relations normales entre Israël et le monde arabe. L’Organisation de coopération islamique (OIC), c’est-à-dire un ensemble de pays musulmans, dont certains puissants et dynamiques comme le Pakistan et l’Indonésie, entérina l’Initiative. Seul l’Iran s’oppose à l’initiative – ce qui indique la profondeur des intérêts communs entre Israël et de nombreux États arabes et pays musulmans.

La condition de relations normales avec tous ces pays est l’établissement d’un État palestinien le long des frontières [antérieures au 6 juin] 1967. Notons que le libellé originel de l’Initiative fait également référence à la question des réfugiés et au retrait d’Israël de tous les territoires en litige, y compris les hauteurs du Golan. Ces points suscitent l’opposition de la majeure partie des acteurs politiques israéliens. Toutefois, la Ligue arabe annonça il y a huit ans que l’Initiative n’inclut pas le droit au retour des réfugiés palestiniens ; Quant aux hauteurs du Golan, elles ne sont plus au programme depuis des années du fait de la guerre civile en Syrie. Donc, seule une question reste sur la table : les Palestiniens.

Il est difficile de trouver ne fût-ce qu’un membre de la Knesseth s’élèvant contre la notion de “paix régionale”. Même les députés adeptes de la ligne la plus dure du Likoud ou de HaBayit haYehudi évoquent les immenses avantages, en termes sécuritaires et économiques, dont Israël bénéficierait en voyant s’ouvrir à lui l’ensemble du Moyen-Orient et du monde musulman. Mais ils considèrent l’Initiative comme le moyen de contourner la question des Palestiniens. Plutôt que débattre avec ces derniers de territoires et d’implantations, ils aspirent à une “paix économique” avec les États arabes. Benyamin Nétanyahou joue un rôle majeur dans la promotion de cette approche. Il n’y a qu’un problème : aucun acteur arabe n’y a jamais consenti.

L’approche de la question régionale par Nétanyahou est erronée : il joue cette carte en une tentative de faire s’évanouir toute chance de progrès avec les Palestiniens et pour assurer sa propre survie politique. À cette fin, trompant le député Isaac Herzog, il lui fit miroiter en échange de son entrée dans son gouvernement la possibilité de faire bouger la région. Nétanyahou a réussi à mettre le processus de paix au congélateur. Malheureusement, l’initiative arabe et tous ses bénéfices potentiels pour Israël ont gelé avec.

Quoi qu’il en soit cette initiative reste, même aujourd’hui, la plus pertinente de toutes celles qui furent débattues. Elle n’est pas morte. Au contraire. À la lumière de développements majeurs au Moyen-Orient, les perspectives de la voir se réaliser sont même devenues plus hautes. Le “prix” à acquitter par Israël pour cela n’a pas changé : un État palestinien dans les territoires au-delà de la ligne verte. C’est l’aspect crucial du conflit, et il n’est rien que Nétanyahou et Naftali Bennett puissent faire pour le changer.

Cela dit, à la différence du passé, il y a aujourd’hui une volonté arabe d’avancer vers la mise en œuvre de l’Initiative de paix parallèlement aux négociations israélo-palestiniennes, et pas seulement après leur réussite totale. C’est une différence notable par rapport à ce qui fut révélé en mars 1917 lors de la conférence organisée par Mitvim et l’Institut de relations internationales Leonard Davis de l’Université hébraïque de Jérusalem. Tout ce qu’il faut à l’heure actuelle pour améliorer de façon significative les liens d’Israël avec ses voisins arabes est de redémarrer un authentique processus de paix avec les Palestiniens.

Au faîte du quatrième mandat de Nétanyahou, il est clair qu’en ce qui le concerne il n’y aura jamais le moindre progrès avec ces derniers. Mais peut-être n’est-il pas seul à en décider. La subite motivation du président Donald Trump à promouvoir la paix, son désir de mettre en exergue l’art de la diplomatie entre Israéliens et Palestiniens, et le poids écrasant de la botte de Vladimir Poutine en Syrie – au cœur du Moyen-Orient – pourraient traîner Nétanyahou malgré lui à la table des négociations régionales.