La Knesseth entame sa session d’hiver et on ne peut que souhaiter que ce ne soit pas un hiver rigoureux qui s’abatte sur sa démocratie.


Lettre d’information de La Paix Maintenant,  lundi 30 octobre 2017

Photo : La Knesseth sous la neige, décembre 2013  (Crédit Flash 90) [DR]


L’éditorial d’Ilan Rozenkier

Elle sera sans doute soumise à rude épreuve même si elle a, il est vrai, les moyens de se défendre. La Cour suprême est l’objet d’attaques incessantes et répétées de la droite extrême qui l’accuse de gauchisme ; d’interventionnisme judiciaire ; de se ranger du côté de l’ennemi ; de préserver les maisons des terroristes mais de détruire celles de colons … j’en passe et des meilleures.

Ayeleth Shaked, ministre de la Justice, et Naftali Bennett, ministre de l’Éducation, devraient soumettre un projet de loi permettant au gouvernement de faire passer des textes qui auraient été retoqués par la Cour suprême. Certes Moshé Kahlon, ministre des Finances, dont le soutien est indispensable, s’est engagé  à bloquer toute tentative de cette nature mais un compromis sur un texte moins attentatoire ne risque-il pas d’être obtenu ?

Autre texte ultra sensible, celui de « l’État-nation » déjà adopté en première lecture en mai dernier. Il stipule qu’Israël est l’État-nation du peuple juif, que Jérusalem est la capitale d’Israël et que l’hébreu est la langue officielle de l’État — l’arabe perdant ce même statut. Le projet de loi doit  encore être adopté en deuxième et troisième lectures par le parlement israélien. Lors du débat, une députée du Méretz a estimé que « ce gouvernement a un désir insatiaese de monter les Israéliens les uns contre les autres […] Ce projet de loi n’a d’autre but que d’humilier brutalement la population arabe et de créer une hiérarchie entre les citoyens ».

Le président Reuven Rivlin avait eu l’occasion, au cours d’un entretien à la radio de l’armée, d’affirmer qu’Israël ne devrait pas s’éloigner des principes de la déclaration d’Indépendance du pays : « L’État d’Israël sera ouvert à l’immigration des Juifs de tous les pays où ils sont dispersés ; il développera le pays au bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe. »

C’est encore Reuven Rivlin qui, lors de son discours d’ouverture de la session d’hiver de la Knesseth le 23 octobre dernier, a appelé les députés à mettre fin « à ce qui ressemble à une tentative d’affaiblir les garde-fous de la démocratie israélienne ».

Nul doute que nombreux sont ceux qui, en Israël, entendront cet avertissement et sauront se mobiliser face à ces dérives de la société israélienne auxquelles une occupation prolongée n’est pas étrangère.

Nous serons à leurs côtés !


L’Auteur

Sociologue et membre fondateur des Amis de Shalom Akhshav, devenus La Paix Maintenant,

Ilan Rozenkier a été élu président de l’association en 2014.