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Haaretz, 27 juin 2004

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


L’opinion publique israélienne est devenue sourde aux souffrances des Palestiniens, parce qu’une équation nette et claire est née en Israël : Ils souffrent – mais nous n’explosons pas.

Pendant longtemps, Abou Mazen et d’autres dirigeants palestiniens très importants ont averti le public en Cisjordanie et a Gaza : les attentats suicides causent d’immenses torts a la cause palestinienne. Tous ont souligné que du point de vue israélien, le front du conflit s’est deplacé vers les bus, les restaurants, les centres commerciaux et les endroits où des millions de gens mènent leur vie quotidienne. Abou Mazen et ceux qui
partagent ses idées ont compris que les images quotidiennes des horreurs, des morts et des destructions causées par les attentats suicides conduisaient l’opinion publique israélienne (et mondiale dans une certaine mesure) à perdre toute sympathie pour la cause nationale palestinienne. Le public palestinien n’en a pas tenu compte. Les sondages dans les territoires ont montré un soutien substantiel aux attentats suicides. Et les porte-parole du Hamas et des autres organisations terroristes ont porté aux
nues ceux qui se faisaient exploser dans les villes israéliennes, comme étant « la bombe nucléaire du pauvre et de l’opprimé » à laquelle Israël n’avait pas de réponse.

Aujourd’hui, il apparaît que les sombres prédictions de ces dirigeants palestiniens se sont réalisées Chaque jour, des dizaines d’opérations israéliennes sont effectuées dans les territoires, causant de gros dommages et infligeant de la souffrance aux habitants, mais bien peu (en Israël) réagissent. Ce dernier week-end, par exemple, cinq jeunes Palestiniens ont été tués à Naplouse, deux autres à Beit Lahiya et à Jabalya au nord de la bande de Gaza, un autre est mort de ses blessures à Rafah, tous désignés
comme « chefs militaires » ou « hommes en armes ».

Des maisons ont été détruites ou endommagées lors d’incursions à Naplouse et à Rafah. On a fait sauter une maison à Bethléem. Des oliviers ont été déracinés et des terres arables détruites dans les villages de Zawiya et de Dir Balout, en Cisjordanie, et à Beit Hanoun au nord de Gaza. Des hommes, des femmes et des enfants ont été blessés lors d’incursions de l’armée à Hebron, Ramallah, et dans plusieurs villages de Cisjordanie. Il continue à y avoir des histoires d’humiliations et d’exactions sur les
routes, aux checkpointe et près des colonies, quelquefois en nombre croissant. On continue à pourchasser les résidents en situation illégale de Jérusalem Est, bien que pour la plupart de ces résidents illégaux, il ne s’agit que de pauvres gens des quartiers ou villages jouxtant Jérusalem, dont la vie dépend des emplois ou des études qu’ils trouvent dans la ville arabe.

Il n’y a que le journalistes palestiniens pour rapporter ces faits, et les médias arabes à l’étranger, à un ryhme décroissant. L’opinion israélienne ne s’y intéresse quasiment pas, et la raison en est claire : il n’y a presque plus d’attentats, et il n’y a pas de preuve plus éclatante que tout ce que font les services de sécurité dans les territoires marche.

La clôture et le mur de séparation sont un bon exemple. Le tracé de la clôture au nord ouest de la Cisjordanie , et autour des colonies, a supprimé le gagne-pain de milliers de paysans arabes qui avient recommencé à cultiver leurs terres après avoir perdu leur emploi en Israël. Le mur à Jérusalem détruit le tissu social de centaines de milliers de Palestiniens des régions de Ramallah, Abou Dis et Bethléem. Mais l’opinion israélienne est devenue sourde aux souffrances des Palestiniens, parce qu’une équation nette et
claire est née en Israël : Ils souffrent – mais nous n’explosons pas. Ils perdront leur gagne-pain, et leurs enfants ne pourront plus aller à l’école ou chez le médecin, mais nous pourrons prendre le bus ou aller au supermarché en ayant moins peur.

Tout cela pourrait changer en un instant, mais pour le moment, le fait qu’Israël réussit à déjouer les attentats et l’amélioration apportée à sa sécurité par les punitions collectives contre la population palestinienne fortifient le règne de l’arbitraire et augmentent la violence israélienne dans les territoires.